
A n. 1098. avec honneur ; 8c de fon vivant on n’ofa pas ordonnera
Antioche de patriarche Latin , pour ne pas mettre
deux évêques dans un même fiege contre les canons.
Toutefois environ deux ans après, le patriarche v it
bien lui-même qu’étant Grec , il ne pouvoir pas utilement
gouverner des gens du rit Latin, 8c fe retira à
C. P. Après quoi le clergé Sc le peuple d’Antioche
élut pour patriarche Bernard , évêque d’Arta en Epire
qui avoit fuivi âlacroifadel’évêque du Pui en qualité
de chapelain. Dès letems delà réduétion d’Antioche
oii établit des évêques dans les villes voifines, qui
avoient des églifes cathédrales. Quant à la feigneurie
temporelle , elle demeura à Boëmond avec le titre de
prince.
Lib.vii.c.1.1. Incontinent après la réduction d'Antioche , il s’y
mit une maladie contagieufe qui emporta entr’autres
le légat Ademar évêque du P ui, 8c il fut extrêmement
regretté. Les croifez crioient que l’on marchât
inceiTa-mment à Jerufalem -, mais les fçigneurs jugèrent
à propos de les laiifer rafraîchir , ;8c remirent le
Mîfceii. Baitui. voïage au mois d’Oétobre : Cependant ils écrivirent
une lettre où Boëmond eft nommé le premier,
puis le comte de Touloufe , le duc Godefroi,
le duc de Normandie , le comté de Flandre, le comte
de Boulogne. Ils racontent la prifed’Antioche , comment
ils furent eux-mêmes affiegez enfuite , 8c délivrez
après la découverte de la fainre lance ; enfin la
mort de l’évêque du Pui arrivée le premier jour
d'Août ic’éft pourquoi ils prièrent le pape devenir lui-
même ièi mettre à leur tête , dans la ville où le nom
Chrétien à commencé , 8c où faint Pierre a mis fa
premierechairc. Nous: avons, ajoutent-ils, vaincu les
. | Turcs
L i v r e S o i x a n t e - Q j j a t r i e ’m e . 66y
Turcs 8c les Païens, c’eft à vous à vaincre les hérétiques,
Grecs, Arméniens , Syriens 8c Jacobites i 8c
venir nous conduire à Jerufalem. Ils fe plaignent
enfuite, qu'il accorde à quelques croifez difpenfe
de faire le voïage ; 8c l’avertiiTent , que l’empereur
de C. P. ne leur a point tenu ce qu’il leur avoit promis.
La lettre eft de l’onziéme de Septembre. Le
pape fe contenta de leur envoïer un légat à la place
du défunt évêque du Pui; 8c ce fut Daïbert archevêque
de Pife.
Quelque tems après on révoqua en doute la vérité
de la fainte lance ; que l’on prétendoit avoir été
trouvée à Antioche ; 8c plufieurs foûtenoient, que
c’étoic un artifice du comte de Touloufe 8c une invention
intereiTée. Le principal auteur de ce foup-
çon étoit Arnoul chapelain du duc de Normandie,
homme lettré , mais corrompu dans fes moeurs 8c
brouillon. Comme l’on difputoit beaucoup fur ce
fuje t, Pierre Barthelemi, qui prétendoit avoir eu la
révélation, demanda à fe juftifier par l’épreuve du
feu. On alluma donc un bûcher terrible, 8c tout le
peuple s’aflembla à ce fpeélacle le vendredi faint
huitième d’Avril 1099. Pierre Barthelemi , quoique
clerc , avoit peu de leurres 8c paroifloit un homme
iïmple. Après avoir fait fa priere, il prit la fainte
lance 8c paila par le feü , d’où le peuple crut qu’il
étoit forti fain 8c fauf. Mais il mourut peu de jours
après : quoi qu’il fe portât très bien avant cette épreuve.
Quelques-uns attribuoient la caufe de fa mort à
l ’empreiTement du peuple , qui s’étoit jette fur lui en
foule au fortir du bûcher par dévotion. Enfin cette
épreuve fut inutile pour décider la queftion ; 8c il
Tome XIII. O o o o
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