
A n . i ofG.
XXI.
Concile de T ou -
Ioufe.
To. 9 . conc. p.
1084.
¿.5.
c. 7.
Te- 5. p. 1154.
44 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pre , ou étant entre dans une églife, & y aïant fait
la priere , il fe trouva mal étant accablé de vieil-
leiTe & de fatigue, 6c mourut fubitement le premier
jour d Août i o j 8 . Il fut. enterré dans la même é-
glife avec grand honneur, & eft honoré comme
l'aint.
Le pape Viélor II. fit tenir un concile à Touloufe
par fcs légats Raimbauld archevêque d’Arles &
Ponce archeveque d’Aix. - Guifroi archevêque de
Narbonnc y aihfta avec Arnaud évêque de Toulou-
fe , & quatorze autres prélats, dix-huit en tout. Ce
concile s alfembla le treizième de Septembre i o j î . 6c
fit treize-canons, la plupart contre la fimonie : pour
etre obfervez dans les provinces de Gaule & d ’Ef-
pagne, ou setendoit le pouvoir de ces.évêques. On
y ordonne entre autres chofes, que fi un clerc fe fait
moine dans un monaftere à l’intention d’en devenir
ab be , il y demeurera moine fans pouvoir être abbé,
fous peine d’excommunication. On renouvelle la loi
de la continence des clercs, fous peine de dépofi-
tion.
En ce concile Berenger vicomte de Narbonne pro-
pofa une plainte contre l’archevêque Guifroi, où il
difoit en iubftance : D u temps de l’archevêque Er-
mengaud mon oncle, l’archevêché de Narbonne étoit
le meilleur qu’il y eût de Rome jufques en Eipagne.
Il etoit riche en terres &c en châteaux , l’égliie pleine
de livres & d’argenterie ; les chanoines y faifoient
1 office régulièrement aux heures. Cet archevêque
étant mor t , Guifroi comte de Cerdaigne dont j ’avois
deja epoufé la foeur, vint à Narbonne, & propofa à
mon pere, à ma mere & à moi de faire avoir cet ar-
L i v r e s o i x a n t i è m e . 4; ________
chevêche à.fon fils , qui n’avoit encore que dix ans : g
promettant une fomme de cent mille ious à partager
entre mon pere 6c le comte de Rodés. Mon pere
6c ma mere ne le vouloient point : mais je me féparâi
d’eux fur ce fujet, touché de l ’alliance fi proche 6c
de la feinte amitié : jufques à menacer de les tu e r,
s’ils ne fe rendoient à mon avis. Mon pere me volant
fi paffionné âcquiefça : Guifroi para les cent mille
fous, nous donnâmes l’archevêche a fon fils ; 6c il
nous fit ferment, prenant Dieu à témoin , que s’il
étoit nôtre archevêque , comme il 1 e f t , ni nou s, ni
les nôtres , ni l’archevêché n’en fouffririons aucun
dommage.
Mais quand il a été établi dans le f iege, 6c plus
avancé en â ge , loin d’être mon proteéleur comme
j ’efperois, il s’eft élevé contre moi comme un démon
: il m’a donné des. fujets d’indignation , bâtif-
fant des châteaux , venant contre moi avec une grande
armée, 6c m’a fait une cruelle guerre où environ
mille hommes ont été tuez de part 6c d’autre. A -
lors il a ôté à Dieu 6c à fes ferviteurs les châteaux
& les terres de l’églife 6c celles des chanoines, pour
les donner au démon 6c à ceux qui portoient les armes
pour lui : eh forte que les laïques qui polfedent
ces biens, les tiennent comme leur patrimoine. Cependant
Eribal évêque d’Urgel étant venu à mourir,
nôtre archevêque a acquis cet évêché pour Guillaume
fon frere, moïennant cent mille fous : de quoi
j’aurois été fort content , fi je n’en avois point fouf-
fert. Mais pour païer cette fomme, l’archevêque a
épuifé le trefor de fon églife : il a pris les croix , les
chaifes des reliques, les patenes d’or & d’argent, 6c
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