
A n . 1071
tpi fi. t.
LIII.
Moines aux cathédrales
d'Angleterre.
^ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
demande fi jufte & fi neceflaire. Et enfuite : Si vous
croiez la devoir refufer pour l’utilité des autres, vous
devez craindre qu’en penfant mériter devant D ieu ,
vous ne vous rendiez coupable. Car je ne fais en ce
pais aucun profit aux ames, ou il eft fi p etit, qu’il
neft pas comparable à la perte que je fouffre. Il conclut
en priant le pape de prier pour la longue vie du
roi d Angleterre. C a r , ajoûte-t-il, de fon vivant nous
ayons quelque forte de paix : mais après fa mort nous
n efperons ni paix ni aucun bien. Lanfranc n’obtint
pas la liberté qu il defiroit, 6c il demeura archevêque
toute fa vie.
^ Dans 1 autre il confulte le pape au fujet de deux
évêques d’Angleterre. Herman de Vinceftre avoit
déjà quitté autrefois 1 epifeopat. pour embraifer la
vie monaftique, 6c le vouloit quitter encore, parce
qu étant accable de vieilleile 6c de maladie , il ne cher-
choit qu’a fe préparer à la m o r t, ce que Lanfranc
jugeoit raifonnable. L'autre étoit l’évêque de Lich-
feld qu il ne nomme pas, qui étant accufé devant les
légats du pape de concubinage public & d’autres crimes,
ne vint point au concile où il étoit appellé & fut
excommunie. Enfuite il vint trouver le roi tenant la
cour a la fete de Pâques, 6c dans l’aflemblée des évêques
6c des feigneurs, lui remit levêché , & fe retira
dans un monallere où il avoit été élevé dçs l’enfance.
Lanfranc déclaré qu’étant encore peu inftruit des affaires
d’Angleterre , il n’ofe facrer un évêque à la place
de celui-ci, jufques à ce qu’il ait reçu l’ordre du
pape.
Enfin Lanfranc obtint du pape Alexandre II. la
confervation des moines dans les cathédrales d’An-
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gleterre. Ils y étoient, comme nous avons vu , dès la
fondation de ces églifcs -, mais les clercs feculiers en
étoient jaloux , 6c ils voulurent profiter du changement
de domination , pour entrer en leur place, par
l’autorité du nouveau roi. Car il avoit tiré d’entre le
clergé prefque tous les évêques qu’il avoit mis en
Angleterre. Les clercs fe tenoient fi affùrez de réuf-
fir , que Vauquelme évêque de Vincheftre avoit déjà
raifemblé près de quarante clercs'qu’il tenoit tout prêts
avec la tonfure 6c l’habit de chanoines. Il ne reftoit
qu’à obtenir le confcnrement de Lanfranc qu’il croïoit
facile : mais il y fut bien trompé. Car Lanfranc aïant
appris le deifein de l’évêque,en eut horreur, Sc déclara
que de fon vivant on ne l’executeroit jamais. On fit de
plus grands efforts pour chafTer les moines de faint Sauveur
de Cantorberi, qui étoit l’églife primatiale : car
on alleguoit la dignité de cette églife , qui avoit l’inf-
peétion fur toutes les autres, 6c plufieurs fondions
plus convenables à des clercs qua des moines. Lanfranc
s’y oppofa vigoureufement, nonobftant l’autorité
du roi 6c le confentement des feigneurs ; 6c craignant
qu’après fa mort on ne fit ce changement qu’il
efperoit bien empêcher pendant fa v ie , il fit confirmer
l’ancienne poifeffion des moines par l’autorité du
pape.
Nous avons la conftitution du pape Alexandre
fur ce fujet ; elle eft adreffée à Lanfranc , mais le pape
ne marque point qu’elle foit donnée à fa priere.
Il dit feulement avoir appris que quelques clercs avec
le fecours de la puiffance feculiere, veulent chafTer les
moines de faint Sauveur de Cantorberi pour y mettre
des clercs , &c faire le même changement dans
A n . 1071.
A le x , ep'tfl.
ttp. Lunfr. 4.