
------------------------- c$6 H i s t o i r e E c c i e s i à s t i q u e :
An. 1098. par quelle raifon ou par quelle neceflîté Dieu s’eft fait
homme : Sc a rendu la v ie au monde par fa mort,
puifqu’ille pouvoir faire par un autre, foit un an g e ,
l’oit un homme, ou par fa feule volonté.
Anfelme avoit commencé cet ouvrage en Angleterre
pendant le fort de fa perfecution ; & l'acheva
dans cette retraite. Il le divifa en deux liv re s , dont
le premier contient les objeélions des infidèles, avec
les réponfes > & lailfant à part Jefus-Chrift, comme
fi jamais il n’en avoit été queftion , on y prouve par
des raifons concluantes, qu’il eft impoflible qu'aucun
homme foit fauvé fans lu i; c’eft-à-dire, fans un
Dieu fait homme. Dans le fécond livre on montre
de même par raifonnement, que l’homme a été fait
pour jouir quelque jour en corps &c en ame, d’une
immortalité bienheureufe , mais qu’il ne peut y arriver
que par un homme-Dieu : d’où s’enfuit que tout
ce que nous croïons de Jefus-Chrift, doit être necef-
fairement. C ’eft ainfi qu’Anfelme explique lui-même
fon deilein. Les infidèles dont il parle, devoient
être les Juifs répandus alors par toute la Chrétienté
& 1 es Mufulmans d’Efpagne : car pour ceux d’O r ien t,
le commerce n’étoit point encore établi avec eu x ,
chr. Beu. an. comme ft f ut depuis les croifades. Cet ouvrage eft en
forme de dialogue enrre Anfelme & le moine Bofon,,
qui fut depuis abbé.du Bec ; & le myftere delà fatisfa-
éfcion de Jefus-Chrift pour le genre humain y eft traité
ç. ie. à fonds.
Dans le fécond liv r e , Bofon propofe cette queftion
: Comment Dieu a-t-il pris la nature humaine
de la mafle corrompue du genre humain ? Car bien
que fa conception foit pure, la Vierge toutefois ,
L i v r e S o i x à n t e -Q.ü à T R ie ’i'Îe. ¿ 5 7 ---------—
dont il a tiré fon humanité a été conçue dans le pé- An. 1098.
ché originel, parce qü’elle a elle - même péché en
A dam, en qui tous ont péché. Anfelme répond:
que puifqu’il eft confiant que cet homme eft Dieu
& l’auteur de la réconciliation des péchez , il n’y a
pas de doute , qu’il eft abfolument fans péché : &
que nous ne devons pas nous étonner, fi nous ne pouvons
comprendre comment il â été tiré fans péché
de la maffe pécherefle. Mais il ne répond rien à la
propofition touchant le péché originel de la fainte
Vierge. Seulement il dit enfuite, qu’elle a été du
nombre de c eu x , qui ont été purifiez du péché par c.e„d.&feq.
Jefus-Chrift.
Pendant ce féjour de Sclavie Anfelme fut vifité n 11.
par plufieurs perfonnes , que fa réputation attiroit pô T ca'
pour recevoir fes confeils , & qui retournoient mer-
veilleufement fatisfait. Roger même duc de Poüille ,
qui faifoit alors le fiege de Capouc , le pria de l’y ve- c. s.
nir trouver, & le reçut avec tous les témoignages
poffibles de refpeét & d’amitié. Le pape vint auili Gj,ufr- M“leac-
\ f J C • \ . • • 1 Ü l e' a ce liege , elperant de raire la paix : mais il ne
put y réuflîr , & Anfelme demeura auprès de lui
dans le voifinage de Capouë , jufques à ce qu’elle fe
fût renduë au duc Roger. La plupart de ceux qui
venoient voir le pape, venoient auifi voir Anfelme,
autant recherché pour fa vertu , que le pape pour fa
dignité. Les pauvres qui n’ofoient approcher du pape
s’adreiToicnt à Anfelme-, & il étoit honoré même des
Sarrafins, que le comte Roger oncle du duc avoit
amenez de Sicile.
Le duc R oger avoit à ce fiege deux cens Grecs com- ü ü
1 0 f n • • / 1 6*OSlobr.&Ba- mandez par un nomme Sergius, qui gagne par le r on, 1057.