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Chr. Cajf. Ub.
JII. c. 9.
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
eft prefque par tout négligée : 011 ne rend point aux
évêques le rçfpeét qui leur eft dû ; on foule aux pieds
les canons, & on ne travaille qu a fatisfaire la cupidité.
Ceux qui portent le nom de chrétiens vivent ju-
daïquement. Il montre enfuite que l’épifcopat ne con~
fifte pas dans la pompe extérieure , la magnificence des
habits, l’or & les fourures précieufes dont on ufoit
alors, les chevaux fringans, la nombreufe fuite des cavaliers
armez : mais dans la pureté de la vie & l’exercice
de toutes les vertus.
Il infifte lur cette parole de l’Apôtre, que l’évêque
doit être irreprehenfible, & ajoûte : Malheur à ceux qui
menant une vie blâmable, fe rendent encore plus criminels,
en délirant une place où on doit vivre fans reproche.
Tels font ceux qui oubliant leur patrie , fui-
vent les armées des rois dans des païs barbares & inconnus
: l’amour des dignitez perilfables a plus de
pouvoir fur eux que la promefle des récompenfes ce-
leftes ; & pour obtenir à la fin le pouvoir de commander,
ils fe foumettent à une dure fujettion. Il leur en
couteroit moins, s’ils donnoient une fois de l’argent
pour acheter ces dignitez. Car comme il y a trois fortes
de prefens, il y a trois fortes de fimonies : celle de
la main en donnant de l’argent, celle des fervices,
celle de la langue par les flateries. Or ceux qui lui vent
ainfi les princes dans leurs voïages commettent toutes
les trois.
Le pape Eftienne IX . avoit réfolu de garder toute fa
vie l’abbaïe du M o ç t-C a ffin : c’eft pourquoi aïant
approuvé l’éleiftion du moine Didier, il ne changea
pas le deiTein qu’il avoit pris de l’envoïer fon légat
près de l’empereur de C . P. mais il ordonna que fi
L i v r e s o i x a n t i e ’ m e . jj
Didier revenoit de ce voïage, lui vivant, il lui donne- ~ ~ ~
roit le gouvernement de l ’abbaïe : Ci le pape mouroit An> io >ô-
avant le retour de D idie r , celui-ci feroit reconnu pour
abbé fans difficulté. Le pape envoïa avec lui Eftienne
cardinal, & Mainard depuis évêque de fainte Rufine ,
les chargea de lettres pour l ’empereur de C . P. & leur
recommanda de revenir au plûtôt, après avoir accompli
leur légation. C ’étoit au commencement de l ’année
i o j 8 .
L’empereur de C . P. étoit alors Ifaac Comnene. xxv.
La vieille Theodora étant demeurée feule imperatri- ¿^°rc de Thco"
ce après la mort de Conftantin Monomaque , c’eft-àdire
au commencement de Décembre 10^4. ne décla- ctif . ^
ra point d’empereur par le confeil de fes‘eunuques, z°n«r.ub.Kvii.
qui fous fon autorité dïfpofoient de to u t , s’étant fait r' 9'
donner les plus grandes charges. Nonobftant fon grand
âse elle le flatoit d’un Ions reene o o _ o , fondé fur fon
corps robufte & fur les promeffes de quelques moines,
fuivant lefquelles elle devoit vivre des fiecles : toutefois
elle ne régna qu’un an & neuf mois. Léon d’Acri- hcyiux..
de archevêque des Bulgares étant mor t , elle mit à fa
place le moine Theodule natif d’Icone & abbé du monaftere
de faint Mocius, ignorant des fciences profanes,
mais très-favant dans la théologie & très-vertueux.
Theodora régna donc pendant toute l’année ioyy. &
jufques au vingt-deuxieme d’Août 1056. l’an du monde
6J64. indidtion neuvième , qu’elle mourut fans
avoir été mariée , & en elle finit la race de Bafile Macédonien.
Comme elle étoit à I’extremité, fes eunuques l’enga-
gerent à déclarer empereur le patrice Michel Strationi-
que , qui étoit très-vieux & ne favoit que la guerre
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