
A n . 1076.
X X V I I I .
Le pape dépofé a
Vormes.
Lambert, p. 14.
V ita Greg. c. 7.
3ro H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e !
décret. Ce que vous avez fait depuis montre combien
vous avez confideré nos avis. Il finit en l’exhortant à
favorifer la liberté de l’églife & reconnoître la grâce
que Dieu lui a faite en lui donnant la viótoire fur fes
ennemis. Ce font les Saxons qu’il avoit défaits l’automne
précèdent. Car cette lettre eft du huitième de Janvier
1076.
Le roi ne manqua pas de fe rendre à Vormes au jour
nommé, qui étoit le dimanche de la. Septuagefime
vingt-troifiéme du même mois de Janvier : les évêques
& les abbez s’y rendirent auffi en très-grand nombre ,
& le cardinal Hugues s’y trouva fort à propos pour le
deffein du roi. Il venoit d’être dépofé par le pape pour
fes moeurs déréglées 8c comme fauteur des fimonia-
quès ; & il étoit apparemment envoie par l’archevêque
de Ravenne. Il apportoit une hiftoire fabuleufe de la
vie 8c de l’éducation du pape, la même, comme je croi ,
que nous avons fous le nom du cardinal Bennon : contenant
d’où il étoit forti, comment il s’étoit conduit
depuis fa jeuneife, par quelles mauvaifes voies il etoit
monté fur le faint fiège : les crimes qu’il avoit commis
devant 8c après, qui étoient incroïables. C ’eft ainii
qu’en parle l’hiftorien Lambert. Le cardinal Hugues
apportoit auffi des lettres au nom des cardinaux, du
fénat & du peuple : portant des plaintes au roi contre
le pape, dont ils demandoient la dépofition & l’élection
d’un autre ? Il ajoûta qu’Hildebrand avoit beaucoup
d’ennemis : les Normands, les comtes voifins 8i
plufieurs Romains.
Les prélats de l’aiTemblée de Vormes reçurent ce
cardinal comme envoie du ciel ; 8c fuivant fôn autorité
ils déclarèrent qu’Hildebrand ne pouvoit être pape*
L i v r e s o i x a n t e-d e u x i e’m e . 311
ni avoir en cette qualité aucune puiifance de lier ou de
délier. Tous les évêques fouferivirent à fa condamnation
, quoique malgré eux pour la plûpart. Il n’y eût
qu’Adalberon évêque de Viribourg .& Hermàn de
Mets , qui refifterent quelque temps ; difant qu’il étoit
contre les canons qu’un évêque fût condamné abfent ;
a plus forte raifon le pape, contre lequel on ne devoit
pas même recevoir l’accufation d’un évêque. Mais Guillaume
évêque d’Utreél les prefloit de fouferire avec les
autres à la condamnation du pape, ou de renoncer à
la fidélité qu’ils avoient jurée au roi. Cet évêque étoit
alors en grande faveur auprès du prince & comme fon
premier miniftre. Il étoit fort.inftruit des lettres humaines
, mais fi vain , qu a peine fe pouvoit-il fouffrir
lui-même.
Le roi envoïa des lettres dans toute la Lombardie
&c la marche d’Ancone, pour faire fouferire la condamnation
du pape. Un Alleman nommé Eberard fut
chargé de cette commiflîon ; 8c les évêques de ces provinces
déjà mal intentionnez, s’afTemblerent à Pavie,
où ils jurèrent fur les évangiles, qu’ils ne reconnoî-
tfèieîit plus Grégoire pour pape, & envoïerent des
députez qui firent jurer de même les autres. Le roi
Henri écrivit aufli au clergé & au peuple de Rome en
ces termes : la vraie fidélité eft celle qu’on garde aux
abfens comme aux prefens. Nous fçavons que la vôtre
eft telle ; nous vous prions d’y perfeverer, 8c d’être
amis de nos amis, & ennemis de nos ennemis ; entre
lefquels nous marquons le moine Hildebrand , parce
que nous avons reconnu qu’il a envahi 8c opprimé
l ’églife , & conjuré contre l’état, comme vous verrez
par la lettre fuivante. Là étoit inferée une lettre à
A n . 107 6 .
-."Bruno bell. Sax.
>. izu
Vita S. Anfel«
Luc. n. 15.
Ttruno bell. Saxl
p. i u .
Ch. Magd eh. mf.