
A n i o i L’imperatrice Eudocie regna donc avec Tes trois
71’ fils le refte de l’année 1067. pendant laquelle lesTurcs
Seljouquides firent de grands progrès ; profitant de la
foibleffe des troupes Romaines, qui manquoient de
paie & de vivres. Les Turcs commandez alors par
O lu b -A r fe lan , s’avancèrent dans la Mefopotamie-,
l’Armenie , & jufques à Cefarée de Cappadoce , pillant
& brûlant tout. Ils pillèrent entre autres l’éghfe
t- 8l5- de faint Baille qu’ils profanèrent & en ôterent tous
les ornemens : màis ils ne purent toucher à fes reliques
, parce que fon tombeau étoit environné d’une
très-forte maçonnerie. Seulement ils emportèrent les
petites portes des ouvertures qui y étoient, parce que
ces portes étoient ornées d’o r , de perles & de pierreries.
Pour arrêter leurs progrès, on vit bien à la cour de
C . P. qu’il falloir un empereur capable de commander
en perfonne les armées. L’impératrice choifît Romain
fils de Diogene, qui étoit veftarque, c’eft-à-dire
maître de la garderobe. Elle le fit .venir à C . P. Si le
jour de Noël la même année 1067. elle le déclara maître
des offices & generai des armées. Elle vouloir aufli
l ’époufer & le faire empereur, mais elle craignoit le fe-
nat & le patriarche, qui gardoit fa promeffe de ne fe
point remarier. Il fallut donc ufer d’induftrie. L’imperatrice
envoïa au patriarche un eunuque fon confident
, qui lui dit en fecret, qu’elle vouloit époufer
Bardas -, c’étoit le frere du patriarche, qui étoit un
débauché , neiongeant qu’à fon plaifir. L’eunuque dit
donc au patriarche ; qu’il ne tenoit qu’à lui de faire
fon frere empereur, en fupprimant cette promeffe in-
' jufte & contraire aux loix -, ôc comme il vit qu’il don-
11 V R E S O I X A N T E-U S I E ’ME. 113
noit dans le piege , il lui confeilla de prendre l’avis des
fenateurs. Le patriarche les fit venir l’un après l’autre,
ëc leur exagéra l’injuftice de cette promeffe, & la ne-
ceffité d’avoir un homme de mérité pour empereur :
enfin il les gagna tous, foit par perfuafion, foit par
prefens. Mais quand tout fut bien difpofé, Romain
Diogene entra de nuit bien armé dans le palais &
époufa l’imperatrice ; puis il fut déclaré empereur le
premier jour de Janvier indièlion fixiéme l’an du monde
6J76. de Jefus-Chrift 1068. Cette aèrion du patriarche
Xiphilin, montre ce que l’on doit croire des loüan-
ges générales de vertu que lui donne l’hiftorien Jean
Seylitzes curopalate.
Romain Diogene fit la guerre aux infidèles avec
quelque avantage les deux premières années de fon
regne. Mais en <1778. indidtion huitième , qui eft l’an
1070. les Turcs Jiouffeient leurs conquêtes en Nato-
lie , & prirent entre autres.Chones autrefois Coloffes
en Phrygie, ou ils profanèrent l’églife fameufe de faint
Michel, la remplirent de fang & de carnage, &c en firent
une écurie. L’année fuivante 1071. Diogene après
avoir refufé la paix que le fultan Olub-Arfelan lui
o ffro it, fut pris dans un combat où fon armée fut
mife en déroute. Le fultan fe l’étant fait amener, fe
leva & le foula aux pieds félon la coûtume. Puis l’aïant
fait relever, il l’embraffa, le traita très-humainement
&c le retint huit jours, le faifant manger avec lui. Il
lui demanda un jour : Si tu m’avois pris, comment
m’aurois - tu traité ? Diogene lui répondit franchement
: Je t’aurois fait mourir fous les coups. Le fultan
répondit : & moi je n’imiterai pas ta dureté. Car j’apprends
que vôtre Chrift vous a commandé la paix &c
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A n . 1071.
X L I .
Romain Diogene
pris par les
Turcs.
Curop.'p. 834.'
f.% 4H