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Dominique de
Grade.
Monum. Gr.
■Cotel. to. x. p.
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' par les lettres qu’il écrivit cette même armée à Pierre
patriarche d’Antioche ; & dont voici l’occafiori. D o minique
patriarche de Grade écrivit au même Pierre,
difant que fur là réputation il defiroit d’être, connu
de 1 toi , 6c d’obtenir fon amitié | comme étant patriarche
en Italie, & affis à la droite du pape dans les
conciles. Mais, ajoûtoit-il, je ne puis vous diffimu-
ler ce que j’ai appris des reproches que le clergé de C .
P. fait* à l’églife Romaine. Ils blâment les azymes
dont nous ufons pour confacrer le corps de J. C . 6c
nous croient pour ce fujet féparez de l’églife : au lieu
que c’eft principalement en vûë de l’unité que nous
confervons cet ufage , comme une tradition des apôtres
& de J. C . même, Toutefois nous approuvons
auiïi la coutume des églifes Orientales d’ufer de pain
levé , 6c donnons à l’un & à l’autre des lignifications
myftiques. Vous devez donc réprimer ceux qui combattent
fi impudemment les ordonnances des apôtres,
6c qui penfant édifier, décruilent & renverfent même
les fondemens. Car en vain faint Pierre 6c faint Paul
ont prêché en Italie , fi toute l’églife d’Ocçident eft
privée de la vie éternelle, n’aïant point au faint facri-
fice le corps de J. C . Nous defirons d’êtrç inftruits par
vôtre réponfe.
Le patriarche Pierre lui répondit par une lettre, où
après quelques difeours de civilité, il dit : J’ai été nourri
dans les faintes Lettres depuis mon enfance jufques à
la vieilleffe, mais je n’ai point encore oüi dire que l’é-
vêque d’Aquilée de la Venetie fût nommé patriarche.
Car il n’y a que cinq patriarches dans le monde par
la difpofition divine, fàvoir ceux de R om e , de C . P.
d’Alexandrie, d’Aïuiôçhe 6c de Jerufalem, Encore
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n’y a-t-il que celui d’Antioche qui s’appelle proprement
patriarche : ceux de Rome 6c d’Alexandrie s’appellent
papes, ceux de C . P. 6c de Jerufalem archevêques. Et
enfuite : Il y a dans le monde plufieurs provinces plus
grandes que la votre, qui ne font gouvernées que par
des métropolitains 6c des archevêques, comme la Bulgarie,
la province de Babylone, la Corofane & les autres
d’O rient, où nous envoïons des archevêques & des
catholiques, qui ont fous eux des métropolitains. On
nommoit en Orient catholiques, c’cft-à-dirc , généraux,
certains évêques plus diftinguez.
Quant aux azymes Pierre d’Antioche dit : Le pa- c.
triarche de C . P. n’attaque pas fi violemment que
vous dites, vôtre réputation, <St ne vous retranche pas
de l’églife. Il fait bien que vous ; êtes orthodoxes 6c
que vous croïez comme nous, la Trinité 6c l’Incarnation
•. mais il eft affligé de ce que vous manquez
en ce feul point ; n’offrant pas le facrifice comme le
refte de l’eglife , 6c comme les quatre patriarches.
Pierre d’Antioche s’étend enfuite à combattre les azymes
: infiftant principalement fur l ’exemple de J. C .
& foûtenant qu’il inftitua l’euchariftie avec du pain
levé, & qu’il prévint la pâque des Juifs : puifqtic fiint J
Jean dit qu’il fit la cène avant la fête de pâque, & que
les Juifs ne voulurent point entrer dans le prétoire pour
pouvoir manger }a pique. Il ajoûte que fi faint Pierre
6c faint Paul ont établi l’ufage des azymes, ils l’ont
fait par cette condefcendance qui leur faifoit tolerer
dans les commencemens quelques obfervances judaïques.
Il dit enfuite : Au commencement de mon pontificat
j’écrivis au pape de Rome une lettre de recom-
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