
A n. 1077.
XLI.
indignation
des Lombards.
Lambert.p.tj o.
f , 1 5 1 .
342, . H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qju*.
rons la commodicé, pour travailler plus efficacement
à la paix de l’cglife ôc de l’état: car vous devez être per-
fuadez , que nous avons laiffé toute l’affaire en fufpens
jufqu’à ce que nous la puiffions terminer par vôtre
conieil. f
Avant que le roi fortît de Canoffe , le pape envoïa
Eppon évêque de Ceitz , pour abfoudre ceux qui
avoient communiqué avec ce prince avant fon abfo-
lution , de peur qu’il ne retombât dans l’excommunication
, en communiquant avec eux. Mais quand l’e-
vêque eut expofé aux Lombards le fujet de fa venue ,
ils s’emportèrent furieufement contre lui de paroles &
d eg e fte s , empêchant par des cris moqueurs, qu’on
n’écoutât ce qu’il difoit de la part du pape , Ôc le chargeant
des injures les plus infâmes. Ils déclarèrent
qu’ils ne comptoient pour rien l’excommunication
d’un homme que tous les évêques d’Italie avoient
excommunié lui - même , qui avoit ufurpe le faint
fiege par fimonie, ôc l’avoic deshonoré par des homicides
, des adultérés ôc d’autres crimes capitaux. Que
le roi s’étoit couvert d’une honte irréparable , fe fou-
mettantà unheretique chargé de toutes fortes de c r imes
, trahiffant indignement l’églife ôc l’état , dont
ils avoient cru qu’il feroit le protedeur , ôc les abandonnant
honteufement, ajarès que pour le ven ger, ils
s’étoient fi hautement déclarez contre le pape. Les
difcours des feigneurs de Lombardie répandus parmi
le peuple , exciterentbien-tôtune grande haine contre
le roi ; ôc elle vint à un tel point, qu’ils réfolurent unanimement
de le rejetter , ôc de reconnoître pour leur
roi fon fils encore en fan t, de le mener à Rome, & d’y
élire un autre pape, qui le couronneroit empereur ôc
L i v r e S o i x à n t e - D e u x i e ’me. 343
cafferoit tout ce qu’avoit fait Hildebrand.
Le roi ayant appris cette confpiration , envoïa tout
ce qu’il avoit auprès de lui de feigneurs, pour appai-
fer les Lombards â quelque prix que ce fu t, en leur
repréfentant, qu’ils ne devoient pas prendre à injure
ce qu’il n’avoit fait que dans une extrême néceffité , ne
pouvant fatisfaire autrement les feigneurs Allemands ,
qu’en fe faifant abioudre avant le jour défigné. il arrêta
ainfi le premier mouvement de la révolte; mais
la plupart des feigneurs Lombards fe retirèrent de
fon armée fans congé : les autres le reçurent , mais
avec peu de refpeél, témoignant ouvertement leur
mépris de fa légereté , ôc leur indignation de ce qu’il
avoit trompé leurs efpérances. Il éprouvoit le meme
mépris des peuplés dans toutes les villes où il pafloit;
ôc il crut enfin que le feul moyen d’appaifer les Lombards
, ôc de regagner leur affedtion, étoit de rompre
le traité qu’il venoit de faire avec le pape , comme il
fit au bout d’environ quinze jours. Il commença donc
à rappeller auprès de lui Ulric de Cosheim ôc fes autres
confidens que le pape avoit excommuniez ; ôc
dans l’affemblée des feigneurs il déclamoit continuellement
contre le pape, l’accufant d’être auteur de tous
les troubles dans l’églife Ôc dans l’état ; ôc exhortant les
Lombards à fe venger fous fa conduite, des injures
qu’ils en avoient reçues, il les appaifa ainfi, & fes troupes
croiffoient tous les jours.
En Allemagne l’archevêque deMa ïence , les évêques
de Virfbourg ôc de Metz, les ducs Rodolfe, Guelfe
ôc Berthold avec plufieurs autres feigneurs , réfolurent
que les feigneurs Saxons ôc les autres qui
s’intereffoient au bien de l’état, s’affembleroient le
A n. 1077.
XLI I
Aflemblée de
Porcheim.