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# “* évêque d’Aufbourg Ton principal miniftre, & par-
A n . i o é i . i0ient mal ¿ e la familiarité quelle avoit avec ce prélat.
Lambert, an. A nnon archevêque de C ologne, de concert avec
quelques autres,enleva le jeune roi âge alors de dix ans,
avec la fainte lance & les ornemens impériaux,& l’emmena
à Cologne.
Vita S, Ann. Annon qui en étoit archevêque depuis ilx ans na-
Lanb. an. 1075. quit dans la haute Allemagne , d’une famille medio-
p.uÿ.&c. cre . mais honnête. Son oncle chanoine de Bamberg
l’y emmena, & l’y fit étudier avec tant de fuccès, qu’il
gouverna l’école de cette églife. Sa réputation s étant
étendue jufqua l’empereur Henri le n o ir , il le fit venir
auprès dé lu i , lui donna le premier rang dans fes
bonnes grâces entre tout le clergé de fa cour , & le fit
prévôt de Goflar , qui étoit une place de faveur. A n -
non s’attira l’amitié du prince & de tous les gens de
bien , par fon pur mérité,fa do£trine,fon amour pour
la juftice & fa liberté à la foûtenir. Il avoit auili les
avantages du dehors, la belle taille, la bonne mine,
la facilité à parler : il favoit fe paifer au befoin de nourriture
& de fommeil, &c avoit toutes les difpofitions
naturelles à la vertu. ,
Herman II. archevêque de Cologne étant m o r t;
l’empereur choifit Annon pour lui fucceder , & lui
donna la verge & l’anneau paftoral : mais il ne fut
pas reçu à Cologne fans contradiction, & quelques-
uns ne le trouvoient pas d’utle naiiTance aifez relevée
, pour remplir un fiege qu’avoit occupé Brunon
frere de l’empereur Otton. Toutefois la volonté de
l ’empereur l’emporta , & Annon fut facré folemnel-
uerm.ô'Lamb. lement le dimanche troifiéme jour de Mars 1056. Sa
conduite juftifia le choix de l ’empereur 5 & bien-tot
il fe diftingua entre tous les feigncurs du roïaume, An< ig6i>
par fa vertu autant que par fa dignité. I f s acquit-
toit également bien de fes devoirs dans l’eglife & dans
l’état t &c porta pour le moins aufli loin que fes prede-
ceifeurs la dignité extérieure du fiege de Cologne. Cependant
il n’en avoit pas moins d application aux exercices
fpirituels. Il jeûnoit fréquemment : il paffoit en
priere la plûpart des nuits, & vifitoit les egliles nuds
pieds, fuivi d’un feul domeftique. Il faifoit quantité
d’aumônes & de grandes liberahtez aux clercs ,
aux moines & aux pelerins. Il ne laiiTa aucune communauté
dans fon diocefe , qu’il n’eût gratifiée de terres
& de penfions ou de bâtimens : & il paifa pour confiant
, que depuis la fondation de 1 eglife de Cologne
jamais évêque n’çn avoit tant augmenté les biens & la
dignité.
Il rendoit la juftice à fes fujets avec une. droiture
parfaite. Il prêchoit avec tant de force , q u il tiroit
des larmes de ceux dont les coeurs etoient les plus
durs ; & à tous fes fermons l’églife retentiifoit des
gemiifemens du peuple. Il fonda a Cologne deux
monafteres de chanoines , & en divers lieux trois de
moines , dont le plus fameux fut celui de Sigeberg.
Mais voïant que la difcipline etoit extrêmement
relâchée par toute l’Allemagne, il craignoit que les
grandes dépenfes qu’il faifoit pour ces fondations ne
fuifent mal emploïées. Allant a Rome pour dés a ffaires
d’état , il paifa au monaftere de Frutare en sup.i.Liy^n.
Lombardie, 011 il admira la régularité des moines,
& en amena quelques-uns qu il mit a Sigeberg. A
fon exemple , les autres évêques d Allemagne reformèrent
la plûpart des monafteres, par des moines
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