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1 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
’ éternelle & non pas une viande corruptible. Nous le
' prenons ajoûte-t-il en très-petite quantité , pour n’en
pas dégoûter les hommes*charnels, & il ne faut pas
douter que dans la moindre particule, on ne reçoive la
vie toute entiere, cell-à-dire J. C . Mais foit que nous
dirions la meffe à tierce, à none ou à quelque autre
heure, nous la célébrons parfaite ; ôc nous ne réfervons
point une partie de l’oblation pour célébrer cinq jours
durant une meife imparfaite , parce que nous ne liions
point que les apôtres en aient ufé de la forte. N . S. lui-
même après avoir beni Je pain ne le réferva pas pour le
lendemain : il le rompit & le diftribua auffi-tôt. Nous
n ’ignorons pas que nos peres ont établi l'ufage de célébrer
la meife à l’heure de tierce le dimanche & les
fêtes folemnelles à caufe de la defeente du faint-Efprit.
Mais on ne peche pas pour cela en célébrant les jours
de jeûne a l’heure de none ou de vêpres , puifque N.
5 - lui-même a inftitué ce grand facrement le fo ir , & a
accompli fon facrifice en expirant à l’heure de none.
C ’eft pourquoi bien que ces heures de tierce & de none
foient plus convenables : toutefois à quelque heure
qu’on dife la meffe 4 caufe d’un vo ïa g e , ou par quelque
autre neceffité, on ne rompt point le jeûne:comme
on ne le rompt point en célébrant la meffe la nuit
de Noël,
Au relie nous ne nous foucions pas d’apprendre le
rit de vôtre mefTe, parce que nous y trouvons une
grande négligence. Quand vous rompez le pain facré,
vous ne vous mettez pas en peine des miettes qui tombent
de côté &■ d’autre : ce qui arrive encore quand
vous effiliez les patenes avec des fciiillcs de palmes ou
4 es broffes 4 e fpïe de porc. Quelques-uns d’entre vous
ferrent
L i v r e s o i x a n t i e ’m e . 1 7 __________
ferrent le corps de J. C . avec fi peu de reverence, qu’ils
en comblent les boëtes & les preffent avec la main de
qu’il n’en tombe. Ils confirment les relies comme
du pain commun jufques a s en degouter ; & s ils ne
peuvent tout prendre, ils l ’enterrent ou le jettent dans
un puits. ; , 1
Comme Nicetas avoit relevé l’abllinence des Grecs
pendant le carême, Humbertlui reproche que plu-
fieurs d’entre eux jeûnoient peu ou point du tout j &
que quelques-uns apportoient des légumes ou d’autres
viandes pour manger dans l’églife. Quant a nous, con-
tinuë-t-il, nous tâchons d’obferver exactement ce jeûne
de quarante jours i &c nous ne fouffrons que perfonne le
rompe en quoi que ce foit, finon en cas de grieve maladie.
Et il n’eil pas permis chez nous, comme chez
vous, après l’unique repas, de prendre des fruits ou des
herbes les jours de jeûne. Dans ces paroles de Humbert
, nous voïons l’origine des collations. Il finit cette
réponfe par l’article du mariage des prêtres, fur lequel
il accufe les Grecs de l’herefie desNicolaïtes ; & prononce
enfin anathême à Nicetas, s’il ne fe retraite.
Il fe retraéta en effet : ce qui fe paffa ainfiL Le jour v 111.
_ . / 1 -r • 1 A Rétractation de de la faint Jean vingt-quatrieme de Juin la metne an- Nicetas,
née 10Î4. les trois légats du pape vinrent au mona%; Narrai, ap. va-
H g P , .____ I f r* 1 I» ron. an. IQ J 4* tere dp Stude a C . P. &c la en prefence dp 1 empereur Ta. <p.c<mc.p,
le moine Nicetas PeCtorat â l’inllance des légats ana- 9?I-
thematifa l’écrit publié lous ion nom contre le faint
fiege & toute l’églife latine, intitulé : De 1 azyme, du
fabat & du mariage des prêtres ; de plus il anathema-
tifa tous ceux qui nieroient que l’églife Romaine fût
la première de toutes les églifes, ou qui oferoient reprendre
en quelque point fa foi toujours orthodoxe.
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