
¿ 7 + H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
verois à Orléans bien des témoins de ce que j ’avance ^
s’ils ne craignoient l’exil ou la prifon ; 8c afin que
vous ne croïez pas que je l’aye inventé , je vous envoie
une des chanfons que l’on en chante publiquement.
Sachez encore, que l’abbé de Bourgeüil étoit venu
à la cour à Noël avec grande confiance , pour recevoir“
l’évêché que la prétendue reine lui avoit promis
: mais parce que l’on trouva que les amis de l’archidiacre
avoient plus de facs d’argent Si mieux remplis
, il a été admis Si l’abbé exclus. Et comme l’abbé
fe plaignoit que le roi s’étoit moque de lui , le roi
répondit : Attendez que je faffe mon profit de celui-
ci : enfuite faites-le depofer , Si alors je ferai ce que
vous voulez.
Ives écrivit encore à l’archevêque de Lion en ces
termes : Vous m’invitez moi Sc tous ceux qui voudront
attaquer l'éleétion de Jean , archidiacre d’Or-
leans, à comparoître devant vous au premier jour de
M a rs , parce que vous ne pouuez être accufateur Si
juge. Mais vous favez que cela ne s’entend que des
péchez fecrets , Si que ceux qui font manifeftes n’ont
pas befoin d’accufation. Sur quoi il rapporte plufieurs
autoritez. Venant enfuite à l’accufation de fimoni.e *
il dit : Nous avons chez nous des négocians , créanciers
de la prétendue reine | qui à ce qu’ils nous ont
di t , attendent une partie de l’argent que les parens
de Jean ont promis : mais cette princeffe d i t , que l’on
différé le paiement par précaution , afin de, Je faire
plus feurement après le facre : toutefois on redemandera
bien-tot cet a rgent, fi le facre eft différé quelque
tems. Nonobftant ces remontrances d’Ives de Chartre
s ,
très, Jean fut facré évêque d’Orleans, Si tint ce fiége AN.1099.
plus de vingt ans. Il s’acquitta même aifez bien de
fon d evo ir , comme on peuc juger par les lettres qu’I-
ves lui écrivoit de tems en tems pour diverfes affaires •
ecclefiaftiques.
Le pape Ürbain tint à Rome le .concile dans le condiVà»
marque, c eft-a dire, la troifiéme femaine après ^omc-
Pâques, qui cette année 1095. étoit le dixième d’A- jK n p i
vril. Il s y trouva cent cinquante évêques, entre autres
Anfelmc archevêque de Cantorberi , Daïmbert io?î>-
de Sens, qui reconnut alors la primatie de Lion : Léger
de Bourges, Amat de Bourdeaux , Byzance de
T r a n i, Gautier évêque d’Albane , Odon d’O f t ie ,
Gontardde Fondit, Leutald de Senlis;, Lambert d’Ar-
ras, Humbaudd’Auxerre , Norgaud d’Autun, Ifmeon
de Die , Geofroi de Maguelone. Chacun étoit affis à zAmer.i.Knèr,
fon rang félon la coutume ; mais il y eut de la diffi- ”'4°‘
culte pour placer Anfèlme , parce que perfonne ne fe
ipuvenoit d’avoir vû dans un concile de Rome un ar-
çheve ¡ue de Cantorberi. Le pape lui fit donc mettre
un fiege dans le cercle que formoit la feance -, ce qui
marquoit une grande diftinéfion.
. Nous avons dix-huit canons de cç concile, dont
les onze premiers font les mêmes mot pour mot que
les douze premiers du concile de Plaifance, tenu en s°i-
1095. touchant les ordinations des fimoniaques & des
fchifmatiques, que le pape avoit déjà fait confirmer
dans les concile de Clermont Si dans les foivans. En
celui-ci on défendit encore aux abbez Si aux autres
fuperieurs des eglifes, de recevoir de la main des laïques
des dîmes ou d autres droits ecclefiaftiques, fans cm.ij.ié.îj?}
le çpnfentement de l’eveque. On défendit tout ce
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