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A n . 1089. trente, 8c de mettre dans le clergé des hommes de
condition fervile, On condamne les clercs acéphales
S v 'f ou indépendans , & les moines vagabonds. On per-
s.io, mec aiJX fejg neurs ¿c réduire enfervitude les concu-
c' b i n e s des clercs. Défenfe aux laïques de donner aux
c‘ s" monafteres les dîmes ou les églifes qui leur appartiennent
, fans le confentement de l’évêque ou du pape.
Pendant ce concile Elie qui venoit d’être élu arche-
»*/./«. ».7. vêque de Bari ; envoïa à Melfe Jean archidiacre de
t. S60. [â même églife, prier le pape Urbain devenir à Bari
le facrer. Le duc Roger ôc fon frerc Boëmond à qui
Bari appartenoit, joignirent leurs prières à celle de
l'archevêque, &c le pape y condefcendit : quoiqu’il fût
contre l’ufage de Péglife Romaine, qu’il facrât un
évêque ailleurs qu’à Rome. Mais l’églife de Bari étoit
s,,p. n. 31. j evenUç; a celebre depuis deux an s , par la tranilation
11,Lju. te. 7. ^ reliques de fain tN icolas , que le pape ne put lui
refufer cette grâce. Elie étoit ce même abbé de faint
Benoît, à qui on avoit confié la garde des reliques,
il avoit été tiré du monaftere de Cave près de Saler-
n e , où le pape Urbain l'avoit connu , &c avoit lié
amitié avec lui au commencement de fon fejour en
Italie , 8c l’archevêqueOurfon étant mort, il fut élu
pour lui fucceder.
Le papeétanc donc venu à B a r it ran s fe ra les reliques
de faint Nicolas dans la nouvelle églife,^qui
avoit été bâtie' en fon honneur, ôcfacra l’archevêque
Elie dans fon propre fiége. En même tems il lui confirma
fes droits fur les dix-huit évêchez de fa province
qui y font nommez : entre lefquels Canofle ou
Canufe étoit deilors uni à Bari , & plufieurs ne font
plus connus, Le pape çonfirme à l’archevêque fa jurid
iction
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rifdiétion fur tous les monafteres d’hommes. & de A n . 1089.
femmes, de Grecs & de Latins, ôc lui accorda le pal- ep.u. x.
liuni. C ’eft ce qui fe voit par fa bulle donnée à Bari c°"c,t'41+‘
le neuvième d’Oétobre 1089.
En ce voïage de Poüille faint Bruno fondateur Sa> Brun0
des Chartreux accompagnoit le pape , qui l’avoit ap- dcs
pellé auprès de lui pour fe fervir de fes confeils. Bru- MMUpnf. t.
no étoit né à C o lo gn e , ou il fut chanoine de faint ;
Cunibert. Il vint étudier à Reims étant encore jeune,
y fut chanoine , chancelier 5c maître des grandes études
: car il étoit un des plus fameux do&eurs de fon
tems. J’ai marqué les différends qu’il eut avec Manaf- sup.«.i.
fés alors archevêque de R e im s , dont il ne pôuvoit
foufrir les dereglemens ; 5c ce fut la caufe de fa retraite
: comme rapporte Guibert abbé de Nogent au-
teur du tems.
Il y avoit, dit-il, àReims un homme nommé Bruno
inftruit des arts libéraux ôc reéteur des grandes études
très-renommé dans les églifes de Gaule : qui ne pouvant
foufïrir les mauvaifes moeurs de l’archevêque Ma-
naffés , fortit de la ville avec quelques autres des plus
confiderables du clergé de Reims. Il refolut même de
renoncer au monde ôc de s'éloigner de toutes fes con-
noiffances. Bruno dit lui-même , quun jour étant
encore à Reims , comme il s’entretenoit avec Raoul
le Vert prévôt de cette églife, ôc un troifiéme nommé
Fulcius, après avoir parlé quelque tems de la vanité
des plaifirs Ôc des richefTes de ce monde , Ôc des
joies de la gloire éternelle : ils firent voeu de quitter
le fiecle au p lu tô t, ôc de prendre l’habit monaftique,:
l’exécution fut différée, parce que Fulcius alla a R o m
e , ôc ils la remir.entà fon retour. Comme il tarda
TomeXUI. S f f