
4 jo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n .io jh . bert d eN o g en t, & les nommoientireres barbus. Ils
s«[.n. 50. faifoient des voeux folemnels, fit étoienc vrais religieux.
Cette inftitution femble venue de ce que les
laïques dans ce tems-là n’avoient la plupart aucune
teinture des lettres, 8c n’apprenoient pas même à lire :
de io rte que la langue latine" n'étant plus vu lg a ire ,
comme elle étoit du tems de faintBenoît, illeu ré to it
prefque impoifible d>pprendre les pfeaumes par
coeur , 8c de profiter des leétures qui fe faiioient dans
1 cglife : joint que depuis long-tems la plûpart des
moines étoient clercs.
Il y avoit dans les monafteres une troifiéme e£
pece d’hommes, que l’on nommoit donnez ou oblats :
qui fans faire de profeifion, 8c portant un habit peu
différend des feculiers, fe donnoient au monaftere
avec leurs biens ; obéiffant en tout aux fuperieurs,
8c gardant le célibat, en quoi ils differoient des ferfs
qui etoient mariez. Car il y avoit des hommes l i bres,
qui fe dévoüoient au fervice des monafteres,
principalement en l’honneur des Saints illuftres qui
s>bi*tT al°^' en « o ien t les patrons. Pour marque de cet engagement
, ils mettoient autour de leur cou la corde de la
cloche , ou des deniers fur leur tête , ou leur tête fur
l’autel. C ’étoit donc des ferfs de dévotion , differens
de ceux qui l’étoient par leur condition 8c leur naifi*
fance.
■ g l J I En ce tems v ivo it le faint moine U lr ic , fameux
ciugni. par fon recueil des coutumes de Clugni. Il naquit à
Ratiibone d’une famille illuftre , 8c fon pere fut
chéri de l’empereur Henri le N o ir , à la cour duquel
il mit le jeune Ulric déjà fort avancé dans. l’étude
des lettres fit dans la pieté, il çonferva à Ja cour la
pureté
L i v r e So i x a n t e- T r o i s i e’m e. 5 3 1 -----------
pureté de fes moeurs i fie l’imperatrice Agnès l’aïant A n . io j i .
g o û té , profita de Ces exemples fie de fes confeils. L’é-
vêque de Frifingue fon oncle l’aïant fait venir auprès
de lu i , l’ordonna diacre, Se le fit enfuite prévôt de fon
églife. Ulric accompagnal’empereur en un voyage d’Italie
: mais il en revint promptement pour foulager fes
confrères dans un tems de famine, fie engagea fes terres
pour cet effet.
Enfuite il fit le pèlerinage de Jerufalem, recitant
tous les jours le pfeautier avant que de monter à cheval.
A fon retour il trouva un autre évêque à Frifingue
a lajdacede ion oncle qui étoit m ort, fit un autre prévôt
a la fienne : ce qu’il fouffrit patiemment, 8c fe retira
a Ratiibone. Alors il conçut le deifein de fonder
un monaftere ; mais les circonftanccs du tems fic le peu
de pieté des évêques , l’aïant empêché de l’executer, il
refolut de fe donner à Dieu lui-même. Il commença
par diftribuer fes biens, partie aux pauvres , partie à
fes parens, refervant toutefois de quoi faire une fondation,
il communiqua fon deifein à Gerauld écolâtre
de R atiibone, à qui il perfuada de quitter auifi le monde
; fie ils refolurent d’embrafler la vie monaftique à
C lu gn i, célébré alors parla régularité de l’obfervance.
Mais auparavant ils firent enfemble le pelerinage de
Rome,
Ils furent reçus à Clugni par faint Hugues, qui en
étoit alors abbé. Gerauld y fut quelques années après
grand prieur , fie dans la fuite le pape Grégoire VII. le
fit éli re évêque d’Oftie , 8c l ’emploïa, comme nous
avons vû , en diverfes légations, Ulric avoit environ
trente ans quand il entra à Clugni ; 8c l’abbé Hugues
l’aïant fait ordonner prêtre , le prit pour chapelain
Tome X U i. V uu