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donné en dot des terres de l’églife. Le pape Nicolas II.
averci de ce fcandale, avoit cité à Rome Johonée ,
mais inutilement : Grégoire VII. le dépofa, 8c l’églife
de Dol lui envoïa pour être ordonné a fa p la c e , un
jeune homme nommé Geldoüin chanoine de Dol ,
qu’ils avoient élu. Il étoit de grande naiflance 8c de
bonnes moeurs ; mais comme il n’avoir pas l’âge porté
par les canons, ni la maturité neceftaire pour l’épif-
copat, le pape Grégoire refufa de l’ordonner : 8c du
confentement de Geldoüin même, 8c de ceux qui l’ac-
compagnoient, il ordonna évêque de Dol Even abbé
de faint Melagne , qui étoit de la même députation ,
homme fage 8c vertueux. Il ne s’attendoit à rien moins,
& il fallut, le forcer à accepter i’épifcopat : c’eft ce
qui paroît par la lettre du pape au clergé 8c au peuple
de Dol ; en date du vingt-feptiéme de Septembre
1076. 8c par la lettre à Guillaume roi d’Angleterre ,
dont la Bretagne re le v o it, étant un arriéré-fief de la
Normandie.
Comme l’évêque de Dol étoit en poffeflion depuis
deux cens ans du titre d'archevêque, 8c de la jurifdR
d ion fur les évêques de Bretagne , le pape lui donna
le pallium, 8c écrivit â tous les évêques de la province
de lui rendre obéifTancc, fans préjudice toutefois des
droits de l’archevêque de T o u r s , qui fe prétendoit
toujours métropolitain de la Brétagne. Cette précaution
n’empêcha pas que Raoul archevêque de Tours ,
ne fe plaignît de ce que le pape avoit accordé le pallium
a l’évêque de Dol : fur quoi le pape lui répondit
: Les feigncurs du pais aïant envoïé nous demander
un évêque pour ce fiege , 8c déclaré qu’ils voulaient
renoncer à l ’ancien abus de donner l’inveftiture,
fie
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8c de prendre de l’argent pour l'ordination des évêques
: nous avons reçu leur offre avec joie , 8c avons
crû leur devoir accorder ce qu’ils demandoient. Mais
vous pouvez voir par nos lettres les précautions que
nous avons prifes pour conferver la dignité de l’églife
de Tours. C ’eft pourquôi vous devez attendre, fans
murmurer , l’examen 8c la décifîon de cette affaire ,
qui fe fera bien-tôt comme nous efperons, foit fur les
lieux, foit à Rome en nôtre prefence.
Johonée chaffé de Dol s’efforçoit toujours d’y rentrer
, fe plaignant d’avoir été dépofé injuftemenc ; 8c
fit écrire au pape en fa faveur par le roi d'Angleterre,
a qui le pape répondit : Nous croiïons cette affaire
terminée; mais pour vous montrer l’attention que
nous faifonsâ vôtre prière , 8c de peur d’avoir été
furpris, ce que nous ne croïons pas, nous avons re-
folu d’ envoier fur les lieux Hugues évêque de D ie ,
Hubert foudiacre de l’églife Romaine 8c le moine
T eu zo n , qui a déjà pris connoiffance de cette affaire,
pour l’examiner encore fbigneufement 8c vous la faire
connoure ; ne doutant point que vous ne vous rendiez
à ce que demande la juftice ; car nous favons qijic
vous êtes principalement recommandable par cette
vertu : La lettre eft du vingt-uniéme de Mars 1077.
L’annéefuivante le pape écrivit ¿quelques feigneurs
Bretons, que l’archevêque Even s’étoit préfentéà lu i,
mais que la caufe n’avoit pû être jugée par l’abfence
de ion compétiteur. C ’eft pourquoi, ajoûte-t-il, nous
avons envoïé toute cette affaire à Hugues d eD ie notre
légat, qui doit celebrer un concile en France ; où
nous vous prions de faire aflîfter les évêques , les ab-
bez 8c les autres perfonnes neceffaires pour faire termi-
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