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hi fi. I. x iv . ». i 6.
IX.
Seigneuries temporelles
des égli
Tes.
10 Difcours fur ÏHifloire Ecclefaftique.
chaiîèj l’attirail & la fiépenfe qui en font les fuites , ne s’accordent pas
avec la mofieftie cléricale, avec l’étude, la priere, le foin des pauvres > l’in-
ftm&ion des peuples, une vie "réglée 8c mortifiée.
L’exercice des armes eft encore plus éloigné : cependant il devint en
quelque façon neceiïàire aux éveques , à caufe des biens ecclefiaftiques :
car ce fut en ce temps-là que s’établit le droit des fiefs. Sous les deux
premières races de nos rois, & bien avant dans la troifiéme , la guerre
ne fe faiioit point par‘des troupes enrôlées 8c foudoïées : mais par ceux
a qui les princes 8c les feigneurs avoient donné des terres , à la charge
du fervice. Chacun fçavoit ce qu’il devoir fournir d’hommes, de chevaux
8c d’armes -, 8c il fievoit les mener lorfqu’il étoit commandé. Or
comme les églifes pofièdoient dellors de grandes terres , les évêques fe
trouvèrent engagez à fervir l’état comme les autres feigneurs. Je dis les
évêques : car tous les biens ecclefiaftiques de chaque diocèfe étoient encore
adminiftrez en commun fous leur autorité : on n’en avoit diftrait
que les biens des monafteres : ces portions attribuées à chaque clerc, que
nous appelions bénéfices n’étoient pas encore diftinguées ; 8c ce que l’on
àppelloit alors bénéfices , étoient ou des fiefs donnez à des laïques, ou
l ’ufufruit de quelque fonds de l’églife accordé à un clerc pour récompen-
f e , ou autrement, à la charge de revenir après fa mort à la mafte commune.
Les évêques avoient leurs vaflaux obligez à fervir à leur ordre poulies
fiefs qu’ils tenoient d’eux -, 8c quand l’évêque lui - même étoit mandé
par le roi, il devoit marcher à la tête de fes troupes. Charlemagne trouvant
ce droit établi, voulut bien s’en relâcher à la priere de ion peuple
& il diipenfa les évêques de fervir en perfonne, pourvû qu’ils en-
voiaftent leurs vaflàux. Mais ce règlement fut mal obfervé , 8c nous
voïons après comme devant des évêques armez, combattans, pris & tuez
à la guerre.
Indépendamment de la guerre, les ïèigneuries temporelles devinrent
aux évêques une grande iource de diftraétion. Les feigneurs avoient
beaucoup de part aux affaires d’état , qui fe traittoient ou dans les afi-
femblées générales, ou dans les confeils particuliers des princes ; 8c les
évêques , comme lettrez,.y étoient plus utiles que les autres feigneurs.
11 falloir donc être prefque toujours en voïage : car ni la cour du
prince, ni les aftemblées ou parlemens , n’avoient point de lieu fixe.
Charlemagne , par exemple, étoit tantôt deçà, tantôt delà le Rein :
tantôt en Italie, tantôt en Saxe, aujourd’hui à Rome, dans trois mois
à Aix - la - Chapelle. Il menoit toujours avec lui grand nombre d’évê-
ques fuivis de leurs vaftaux 8c de leurs domeftiquesi: quelle perte de
temps ? quelle diftraétion ? quand trouvoient - ils du loifir pour vifiter
leurs diocefes, pour prêcher, pour étudier ? Les parlemens ou afiem-
blées générales étoient auffi des conciles : mais ce n’étoit plus ces conciles
établis fi iàgement par les canons en chaque province , entre les
éveques voifins : c’étoit des conciles nationaux de tout l’empire François
, où l’on voïoit enfcmble l’archevêque de Cologne avec ceux de
Depuis l'an 600. jufqu’u l’an 1100. 11
Tours, de Narbonne&. de Milan, les évêques d’Italie, de Saxe & ^’Aquitaine.
tes reglemens en étoient plus uniformes, mais le peu de refideoce
des. évêques nuifoit à l’execution.
Ces aflèmblées étoient. effentiellement parlemens, & conciles par oc-
cafîon, pour profiter de la rencontre de tant d'évêques enfemble. Le ■
principal objet étoit donc le temporel & les affaires, detat ; & les
évêques ne pouvoient fe difpenfer d’y prendre part, étant convoquez
pour cet effet comme les. autres feigneurs. De - D vient ce mélange du.
temporel & du fpirituel fi pernicieux à la religion, j'ai rapporté en leur Hift. hti. xm.
temps lés maximes des anciens fur la diftinâion des deux puiffances ec- n , t.
clefiaftiques & feculieres : entre autres la lettre de Synefius & le fameux
pairage du pape Gelafe, tant de fois relevé dans la fuite. Vous avez .vu
que ces faints doâæurs étoient perfiiadez, qu’encore que les deux puiffances
piiffent été jointes quelquefois avant la venue 4e Jefus - Chrift,
Dieu connoiffant la foibleffe humaine , les a. depuis entièrement fepa-
rées , & que comme les princes fouverains , bien qu’établis par jordre
fie Dieu , n’ont aucune part au facerfioce de la loi nouvelle : ainfi les
évêques n’ont-reçu de Jéfus-Chrift aucun pouvoir fur les chofes temporelles.
En forte qu’ils font entièrement fournis aux princes a cet
égard, comme pour le fpirituel les princes font entièrement fournis aux
évêques. Voilà les maximes de la fainte antiquité, que nous voïons en
leur entier au huitième fiecle dans la fécondé lettre du pape Grégoire
III. à Léon Ifaurien. Le pape Nicolas I. les alleguoit encore au fiecle hi/l. I™. u n .
fuivant, écrivant à l’empereur de Conftahtinople. Ayant Jefus-Chrift, ” • s
d it - il, il y avoit des rois qui étoient auffi prêtres, comme Melchife- N ic , e f . g. 8.
déc. Le diable l’a imité en la perfonne des. empereurs païens qui cnt. p- î*4- B-
étoient fouverains pontifes : mais après la venue de celui qui eft verita- '! ■ ■ L- "• 4*-
. blement roi & pontife, l’empereur ne s’eft plus attribué les droits du
pontife, ni le pontife les droits de l’empereur. Jefns-Chrift a fépare les ^
deux puiffances : en forte que les empereurs chrétiens euffent befoin
des pontifes pour la vie éternelle, & que les pontifes le ferviflenr des
loix des empereurs pour la vie & les affaires temporelles. Ainfi parloir
. le pape Nicolas, que perfonne n'accufe d’avoir négligé les droits de fon
fiege. ,
Mais depuis que les évêques fe virent feigneurs & admis en part du gou- x .
vernement des états, ils crurent avoir, comme évêques, ce qu'ils n’avoient
que comme feigneurs : ils prétendirent juger les rois, non feulement dans
le tribunal de la penitence, mais dans les conciles ; & les rois, peu inftruits
de l e u r s droits, n’en difeonvenoient pas : comme je l’ai rapporté, entre au- uifi. lm. xux.
très, de Charles le Chauve & de Louis d’Outremer. La ceremonie du fa- »■4<i- l u .... u .
cre, introduite depuis le milieu du huitième fiecle,Jcrvit encore de pre- 1 •"•5
texte *. les évêques én impofànt la couronne, fèmbloient donner le roïaume
de la part de Dieu. . , ,
Dès auparavant je trouve un attentat notable fur la dignité roiàle,
que je compte pour le premier. C e il la dépoficion de Vamba roi des l-v, xi. k .ij.
Vifigoths en Efpagne au douzième concile de Tolede lan 681. fpus
b ij