
A n .
e. Ij. Hc.
IJ.
r. 17.
c.% 4-
c. *j.
F . » 6 .
H z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
enluite expier par des larmes. S’il prêche ceux au milieu
defquels il fc trouve , la vaine gloire l’attaque : s’il
garde le filence, il s’accule d’être inutile au prochain.
Mais quand il rentre dans fa cellule , tout ce qu’il a vû
& tout ce qu’il a oüi le prefente en foule à fon imagination
, principalement quand il veut s’appliquer à la
priere ; tk. plus il fait d'effort pour chaffer ces images
importunes, plus il en cil inquiété. Enfin le moine qui
fo r t , ne peut guere éviter de communiquer avec des
pecheurs excommuniez, ou dignes de l’être : ce qui eft
prefque le même. Car l’auteur tenoit pour excommuniez
, tous ceux qui avoient encouru l’excommunication
portée par les décrets des conciles anciens ou modernes.
Le moine qui fort ne peut entièrement éviter le
vice de propriété, fous prétexte des necelfitezdu voïa-
ge. Il veut aulfi-être plus proprement vêtu pour pa-
roître en public , & ne s’apperçoit pas qu’il fe rend pan
la plus meprifable aux feculiers. D ’autres au contraire
affeôtent de porter des habits extraordinairement pauvres
& difformes, pour attirer les yeux du peuple
& fe faire'montrer au doigt comme des prodiges de
mortification. Les vrais parfaits n’affe&ent rien , &
ne refufent pas des habits précieux fi l’occafion le demande.
Le relâchement le plus déplorable eft celui des her-
m ite s, dont quelques-uns me demeurent dans leurs
cellules qu’en carême, & fe promènent tout le refte
de l’année. L ’habitude de garder fa cellule la fait
trouver agréable , les courfes la rendent horrible. La
vie eremitique eft douce fi elle eft continuelle, mais
fi elle eft interrompue , c’eft un tourment. L’autorité
L i v r e s o i x a h t e - u n i e ’ mh . 113
d’un moine abfent eft grande ; mais elle s’évanoiîit
par fa prefence. Le monde écoutoit autrefois les prédications
des moines, aujourd’hui perfonne n’en eft
touchéi C ’eft inutilement qu’on donne des avis aux
princes &c aux papes : les évêques trouvent mauvais
que nous parlions dans les conciles contre leurs defor-
dres, je le fai par experience. Il ne refte aux moines
de bon parti, que de conferver le repos de leur foli-
tude.
Pierre Damien blâme' un hermite, qui étant forti
du monaftere peu après fa converfion, & avant que
d’être fuffifammcnt éprouvé, avoit choifi fa demeure
dans une grande ville, & lui dit : Ceux qui cherchent
la folitude dans des villes , comme fi on manquoit
de forê ts , donnent lieu de croire qu’ils ne défirent
pas la perfeèfion de la vie folitaire, mais la gloire qui
en revient. Là entouré du peuple qui vous eftime,vous
ne dites1 rien qui ne foit reçu comme un oracle ; & vous
ne vous mefurez pas fur le témoignage de vôtre confidence,
mais fur l’opinion de cette multitude qui vous
flate. Elle fê paie de la pâleur de vôtre vifage, & s’étonne
du feul nom de jeûne. Car c’eft un prodige dans
une ville de s’abftenir de vin , & dans le defert c’eft
une honte d’en boire. L’huile eft comptée dans le defert
pour de grandes délices, le peuple regarde comme
une grande abftinence de ne point manger de graiffe.
Aller nuds pieds eft la réglé du defert, dans la ville
c’eft une aufterité exceftive. La rareté rend ici merveilleux
ce qui n’eft ailleurs que la vie ordinaire des
hcrmites. ■
Dans un autre opufcule Pierre Damien combat
l’opinion d’un évêque, qui foutenoit que ceux qui
A n . 1071.
c. 19.
C. Jl.
Opufc. LI c. 3.
0 p ufx .XVI .