
— *------ 5 5 5 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j u e .
A n .1091. doüaire : étant refolu d’époufer Bertrade , quoiqu’elle
cbr.s. p.viw. eût été quatre ans avec le comte d’Anjou : c’étoit en
1091.
Le roi aïant voulu faire entrer Ives de Chartres
epiji. 13. ¿ ans fon deflein, ce prélat en écrivit ainfi à Renauld
archevêque de Reims : Le roi m'invita dernièrement
à une conférence, où il me pria inftamment de lui
aider dans le mariage qu’il vouloir faire avec Bertrade.
Je lui répondis, qu’il ne le devoit pas faire, parce
que la caufe d’entre lui 8c fon époufe n’étoit pas encore
terminée. C ’eft que le roi prétendoit faire, caifer
fon mariage avec Berte. Ives continue : Le roi m’af-
fu ra , que la caufe étoit pleinement décidée par l’autorité
du pape., par la vôtre' 8c par l’approbation des
évêques vos confrères. Je lui répondis ,, que je n’en
avois point de connoiifance, Sc que je ne voulois point
affilier à ce mariage, s’il n’étoit célébré par vous 8C
approuvé par vos confrères : parce que ce droit appartient
à vôtre églife par la conceilion du pape 8c
ï’ancienne coutume. Comme donc je m’affure, que
dans une affaire fi dangereufe 8c fi pernicieufe à vô tre
réputation Sc à la gloire de tout le roïaume , vous
ne ferez rien qui ne foit appuïé d’autorité ou de rai-
ion , je vous conjure inftamment de me dire la vérité
de ce que vous en favez , 8c de me donner un bon
confeil, quelque difficile qu’il foit à fuivre. Car j ’aime
mieux perdre pour toujours.les fonétions 8c le
titre d’évêque que de fcandalifer le troupeau du Seigneur
par ma prévarication.
jj. Il écrivit auffi au roi en ces termes : Te vous écris
ce que je vous ai dit en préfence , que je ne veux ni
ne puis affifter à la folemnité de ces noces, fans être
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alluré auparavant, qu’un concile général a approuvé
votre divo rce , Sc que vous pouvez contracter avec
cette femme un mariage légitimé. Si j’avois été ap-
pellé pour l’examen de cette affaire en un lieu où je
puffe fùrement en deliberer félon ies canons avec les
évêques mes confrères fans craindre la multitude
indilcrete , je m’y rendrais volontiers, Sc je ferois
avec les autres ce que nous diéteroit la juftice. Maintenant
que je fuis appelle pour me trouver à Paris
avec votre époufe, dont je ne fai fi elle peut l’être ■:
ma confcience que je dois conferver devant D ieu, Sc
ma réputation que je d o is , comme évêque , avoir
bonne au dehors , font que j ’aime mieux être précipité
une meule au cou , que de fcandalifer les foibles.
Et loin que je croie , en parlant ainfi, manquer à la
fidélité que je vous dois, c’eft en quoi j’eftime vous
être le plus fidele : croïant qu’en cette rencontrevous
faites grand tort à votre ame, Sc expofez votre roïaume
à un grand péril. Ives envoïa copie de cette lettre
aux archevêques 8c aux évêques invitez aux noces
du roi : les exhortant à s’en retirer, 8c à lui parler hardiment,
pour ne fe pas rendre coupables par leur fi-
lence.
Mais nonobftant ces remontrances, le roi paffa
outre : il époufa folemnellement Bertrade , Sc ce fut
l’évêque de Senlis qui leur donna la benediéfion nuptiale.
Le roi , pour marquer à l’évêque de Chartres
fon reffentiment, le fit défier, c’eft-à-dire , qu’il lui
déclara la guerre, félon l’ufage du tems : après quoi
les terres de fon égliie furent pillées, 8c lui-même mis
en priion , par Hugues leigneur du Puifet vicomte
de Chartres. Le pape Urbain l’aïant appr-is , écrivit
Z z z ij
AN.1092..
14-
Ivo, ep. 19. i l ,
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ep.] y, to.x.conc.
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