
An. io?8.
t iv.
S. Anfelme
Veut renoncera
l’épifcopat.
JEdmer.it Uov» n- 31,
6 5 8 H i s t o i r e E c o i e s i a s t i c î o é :
prince de Capouë , promit de lui donner entrée dans
1 armee du duc, dont il commandoit la garde avancée.
La nuit même que cette trahifon devoir s'exécuter
, le due Roger vit en dormant faint Bruno, qui
lui dit de fe lever prorpptement 8c prendre fes armes,
s il vouloit fe fauver lui 8c Ton armée du péril
qui le menaçoit. Le duc s’éveilla fort allarmé , fit
monter a cheval quelques-uns des ilens, qui trouvèrent
Scrgius fuïant avec fa troupe ; 5c en aïant pris
la plus grande partie, reconnurent la vérité de la
trahifon, A près la prife de Capouè j le duc vint hurla
fin de Juillet à Squillace , ou il demeura quinze
jours malade. Saint Bruno l’y vint voir avec quatre
de fes freres pour le confoler. Le duc lui raconta fa
v ifion , & lui rendit grâces du foin qu’il avoit eu de
prier pour lui en fon abfence. Le faint homme répondit
: ce n’efl: pas moi que vous avez vû , c’effc
I ange de Dieu qui accompagne les princes pendant
la guerre. Le duc le pria de recevoir de grands reve-,
nus de fon domaine de Squillace : mais le faint répondit
: J ai quitté la maifon de mon pere 8c la votre
pour fervir Dieu , étant dégagé de toutes les chofes
extérieures. Enfin, il reçut le monaifere de faint Jacques,
avec le chateau; 8c c’eft dans l’aéte de donation
que le duc Roger raconte cette hiftoire.
Après le fiege de Capouë le pape paffa à A v e r fe ,
6c Anfelme l’y fuivit. Là confiderantles peines d’ef-
prit 8c les perfecutiohs qu’il avoit fouffertes en A n gleterre
, prefque fans aucun fruit ; 8c au contraire.,
de quelle tranquillité il joüiifoit, 8c avec quel fucr
ces il etoit écouté de tout le monde , depuis qu’il
etoit forci d’Angleterre : il conçut un grand defir de il
L ï v r e S o i x a n t e -Q_u a t r i e ’me . £ 5 9 -----------------
n’y plus retourner , 8c de renoncer à l'archevêché. Il AN.1098.
fe fortifia dans cette refolution, par le peu d’efpe-
rance de pouvoir jamais vivre avec le roi Guillaume,
dont il apprenoit tous les jours de plus mau-
vaifes nouvelles , 8c des marques d’un prince , non-
feulement injuite, mais fans religion. Il alla donc
trouver le pape , 8c après lui avoir expofé fes peines ,
il le pria d’avoir compafhon de lui 8c le décharger
de 1 ëpiicopac. Le pape fe recria : Voilà ce grand évê- ».|+.
q u e , ce grand pafteur. Il n’a pas encore répandu de
fan g , 8cil veut abandonner fon troupeau. Dieu vous
prcferve > mon frere , de fuccomber à cette tentation ;
ôc fâchez que loin de vous accorder ce que vous de-"
mandez, je vous ordonne de la part de Dieu 8c de
faint Pierre, de retenir autant qu’il vous fera poifi-
ble le foin du roïaume d’Angleterre, quand même
la tyrannie du roi vous empêcheroit d’y retourner .-
8c vous garderez l’autorité 8c les marques de l’épifcopat
en quelque lieu que vous foïez. Anfelme fe
fournit, 8c le pape lui ordonna de fe trouver à B a r i,
pour le concile qu’il devoit y tenir le premier jour
d’Oétobre, où il lui feroit juftice du roi d’Angleterre
8c de tous ceux qui s’oppofoient à la liberté de Pégli-
fe. Anfelme retourna cependant à fa folitude de Scla-
vie , 8c afin de pratiquer l’obéiifance, il fe fit donner
pour fuperieur par le pape le moine Edmer qui l’ac-
compagnoit : enforte qu’il ne faifoit pas la moindre
choie fans fa permiffion , jufques à n’ofer fe retourner „ M*lnusi-it
r i - Fontiup x iÿ , dans Ion lu. ,
Le pape aïant appris , que le duc de Calabre 8c le LV- „
comte de Sicile fon oncle étoientà Salerne , les y-vint sic.ie°narc e c
trouv er, 8c s’entretint familièrement avec le comte ,
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