
' a n CCS ^ dès papes, & dans la tradition vivante des an-
’ 1 7 ' ciens. Celui qui l’inftruiiît le plus de vive voix fut
Lib. IV.
t■ Î4-
Suein ou Suenon roi de Dannemarc. Il étoit zélé pour
la propagation de la f o i , 6c envoïa, de fes clercs prêcher
en Suede, en Normandie, c’eft-à-dire en Norvège,
& dans les ifles. Il étoit homme de lettres 6c libéral
envers les étrangers. Adam étant venu à Brème, &
aïant oüi parler du mérité de ce prince ,t ’alla trouver
& en fut très-bien reçu ; 6c ce fut de fes difcours qu’il
recueillit toute la partie de fon hiftoire qui regarde les
barbares. Ce roi lui nomma quelques faints qui a voient
été martyrifez de fon temps en Suede Sc en Norvège.
Un étranger nommé H e r ic , qui prêchant chez les
Suédois les plus reculez eut la tête tranchée. Un autre
nommé Alfard, qui après avoir mené long-temps une
fainte vie en Norvège , fut tué par fes propres amis.
Il fe faifoit beaucoup de miracles à leur tombeau.
Cette hiftoire d’Adam de Brème paroît d’une grande
fincerité.
Il la termine par une defcription curieuié du Dan^’
nemarc, de la Suede, de la Norvège & des ifles qui
en dépendent, où il décrit ainlî l’idolâtrie des Suédois.
Leur temple le plus fameux eft à Upfal. Il eft
tout revêtu d’o r , & on y revere les ftatuës de trois
dieux : au milieu eft le trône du plus puiffant qu’ils
nomment Thor , des deux côtcz font les deux autres,
Vodan Sc Friccon. Ils difent que Thor gouverne l’air
le tonnerre, la foudre,les vents, les pluies, les faifons,
les-fruits. Ils lui donnent un fceptre , & c’eft comme
le Jupiter des anciens Romains. Vodan eft le dieu de
la guerre, armé comme Mars. Friccon donne la paix
&c les plaiiîrs, & eft .reprefenté fous la figure infâme
X L V I I I .
lEcac du Nord.
dePriape. Ils adorent aufli des hommes, qu’ils croient ^
être devenus dieux par leurs belles actions. Ils celebrent
tous les neuf ans une fête folcmnelle , où tous fotft
obligez d’envoïer leurs offrandes à Upfal : perfonne
n’en eft exempt : les chrétiens même font contraints
à fe racheter de cette fuperftition. En cette fête on immole
neuf animaux mâles de toute efpece , & on en
pend les corps dans un bois proche du temple, dont
tous les arbres paffent pour facrez. Un chrétien m a dit
y avoir vu jufques à foixante corps humains mêlez avec
ceux des bêtes.
Adaluard, que l’archevêque Adalbert avoit fait évêque
de Siètone, aïant en peu de temps converti tous
les habitans de cette ville & des environs, entreprit
avec Eginon évêque de Scone en Dannemarc daller a
U p fa l, & s’expofer à toutes fortes de tourmens, pour
faire abattre ou plûtôt brûler ce temple, qui eft comme
la capitale de l’idolâtrie du pais, eiperant que fa
ruine feroit fuivie de la cbnverfion de toute la nation.
Le roi de Suede Stenquil qui etoit tres-pieux , aiant
appris ce deffein des deux évêques, les en détourna
prudemment, les affûtant qu ils feroient auffi-tot condamne2
ù mort, qu’on le chafferoit lui-meme du
roïaume , comme y aïant introduit des malfaiteurs ;
Sc que ceux qui étoient alors chrétiens retourneroient
au paganifme , comme il venoit d arriver chez les Scla-
ves. Les deux évêques fe rendirent a la remontrance
du roi : mais ils parcoururent toutes les villes de Go-
th ie , brifant les idoles 6c convertiffant plufieurs mil- x l i x .
liers de païens. d.™ " ;* ' d*
Le roi de Dannemarc, dont Adam avoit appris tant Ig/j krjat
de faits importons, étoit Suenon furnomme dEftri- nb.xi.
F f üj