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An. 10S7. joie à leurs vaiffeaux, où il y eue concertation, favoir
dans lequel ils les mettroient, & ils convinrent que
ce feroitdans celui dont étoic Mathieu , mais Tes compagnons
promirent par ferment de ne point difpofer
du faint corps fans les autres. Ils l’envelopperent d’un
linge blanc , ôc le mirent dans une barique deftinée à
mettre de l’eau ou du vin. Cependant les habitans du
bourg de Myre , fitué à un mille de l’églife fur une
petite montagne, aïant appris l’enlevement des reliques;
accoururent promeement au bord de la mer ,
s'arrachant la barbe ôc les cheveux, & jettant des Cris
lamentables. Mais voïant les Italiens déjà en mer , ils
fe retirèrent lentement, retournant de tems en tems
vers eux leurs vifages, tantôt baignez de larmes, tantôt
allumez de fureur.
Les Italiens eurent trois jours le vent contraire &
n'avançaient qu’à force de rames : mais quand ceux
qui avoient détourné quelques particules des reliques
les eurent rendues, le vent leur devint favorable.
Ils achevèrent heureufement leur voïage , &
abordèrent au port de faint George à cinq milles de
Bari. Là ils tirèrent les reliques de la barique, & les
mirent dans une caifette de bois, qu’ils avoient préparée
pendant le voïage , & la couvrirent d’un drap par
deifus. Cependant ils envoïerent à B a r i, où cette
nouvelle répandit une joie extraordinaire. L’archevêque
Ourion étoit à T r a n i, où il devoir s’embarquer
le lendemain pour aller en pelerinage à Jerufa-
lem. On lui envoïa un courier avec des lettres,
pour lui apprendre le tréibr qu’avoit acquis Ion églife;
Il rompit fon vo ïa g e , & revint en diligence. Cependant
les voïageurs avoient remis les reliques à Elie
abbé
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e ’ m e , 4 8 3 — =--------- -
abbé du monaftere de faint Benoift , fi tué fur le port. A n. 1087.
Il les reçut le neuvième de M a i, & les y garda trois
jours. L ’archevêque étant arrivé , les transfera folem-
nellement à l’églife de faint Eftienne ; & pour les garder,
& recevoir les offrandes du peuple , on ne trouva
perfonne plus propre que l’abbé Elie.
Dès que l’on fut que les reliques de faint Nicolas
etoient arrivées à Bari, il y eut un concours prodigieux
de peuple de tous les bourgs & les villages du pais. On
y vint enfuite de toute l’Italie , puis du reftede 1 O ccident
, &c ce pelerinage devint un des plus fameux de la
Chrétienté. Auili dès le premier jour y eut-il plus de
trente perfonnes gueries de diverfes maladies:plufieurs
furent guéris, étant arrivez à une croix, d’où l’on com-
mençoit à découvrir la ville; &î il s’y fit un fi grand nombre
de miracles , qu’il étoit impoffible de les compter.
Ainfi letémoigne Jean archidiacre de Bari, qui écrivit
incontinent après l'hiftoire de cette tranflation, par l’ordre
de l’archevêque Ourion. On en fixa deflors la fête
au neuvième jour de Mai, comme toute l’églife Latine M»nyr.K.9,
l’obferve encore.
Hugues archevêque de L ion , un des trois que Gre- xxxni.
goire VII. avoit défignez pour lui fucceder , voïant la
longue refiftance de l’abbé Didier, conçut de grandes contrc viaor.
efperances de devenir pape , qui fe tournèrent en un
furieux dépit, quand il vit que Didier avoit accepté. Il
le témoigna dans une lettre à la comteffe Matnilde ,
écrite lorfque Didier alloit à Rome être facré ; & où il
parle ainfi:Vous favez que l’éleètion de l’abbé du Mont- chr- p-
Caffin fut faite avant que je fuife arrivé à Rome ; & il 4x4!
eft vrai que mes confrères & moi y confentîmes par
foibleffe, pour nous accommoder au tems. Mais quand
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