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An. 1097. lui-même, félon que nous l’avons compris, n’exclut les
rois que de l’inveftiture corporelle, non de l’éledion ,
en tant qu’ils font chefs du peuple, ou de la concef-
fion. Et qu’importe que cecte concelïion fe fafle de
la main, ou par un figne de tête ou par la bouche,
ou par une croiTe? Puifque les rois ne prétendent rien
donner de fpirituel, mais feulement confentir a 1 e-
led ion , ou accorder à l’élu les terres ôc les autres biens
extérieurs ■, que les églifes ont reçus de leur libéralité;
Que fi les inveftitures étoient défendues par la loi
éternelle , il neferoit pas au pouvoir des fuperieurs de
les condamner rigoureufement en quelques-uns ôc les
tolereren d’autres. Mais parce que c eft principalement
la défenfe de ces fuperieurs, qui les rend illicites, nous
ne voions prefque perionne condamne pour ce fujeti
mais plufieurs vexations , plufieurs fcandales, la di-
vifion entre fe roïaume ôc le facerdoce , dont la concorde
eft neceflaire pour la fureté des chofes humaines.
Nous voions les éveques ôc les abbez , au lieu
de s'appliquera lacorredion des moeurs, ou à la con-
fervation de leur temporel, uniquement occupez a fe
procurer quelque patron, dont l’éloquence puifle les
défendre ; ôc plufieurs dont l’éledion a été gratuite ,
tombent ainfi dans lafimonie ,en achetant des inter-
cefleurs.
Puisdone que toutes les loix ecclefiaftiques doivent
fe rapporter au falut des ames , il faudroit corriger
plusfeverement les transgreffions de celles-ci, ou
les pafler fous filence. Ce que je ne dis pas pour m’é-
lever contre le faint fiege: mais je voudrois, ôc plufieurs
autres avec m o i , que les miniftres de l’églife
Romaine
L i v r e S o i x à n t e - Q u a t r i e ’m e . ¿43
Romaine s’appliquaffent à guérir de plus grands maux,
ôc ne s’attîraifent pas le reproche de pafler le moucheron
ôc d’avaler le chameau, puifque par tout le
monde on commet publiquement tant de crimes, fans
que vous vous mettiez en peine de les reprimer. Je mè
réduits donc à dire , que vous permettiez de facrer
l’élu de l’églife de Sens, félon l’ancienne coutume ,
fi voüs n’y trouvez aucun empêchement canonique.
Car nous ne voulons point nous relâcher le moins du
monde du droit de nos églifes. Si vous y acquiefcez ,
nous ferons nôtre poffible pour perfuader ali nouvel
archevêque, de reconnoître la primatie de 1 églife de
Lion-
Ives de Chartres écrivit au pape fur le même fujet
en ces termes : Mandez-nous ce que nous devons faire
touchant l’archevêque élu de Sens, dont le facre eft
arrêté par l’archevêque de Lion votre légat, parce qu’il
ne veut pas lui promettre obéiflance à caufe de fa primatie.
Car encore que perfonne n’ait fait aucune autre
oppofition à ce facre , nous nous fommes abftenus
de palier outre par refped pour vous : quoiqu’il n’y
ait ni lo i, ni coutume, qui oblige les métropolitains
de promettre obeïflance aux primats. Ives envoïa cette
lettre au pape par le nouvel évêque de Paris Guillaume
d eM on tfo r t, qui alloit à Rome ôc qu’il lui
recommande a v e ca ffed ion ; priant le pape d’exhorter
ce prélat à quitter la chafle ôc les autres amufe-
mensde la jeunefle, pour s’appliquer à lapriere ôc à la
ledure.
Vers le printems de cette année 1097. le -pape Lft>
bain vint à Thiete , où il eut Une conférence avec les
évêques ôc les feigneurs touchant la croifade, 8c y
Tome XIU. L 111
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Les croifez à
C. P.
Chr. Ca/aur. to.
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