
-------------- 3 54 H i s t o i r e E c g l e s i a s t i q u e .
A n. 1077. res ecclefia-ftiques. Manaifes y fut accufé par le cierge
de Reims, comme fimoniaque 8c ufurpateur de cette
églife ; 8c il fut fufpendu de fes fon¿lions , parce
qu'aïant été appellé au concile pour fe juftifier, il n’y
comparut point. Qyand les chanoines de Reims qui
1 avoient accufé retournèrent du concile, il leur tendit
des embûches , 8c enfin brifa leurs maifons, pilla leurs
biens, 8c vendit leurs prébendes. Enfuite aïant reçu
des lettres du pape pour aller fe purger dans un concile
avec fix évêques, il prit le chemin de Rome.
L’églife de Lion étoit vacante par la retraite de l’archevêque
Humbert , qui aïant été chaifé comme fi-
moniaque , s’étoit fait moine à faint Claude dans le
mont-Jura. C ’eft pourquoi à la cinquième journée du
concile d’Autun, Geboüin archidiacre de Langres,
qui accompagnoit ion évêque, fut élu archevêque de
Lion, fuivant le defir des clercs 8c des laïques de la
même églife , qui étoientprefens, Ôt du confentement
de tout le concile, C étoit un homme de grande probité
8c de moeurs exemplaires : on le tira de.l’autel ou
il s’étoit réfugié, 8c on le garda pour être facré le dimanche
fuivant. L’évêque de Langres 8c ceux de fon
clergé qui étoient prefens, furent affligez de ce qu’on
leur enlevoit un fi bon fujet ; 8c le lendemain fixiéme
jour du concile, l'évêque fe leva au milieu de l’afTem-
bléc , 8c fit un difcours éloquent, où il ie plaignit
qu’on lui avoit arraché fon oeil droit; fuivant le ftile
des canons, qui nomment l’archidiacre l'oeil 8c la main
de l’évêque.
Enfuite il parla du monaftere de faint Bénigne de
Dijon, dont l’Abbé Adalberon etoit mort la même
année. Ce monaftere étoit fort déchû depuis la mort
L i v r e S o i x a n t e D e u x i e’ m e. 355
de l’illuftre abbé Guillaume. Il avoit perdu une grande
partie de ion temporel, par la négligence de.s ab-
bez 8c la violence de Robert premier duc de Bourgogne
, aïeul de Hugues alors régnant; 8c la diminution
du-temporel avoit attiré le relâchement de l’ob-
fervance L’evêque de Langres reprefenta donc le trifte
état de ce monaftere , d’où autrefois on avoit tiré des
prélats pour plufieurs égli fes ,8coù il ne fetrouvoit
pas même alors un fujet capable de le gouverner. Le légat
lui aïant dit de nommer celui des aififtans qu’il
croïoit digne de cette place : il demanda Jarenton
prieur delà Chefe-Dieu, qui étoit venu au concile fe
plaindre des injufticesque l’onfaifoit à fon monaftere;
8c l ’évêque de Langres , qui l’avoit connu feculier,
avoit été fort édifié defa converfion. Après quel’évê-
que l’eut demandé, il s’efforça de s’enfuir fecretement
à la faveur du tumulte que faiioient les moines de fa
fuite pour s’oppofer à cette élection : mais comme il
s’échapoit il fut pris pleurant8cfenfiblement affligé,
8c ramené dans le concile , où on le remit à l’évêque
de Langres qui le fepara des fiens, 8c le fit garder ioi-
gneufement. Les moines de faint Benigne donnèrent
leur conlentement, 5c le dimanche fuivant dix-feptié-
mede Septembre 1077. Geboüin fut facré archevêque
de Lion par le léga t , 8c Jarenton fut beni comme abbé
de faint Benigne par l’évêque de Langres, puis le
concile fe fepara-
On jugea dans ce concile d’Aurun plufieurs autres,
évêques de France , comme il paroîc parune lettre du
légat Hugues de Die, où il en rend compte au pape en.
ces termes : Nous vous prions de vouloir bien nous
écrire vôtre fentiment touchant la difpofition des-
Y y i j
A n. 1077.
Sup. l iV . L IX .,
w/ir.
îom. x . concil,
M - 3 ¿ 4-