
A n . 107z .
Îf utah. 1 0 7 1 .
Bertold. 1077.
Epitaph, ap. Baron,
LV II.
Robert abbé de
Richenou dépofé.
Id . an. 10 7 1 .
184.
1 4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
revint en Allemagne dix ans après fa retraite , c’eft-
a-dire en 107Z . &c le roi fon fils venant au-devant d’elle
, fe trouva à Vormes à la fête de faint Jacques vingt-
cinquieme de Juillet. Le fujet du voïage de l’impera-
tr ice , étoit de réconcilier Rodolfe duc de Sûabe avec
le roi fon fils , & de prévenir par ce moïen une guerre
civile. Elle vint donc à Vormes accompagnée d’un
grand nombre d’abbez & de moines ; & aïant heureu-
fement terminé l’affaire de Rodolfe, elle s’en retourna
auffi-tôt, pour montrer que la charité avoit été l’unique
motif de fon voïage. Elle vécut encore cinq ans,
& mourut à Rome le quatorzième de Décembre 107 7 .
aïant pailé vingt-deux ans en viduité, & fans avoir jamais
confenti au fchifme du roi fon fils.
Hugues abbé de C lu gn i, qui avoit fuivi l’ïmpera-
trice , rendit à Robert abbé de Richenou des lettres du
pape, par lefquelles il étoit dépofé & excommunié.
Robert étoit auparavant abbé à Ramberg, où dès
qu’il étoit fimple moine, il avoit amaffé des fommes
immenfes, par , des ufures & d’autres gains fordïdes :
en forte qu’on le nommoit l’Argentier. Il foupiroit
après la mort des évêques & des abbez ; & comme il
n’en mouroit point affez-tôt à fon g ré , outre les pre-
fens qu’il faifoit iecrettement aux favoris, il promit
au roi cent livres d’or pour avoir l’abbaïe de Fulde ,
en faifant chaffer l’abbé Viderad. Mais quelques
gens de bien refifterent en face au r o i, & empêchèrent
cette injuftice. Ce fut cet abbé Robert qui par
fon exemple décria le plus alors la profeifion mo-
nailïque, & qui introduifit l’abus de mettre publiquement
à la cour les abbaïes à l’enchere -, mais on
ne pouvoit les mettre fi haut qu’il ne fe trouvât des
moines qui en donnoient davantage. ^ ^ xovz.
L’abbaïe de Richenou aïant donc vaqué en 1071. ' 7
Robert l’obtint en comptant au trefor du roi mille livres
pefant d argent pur. Mais quand il voulut prendre
poifeifion, l’avoüé de Richenou lui envoïa dénoncer
, qu’il lie fût pas afTez hardi pour entrer dans
les terres du monaftere , autrement qu’il iroit au-devant
à main armée. Robert conCterné pour la perte
de fon argent & de fa dignité (car l’abbaïe de Bamberg
étoit donnée à un autre ) vouloit tenter le fort des armes,
& ajoûter des homicides à la fimonie. Mais ceux
qui l’accompagnoient l’aïant aifuré que l’entreprife
étoit au-deffus de fes forces, il fe retira, confus dans
les terres de fon frere pour attendre levenement. C e - #•
pendant il fut accufé à Rome &c cité jufques à trois
fo is , pour venir fe défendre en concile : mais il ne
comparut point ; & c’eft pourquoi le pape prononça
contre lui la condamnation dont l’abbé Hugues fut
le porteur. Elle contenoit excommunication, inter-
di&ion de tout office divin hors la pfalmodie ; exclu-
lîon perpétuelle de l’abbaïe de Richenou, & de toute
autre dignité ecclefiallique. Robert fut donc contraint
par le roi de rendre le bâton paftoral, ce qui lui fut
très-amer.
Sigefroi archevêque de Maïence étant parti à la
nativité de Notre-Dame 1071. fous prétexte d’aller en
pèlerinage à faint Jacques en Galice, s’arrêta à C lu gn i,
où il renvoïa toute fa fuite & quitta tous fes biens, ré-
folu d’y embraffier la profeffion monaftique, & y paf-
fer le refte de fes jours. Mais il 11e perfifta pas ; il céda
aux prières du clergé & du peuple de Maïence, & y revint
à la faint André de la même année.
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