
A n . i o j4
IX.
Excommunication
de Michel
Cerulaiiûs.
Math» X» 14.
E x . IV . u .
18 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
' Auffi-tôt à la pourfuite des légats, l’empereur fit brû-
' 1er en preience de tout le monde le livre de Nicetas ; &
on fe retira. Le lendemain Nieetâs alla trouver de fon
bon gré les légats hors de la ville au palais de Pige où
ils demeuraient ; 8c aïant reçû d’eux la folution parfaite
de fes difficultez , il anathematifa encore volontairement
tout ce qu’il âVoit dit ou fait ou entrepris
contre le faint fiege. Ain fi ils le reçurent en leur communion
, & il devint leur ami particulier.
Au refte tout ce que les légats avoient écrit contre les
diverfes calomnies des Grecs, principalement contre
les écrits de Michel de C . P. de Léon d’A cride , 8c du
moine Nicetas, tout cela fut traduit en grec par ordre
de l’empereur & gardé à C . P. Cependant comme le
patriarche Michel ne vouloit ni parler aux légats ni
même les voir : ils allèrent à fainte Sophie le iamedi
feizieme de Juillet à l’heure de Tierce comme le cierge
étoit préparé pour la meffe;& après s’être plaints de
1 obftination de Michel, ils mirent fur le grand autel
un adte d’excommunication en prefence du clergé 8c
du peuple. Et étant fottis auffi-tôt, ils fecouerent la
pouifiere de leurs pieds fuivant l’évangile, pour leur
fervir de témoignage en criant : Que Dieu le voie 8c
qu’il juge. Enfuite aïarit réglé les églifes des Latins
qui étoient à C . P. & prononcé anathême contre tous
ceux qui déformais communieroient de la main d’un
Grec blâmant le facrifice des Latins, ils prirent congé
de l’empereur avec le baifer de paix ; & reçurent fes
prefens tant pour faint Pierre que pour eux : puis ils
partirent contens le dix-huitiéme de Juillet pour retourner
à Rome.
Deux jours après comme ils étoient à Selinbrie ils
L i v r e s o i x a n t 1 e’m e . Q
reçurent une lettre de l’empereur , qui les appelloit à ' .
C . P. à l'inftante priere de Michel Cerularius, qui pro-
mettoit enfin de conférer avec eux. Ils revinrent donc
le même jour en diligence au palais de Pige. Michel
aïanc appris leur retour, voulut les obliger à fe trouver
le lendemain à fainte Sophie, pour tenir un concile:
prétendant les y faire affommer par le peuple , à qui il
montrerait leur a£te d’excommunication, qu’il avoit
falfifié en le ttaduifarit. Mais l’empereur prévoïant fa-
gement ce péril, ne voulut point qu’on tînt de concile
qu’il n’y fût prefent ; 8c commç Michel s’y oppofoit
abfolument, l’empereur fit auffi-tôt partir les légats.
Michel irrité d’avoir manqué fon coup , excita contre
l ’empereur même une grande fédition , fous prétexte
qu’il avoit été d’intelligence avec les légats. En forte
que l’empereur fut contraint de faire foüetter & empri-
fonner Paul 8c fon fils Smaragde interprètes des Latins
, & de les livrer à Michel : ainfi le tumulte fut ap-
paifé. Mais l’empereur envoïa après les legacs , qui
étant déjà chez les Ruffes lui envoïerent un exemplaire
fidele de l’excommunication. Ainfi Michel fut
convaincu de l’avoir falfifiée : de quoi l’empereur fortement
irrité contre lui , ôta les charges à fes amis 8c à
fes parens 8c les*chaffa du palais.
L’excommunication dont il s’agit portoit en tête le
nom des légats 8c contenoit en fubftance : Nous avons
été envoïez par le faint fiege de Rome en cette ville
impériale, pour connoître la vérité des rapports qu’on
lui en avoit faits , 8c nous y avons trouvé beaucoup
de bien & beaucoup de mal. Car quant aux colomnes
de l’empire, les perfonnes eonftituées en dignité 8c les
fages cjtoïens, elle eft très-chrétienne & très-orthodo-
C ij
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