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Hifi. I. I. »• 34:
Nir. 1. ^
Adveht, tom. .8.
p . 4 8 7 . E .
Conft. apa/t. liv .
V I I I . c . %.
1 1 Difcours fur l’Hifloire Ecclefiaftique.
autorité les droits des couronnes. Grégoire VII. fuivit ces nouvelles maximes
Hift. h LXIIJ. ».
I I .
, & les pouffa encore plus loin : prétendant ouvertement, que comme
pape il étoit en droit de dépofor les fouverains rebelles à l'églife. Il fonda
cette prétention principalement fur l’excommunication. On doit-éviter
les excommuniez, n'avoir aucun commerce avec eux, ne pas leur parler»
ne pas même leur dire bon-jour, fuivant l’Apôtre. Donc un prince excommunié
doit être abandonné dé tout-le monde : il n’eft plus permis
de lui obéir, de recevoir fes ordres, de l’approcher : il eft exclus de toute
focieté avec les chrétiens. Il eft vrai que Grégoire VII. n’a jamais'foit aucune
décilîon fur ce point, Dieu ne la pas permis. Il n'a prononcé formellement
dans aucun concile, ni par aucune decretale, que le pape a droit
de dépofor.les rois rmais il l’a fuppofé pour confiant , comme d’aütres
maximes auffi peu fondées, qu’il-croïpit certaines. Il a commencé par les
faits & par l’execution. ' •
Et il faut avouer qu’on étoit alors tellement prévenu de ces maximes,
que les défenfeurs-du roi,Henri fe retranchoient à dire-qu’un fou.
veraiii ne potivoit être excommunié. Mais il étbit facile à Grégoire VII.
de montrer que la puiflancéSSe lier & de- délier a été-donnée aux: a u tres’
généralement > fans exception de perfomnes y & comprend les princes
comme; les autres. Le m.al eft qu'il ajourait des propofitions excéf.
fives : que l’égiife aiant droit de juger dés. chofes fpitituelles, elle, avoit
droit à plus forte raifon de juger'desttemporelles : que. le moindre éxor-
cifte eft au-deflùs des empereurs, puifqu’il commande aux démons.: que
la roïauté eft l’ouvrage du démon, fondée, fur l’orgueil humain, au.lieu
que le facerdoce eft l’ouvrage de Dieu : enfin, que le moindre chrétien
vertueux eft plus véritablement roi, qu’un roi criminel, parce que
ce prince n’eft plus'un roi , mais un tyran : maxime que Nicolas I.
avoit avancé avant Grégoire VII. & qui femble avoir, été tirée du livre
apocryphe des conftitutions apoftoliques, où elle fe trouve expreifé-
ment. On peut lui donner un bon fens, la prenant pour une expref-
•fion hypeAolique., comme quand pn dit qu’un méchant homme , n’eft
pas un homtiié : mais de telles hyperboles ne doivent pas être réduites
en pratique, C’eft toutefois far ces fondemens que Grégoire VII. pré-
rendoit en général, que fuivant le bon ordre c'étoit l ’égiife qui devoit
diftribuer les couronnes & juger les fouverains ; & en particulier il prétendait
que tous les princes chrétiens étoient VafTaux- de l’égiife Romaine,
lui devoient prêter ferment de fidélité , & parer tribut. J’ai rapporté les
preuves de fes prétentions fur l’empire , & fur la plupart des roïaumes
de l’Europe.
Votons maintenant les - conféquences de ces principes. II fe trouve
un prince indigne & chargé de' crimes, comme Henri IV. roi d’Allemagne,
car je ne prétens point le juftifier. Il eft cité à Rotae , pour
rendre compte de fa conduite,il ne comparoir point. Après plufieurscitations
le pape l’e-xcommunie : il méprife la cenfure. Le pape le déclare déchu
de la roïauté, abfout fes fujets du ferment de fidélité, leur défend de lui
obéir : leur permet, ou même -leur ordonne d’élire un autre roi. Qu’en
Depuis l’an 600. jufqu'a l’an 1100. 13
arrivera-t-il ! des fédirions& des guerres civiles dans l ’état, des fchifmes
dans l ’é»life. Ce roi .dépofé ne fera pas fi miferable, qu'il ne lui refte un
parti, des troupes, des places : i l fera la guerre a fon çompetiteur, comme
Henri fir à Rodolfo. Chaque roi aura des évêques de fon cô té , & ceux
du parti oppofé au pape ne manqueront pas de prétextes:, pour l’aceufer
d’être in d in e de fa place. Us le dépoferont bien ou m a l, & feront un
antipape comme Giiiberr, que le roi fon proteéteur mettra én poflèffion
à main armée. »-i •
Allons plus loin. Un roi dépofé n’eft plus un roi : donc s il continue
â fe porter pour rot , c’eft nn-tyran : ceft-a-dire un ennemi public a qui
tout homme doit courir fus. Qu’il fe trouve un fanatique, qui aïant lû
dans Plutarquè la vie de Timoleon ou de Brutus, fe perfuade que rien
n’eft pins glorieux, que de délivrer fa patrie : ou qui prenant de travers
les exemples de l'écriture, fe croïe fulcité comme Aod, ou comme Judith
, pour affranchir le peuple de Dieu : voila la vie de ce prétendu tyran
expofee au caprice de ce vifioniiaire, qui croira foire une action héroïque
& gagner la couronne du martyre. Il n’y en a par malheur que trop d'exemples
dans rhiftoire des derniers fiecles, & Dieu a permis ces fiiites
affreufes des opinions outrées fiir l'excommunication, pour en defobufer,
au moins par l’experience.
• Revenons donc, aux maximes de là fage antiquité. Un foilvevain peut
être- cx'communié comme un particulier, je le veux : mais la prudence
ne permet preique jamais d’ufor de ce droit. Sùppofez le cas tres - rare,.
ce feroir. à l’éveque auffi - bien qu’au pape ; 8c les eff ets n en foraient
que fpirftuek Ceft-à-dire qu’il ne feroir plus permis au prince excommunié
de participer aux facremens , d’entrer dans l’églife , de prier
avec les fidelles, ni aux fidelles d’exercer avec lui aucun aile de religion
: mais fes fiijêts ne feraient pas moins obligez de lui obéïr , en
tout ce qui ne ferait point contraire à la loi de Dieu. On n’a jamais
prétendu,au moins dans les iieclcs de leg life les plus, éclairez, quun
particulier excommunié perdît la propriété de lès biens on de fos efolaves,
ou la puiflànce paternelle fiir lès enfons. Jeiùs-Cbrift en ctabiiffànr fon
évangile, n’a rien foit par force , mais tout par perfuafion, íúivant la re- De veret relig.-
marque de faint Auguftin. Iladitquefonroïaume n’étoit pas de ce mon- t- « . ». j i Jod
e , & n’a pas voulu fe donner fenlementlautorité d’arbitre entre deuxfre- * « n . j î . L u e .
res. Il a ordonné de rendre à Céfar ce qui étoit à Céfar, quoique ce
Céfarfut Tibere, non feulement païen, mais le plus méchant de tous les
hommes. En un mot il eft venu réformer le monde en çonverrilTant les
coeurs, fans rien changer dans l’ordre extérieur des choies humaines;
Ses apôtres & leurs fuccelfeurs ont fuivi le même plan , & ont toujours
prêché aux particuliers, d’obéïr aux magtftrats 8c aux princes j 8c
aux efolaves d’être foûniis à leurs maîtres , bons ou mauvais , chrétiens i. j’et. n. ij. ts.
ou infidelles, .Ce n’eft qu’après plus de mille ans, vous l’avez v u , qu’on Kcm. uni, i, ».
s’eft avifé de former un nouveau lyftême, 8c dériger le chef de 1 cglifc
en monarque fouverain, iuperieur^â rous les fouverains, meme quant
au temporel : car s’il a le pouvoir de les- établir & de les dépofer ». en