
A n. 1091.
Sup,l. LV III.tf.
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ni.
Concile d’E-
ftampes.
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550 H i s t o i r e E c c i e s i a s t i q o e .'
chant les tranflations des évêques. Tou t l’ouvrage eft
divifé en dix-fept parties , dont chacune contient un
grand nombre d’articles , comme de deux ou trois
cens. Les fauffes décrecales y font emploïées comme
les vraies : entre les l,oix des princes C h ié tien s , il cite
le Code d eJu ftin ien ,1e Digefte retrouvé depuis peu, •
& les Capitulaires de nos rois. Au refte il tranfcrit
pour l’ordinaire Bouchard deVormes, comme Bouchard
avoit tranfcrit Reginon : confervant les mêmes
fau te s , fur tour dans les infcriptions des articles. Mais
il étoit impoffible alors, qu’un particulier eût en main
tous les livres originaux d’où lont tirez tant de paf-
fages.
Richer archevêque de Sens , irrité de ce que fur
fon refus Ives étoit allé à Rome fe faire facrer par le
pape, lui écrivit une lettre pleine d'amertume & de
mépris : où il ne le traitoit ni d évêque n i de confrère,
& l’accufoit de vouloir démembrer fa province,
en ufurpant le fiege de l’évêque Geoffroi, qu’il ne te-
noit point pour dépofé. Ives lui répondit : Si je fuis
un étranger à vôtre égard , pourquoi m’appellez-voiis
en jugement, & pourquoi prétendez-vous que je vous
doive obéïffance ? vous vous élevez maniféftement
Contre le faint fiege , en voulant détruire ce qu’il a
édifiéi & vous ne ménagez pas aifez vôtre réputation,
quand vous nommez évêque, & vous efforcez
de rétablir un bouc émifTaire , dont les adultérés , les
impuretez, les parjures , lestrahifons ont été publiées
prefque dans toute l’églife Latine ; & dont le pape
vous écrivant à vous - même , a défendu fous peine
d’excommunication de le favorifer pour entrer dans
le fiege de Chartres.
Vous traitez par dérifton la benedi&ion telle quelle, An. 1091.
celle que j ’ai reçue par l impofition des mains du pape
& des cardinaux : quoi qu’il appartienne au faint fiege
de confirmer ou d infirmer les confccrations, tant des
métropolitains que des autres eveques : d examiner
vos conftitutions &c vos jugemens, & ne foumettre les
fiens à l’examen d’aucun de fes inférieurs. Ives apporte
enfuite des paifages de faint Gelafe 8c de faint Grégoire
, pour montrer que les jugemens du pape ne
font point fujets à revifion. Il conclut, qu encore^qu il
n’ait pçint été appellé canoniquement, il eft pretafe
preienter en lieu feur dans la province de Sens, meme
à Eftampes : pourvu qu’il ait un faufeonduit du comte
Eftienne, qui l’affure, rant de la part du roi que de
l ’archevêque. Eftienne étoit comte de Chartres & de
Champagne, & les hoftilitez univerfelles obligeoient
à prendre de telles précautions pour de fi petits
voïages ^ I M
L’archeveque Richer tint en eftet un concile a
Eftampes, par le confeil de Geoffroi évêque de Paris, ch"
homme de grand crédit. Il etoit frere d Euftache
comte de Boulogne, & oncle de Godcfroi de Bouillon
depuis fi fameux. Il étoit chancelier du roi Philippe
, ou plutôt grand chancelier , car on en y ° h
plufieurs autres qui firent la fonétion fous lui.- L eve-
que de Chartres Geoffroi étoit auifi fon neveu , &
c eft ce qui excitoit l’évêque de Paris à prendre cette
affaire à coeur. Il aflifta donc au concile d’Eftampes ,
avec les évêques de Meaux & de Troïes de la meme
province, & qui agiffoient par le meme efprit. En
ce concile l’archevêque accuia Ives de Chartres , de
s'être fait ordonner à Rome, prétendant que c’étoit
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