
3i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ Hildcbrand où le roi lui difoit : Lorfque j’attendoié
' 1G1 'd e vous un traitement de pere & vous obéiffois en
to u t , au grand déplaifir de mes fujets, j’ai appris que
vous âgifliez comme mon plus grand ennemi. Vous
m’avez privé du rcfpcét qui m’étoit dû par vôtre fieg
e , vous avez tenté par de mauvais artifices d'aliéner
fie moi le roïaume d’Italie -, vous n’avez pas craint de
mettre la main fur les évêques & les avez traitez indignement.
Comme je diffimulois ces excès, vous avez
pris ma patience pour foibleife, & avez bien ofé me
mander, que vous mourreriez, ou que vous m’ôteriez
la vie le roïaume. Pour reprimer une telle infolen-
c e , non par des paroles, mais par des effets, j’ai affem-
blé tous les feigneurs de mon roïaume, comme ils
m’en ont prié. Là on a découvert ce que la crainte
faifoit taire auparavant, & on a prouvé, comme vous
verrez par leurs lettres, que.vous ne pouvez demeurer
fur le faint fiege. J’ai fuivi leur avis qui m’a fem-
blé jufte. Je vous renonce pour pape & vous commande,
en'qualité de patrice de Rome , d’en quitter
le fiege. Le roi continuant enfuite d’adreffer la parole
à l’églife Romaine, difoit : Elevez-vous donc contre
lu i , & que celui qui m’eft le plus fidelle foit le
premia; à le condamner, je ne demande pas fon fan g ,
la vie après fa dépofition lui fera plus dure que la
mort : je veux feulement que vous le faifiez defeen-
dre du faint fiege , pour y en mettre un autre que
nous choifir.ons par vôtre confeil & par celui de tous
les .évêques. *
Il y avoit une fécondé lettre du roi au pape , qui
n’ajoûtoit guere à la première que des injures. Il lui
reproche principalement d’avoir traité les évêques
avec
L i v r e s o i x a n t e - d e u x i e ’ m e . _______
avec mépris : il foutient que ce n’eft point du pape ^ *
qu’il tient fon roïaume, mais de Dieu feul, & que fui-
vant la tradition des Peres, un fouverain n’a que Dieu
pour juge, & ne peut être dépofé pour aucun crime,
il ce n’eft qu’il abandonne la foi. D ’où il s’enfuit, félon
le roi H en r i, ou plutôt félon les évêques qui lui
compofoient cette lettre, qu’un prince qui renonce
à la religion peut' être légitimement dépofé. Nous
n’avons pas les lettres du concile de Vormes ; mais
elles contenoient à peu près les mêmes chofes. On
y dénonçoit au pape , qu’il eût à ceder le pontificat,
qu’il avoit envahi contre les loix de l’églife s & qu’il fût
qu’on tiendroit pour nul tout ce qu’il ordonneroit depuis
ce jour. Un clerc de Parme nommé Roland fut
chargé de ces lettres, & il prit fi bien fes mefures qu’il
arriva à Rome la veille de l’ouverture du concile que
le pape avoit indiqué pour la première femaine de carême.
Le concile donc étant commencé Roland de Parme
y entra , & prefenta au pape les lettres du roi &
du concile de Vormes , en difant : Le roi mon maître
& tous les évêques Ultratriontains & Italiens,
vous ordonnent de quitter prefentement le faint fiege
que vous avez ufurpé -, & fe retournant vers le clergé
d eR om e , il ajoûta : Vous êtes avertis, mes. freres,
de v’ous trouver à la Pentecôte en la prefence du roi,
pour recevoir un pape de fa main, puifque celui-ci
n’eft pas un pape, mais un loup raviffant. Alors Jean
évêque de Porto fe leva & s’écria : Qu’on le prenne.
Le préfet de Rome , avec la milice, fe jetterent fur
Roland, l’épée à la main, le voulant tuer dans l’églife
du Sauveur où fe tenoit le concile : mais le pape fc mit
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