
i<rd H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q ÛèT
pourquoi juriez-vous que vous croiïez ce que VOUS
trouviez il contradidoire ? Si vous penfîez avoir la
vraie fo i, ne valoit-il pas mieux finir vôtre vie par une
mort glorieufe, que de commettre un parjure ?
Pour montrer cette prétendue contradidion, Be-
renger difoit : Quiconque dit que le pain 8c le vin de
l’autel font feulement des facremens, ou que le pain
& le vin font feulement le vrai corps & le vrai fang
de Jefus-Chrift ; celui-là certainement foûtient que le
pain 8c le vin demeurent. Lanfranc répond : Le concile
de Rome n’a rien décidé de femblable , 8c l’évê-
que Humbert ne vous a point propofé de le confeifer.
La première opinion que le pain 8c le vin ne font que
des facremens, eft la vôtre 8c celle de vos fedateurs :
la fécondé, que le pain 8c le vin font feulement le
vrai corps & le vrai fang de Jefus-Chrift, n’cft l'opinion
de perfonnë. Car vous niez la vérité de la chair
8c du fang ; & l’églife en croïant que le pain eft changé
en chair & le vin en fang, croit auifi que c’eft un ligne
de I incarnation , de la paffion de Nôtre-Seigneur, de
la concorde 8c de l’unite des fideles. Lanfranc conclut
de-là, qu’il n’y avoit aucune contradidion dans l’écrit
que l ’on fir foufcrire à Berenger ; puifque pour y en
trouver 8c s’excufer de parjure, il y ajoûtoit ce qui n’y
étoit pas.
Quant à ce que Berenger avançoit, qu’en difant,
que le pain 8c le vin font le corps & le fang de Jefus-
Chrift , on reconnoît que le pain 8c le vin demeurent.
Lanfranc répond : On donne fouvent aux chofes le
nom de ce dont elles font faites ; comme quand Dieu
dit à Adam : T u es terre , 8c tu retourneras en terre.
Ain fi l’écriture nomme pain le corps de Nôtrc-Sei-
L i v r e s o i x a n t e - ü k i e ’ më , tc-j
gneur, foit parce qu’il eft fait de pain 8c qu’il en retient ‘ .
quelques qualitez ; foit parce quil eft la nourriture de ^ ^
lame & le pain des anges, ,, ' |
Il reproche enfuite à Berenger , qu’au défaut d.e 7,
l’autorité, il avoit recours a la dialectique ; 8c il ajoute
: Dieu m’eft témoin, que quand il s’agit des fain-
tes lettres je ne voudrois ni propofer ni xeioudre de
ces fortes de queftions ; 8c fi quelquefois le fujet de
la difpute eft t e l , qu’il foit plus facile à expliquer par
les réglés de cet a r t , je le cache autant que je puis
fous des exprelïions équivalentes. Il le réfuté enfuite
par les réglés les plus folides de la dialectique, 8c il
ajoute : Quand vous affedez dans une queftion de <•. s.
cette importance les mots d affirmation , fujet, attribut
8c les autres termes de l’a r t , il paroît que vous
ne le faites que pour montrer aux ignorans, combien
vous êtes habile dans la difpute , puifque vous pourriez
foutenir de même vôtre opinion fans ufer de ces
termes!
Bereneer. Par la confécration, le pain & le vin xxr.
& _ . . «. A u . C R e p o n f e a u x deviennent le facrcment de la religion y non pour cei- pairages des pe*
fer d’être ce qu’ils étoient, mais pour être ce qu'ils KS- ^
é toient, & être changez en autre chofe, comme dit *
faint Ambroife au livre des facremens. Lanfranc fe
récrie fur cette citation, & rapporte un autre paffage
de faint Ambroife , où il dit nettement, que 1 eucha- ve myper. c, p.
riftie n’eft plus ce que la nature avoit formé 1 , mais ce ”‘ 5°- r . i - , „ . ^ r s u t . i . t v m . » .
que la benedidion a confacre. Puis revenant au pal- s4.
fage cité par Berenger, il le rapporte tout entier, 8c t>û f*crzm. ui.
montre que faint Ambroife compare le miracle de edit. Eenediftin.
l ’euchariftie avec la création, & dit : Si donc la parole r- »«"'•
du Seigneur Jefus eft affez puiffante pour faire , que