
■— — .4 5 ^ H i s t o i r e Ë c c l e s i a s t i q ju e .
A n . i o 8 j . communion de l’églife : afin que fi on ne peut les ôter
par un jugemen t, on les tolere plutôt : de peur que-ce-
lui qui évite mal à propos les méchans, ne forte lui-
même de l’églife , Sc n'aille en enfer devant ceux qu’il
veut fuir, il reproche a Hildebrand d’avoir excepté de
1 excommunication ceux qui communiqueroient aux
excommuniez au troifieme degré ; Sc iôûtient que le
baptême conféré par les excommuniez eft n u l, ce qui
eft une herefie.
Il dit enfuite qu’Hildebrand avoit appris la magie
s«^.hv. tix.n. Theophylaéte’, qUj f ut je ^ p e Benoifl; IX . & de
l’archiprêtrejean , qui fut Grégoire V I . & que ceux-
ci avoient été difciples de Gerbert autrement Silvef-
tre II. qui avoit infeéfcé Rome de fes maléfices. Il
marque toute la fuite des papes depuis Silveftre, fa-
'sup.tiv.iyn.n, voir Jean XVI I I . qui fut di t - on , empoifonné
par les fiens le cinquième mois : Jean X I X . qui
dura à peine un an, Sergius IV. qui tint le fiege trois
ans : Benoift VIII. laïque frere d’Alberic de Tufcu-
lum , qui mourut la onzième année : fon frere Jean
X X . Neophite qui dura neuf ans. A ces deux freres
fucceda leur neveu Theophylâéte , vingt - cinq ans
après la mort de fon maître Gerbert. Je rapporte cette
chronologie, parce qu’elle eft d’un auteur du tems ,
quoiqu’elle ne paroifte pas exa&e. Bennon ajoute :
Theophilade aïant ufurpé le faint fiege par violenc
e , prit pour fes principaux confidens Laurent compagnon
de fes études, qui fut archevêque d’Amalfi Sc
l’archiprêtre Jean Gratien. Dans le même tems H ildebrand
aïant quitté le monaftere , s’attacha à l’archiprêtre
& à l’archevêque Laurent ; Sc s’étant rendu leur
difciple, il devint leur parfait imitateur. Quand il
vouloit
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e’m e . 457
vo u lo it, il fecouoit fes manches , 8c en faifoit iortir
comme des étincelles de-Leu: par ces merveilles il
trompoit les fimples qui les prenoient pour des fignes
de fainteté. Il rapporte la fuite des papes depuis Grégoire
VI. jufques à Grégoire V il. 8c dit, q.u’il y en eut
lix d’emprifonnez en treize ans , par un ami d’Hilde-
brand nommé Gérard Brazut fils d’un Juif. Cesfixpa-
pes emprifonnez font Clement II. Damafell. LéonIX.
Victor II. Etienne X. Nicolas II. Il marque auffi la
durée de tous ces papes, il eft remarquable que Bennon
, entre tant de reproches contre Hildebrand, ne
fait aucune mention ae la comteffe Mathilde, Sc en
général n’attaque point la pureté de fes moeurs.
Après la mort de Grégoire VII. les évêques , les
cardinaux Sc les laïques qui lui éroient demeurez fidèles
, commencèrent à confulter fur les meilleurs
moïens de remplir dignement le faint fiege, pour s op-
pofer aux efforts des fchifmatiques. On fit venir de
tous côtez les perfonnes fur qui pouvoit tomber un
tel choix ; Sc parce que des trois que Grégoire avoit
nommez , il n’y avoit que le cardinal Didier abbé du
Mont - Calîîn qui fe trouvât prefent, les évêques Se
les cardinaux le prièrent inftamment de fe rendre à ce
choix, Sc de iubvenir au befoin preffant de l’églife. Il
répondit , qu’abfolument il n’accepteroit point le
pontificat, mais que d’ailleurs il rendroit à l’églife
Romaine tout le fervice dontil feroitcapable. Le jour
de laPentecôte huitiémede Juin 108j . l ’évêquede Sabine
5c Gratien venant de Rome , Didier alla au-devant
d’eux: Sc leur rapporta laconverfation qu’il avoit
eue avec le pape Grégoire touchant l’ordre que L’on
dévoie mettre aux affaires de l’églife. Il alla trouver
Tome XIII. M m m
A n.1085.
XXVII.
L’abbé Didier
élu pape.
Chr. CaJÏ. III.
c. 6$.