
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u j :.'' (
A n . 1073 uns/d entre vous veulent entrer dans le même païs fé-
parement avec leurs troupes particulières : ils doivent
fe propofer la caufe de guerre la plus jufte , prenant
dès à prefent une ferme réfolution de ne pas faire
après leurs conquêtes, le même tort à faint Pierre, que
lui font a preient les infidèles. Car nous voulons
que vous fâchiez, que fi vous n’êtes réfolus de faire
païer équitablement en ce roïaume les droits de faint
Pierre, nous vous défendrons d’y entrer, plutôt que
de fouffrir que leglife foit traitée par fes enfans comme
par fes ennemis. Nous y avons envoie le cardinal
Hugues , qui vous expliquera plus amplement nos intentions.
C etoit Hugues le Blanc, que le pape envoïoit en
France & delà en Efpagne, avec le comte de Rouci :
pour tenir la main à l’execution du traité, & corriger
les erreurs des chrétiens du païs. C ’eil ce qui paroît
«ij par la lettre a Giraud évêque d’Oftie , & Raimbaud
foudiacre de l’églife* Romaine légats en France. Le
pape les prie de reconcilier le cardinal Hugues avec
Hugues abbé de Clugni, 8c de prier l’abbé de lui donner
de'fes moines pour l’accompagner en fa légation
d’Efpagne.
Godefroi le boifu duc de Lorraine, avoit écrit au
pape pour fe conjoüir de fon éledion. Le pape lui ré-
9- pond , que c eft pour lui la caufe d’une douleur ame.-
re ; & quil y fuccomberoit, s’il n’étoit aidé par les
prières des perfonnes fpirituelles. C a r , ajoûte-t-il,
tous, 8c principalement les prélats , travaillent plutôt
à troubler l’églife qu’à la défendre ; & ne fongeant
qua fatisfaire leur avarice & leur ambition, ils s’op-
p o fen t, çomme des ennemis, à tout ce qui regarde la
religion
L i v r e s 0 i x a n t e -d e u x i*e’ u e . 1 5 7
religion & la juftice de Dieu , 8c enfuite : Quant au
roi, c’eft Henri roi d’Allemagne , vous pouvez compter
que perfonne ne lui defire plus que nous la gloire
temporelle 8c l’éternelle. Car nous avons réfolu, fî-
tôt que nous en aurons la commodité , de lui envoïer
des nonces, pour lavertir paternellement de ce qui
regarde l’utilité de leglife 8c l’honneur de fa couronne.
S’il nous écoute, nous aurons autant de joïe de fon ià-
lut que du nôtre : s’il nous rend la haine pour l’amitié,
ce qu’à Dieu ne plaife , nous ne voulons pas nous
attirer cette menace : Maudit celui qui n’enfanglante
pas fon épée : car il ne nous eft pas libre de préférer à
la loi de Dieu la faveur de qui que ce foit. Il parle de
même au fujet du roi Henri dans une lettre écrite quelques
jours après à Beatrix comtefle de Tofcane, belle—
mere du duc Godefroi : déclarant qu’il eft réfolu de répandre
fon fang, s’il eft befoin, pour la défeniè de la
vérité.
L’églife de Milan étoit alors en trouble à l’occafion
de Godefroi de C a ftillon , qui du vivant de l’archevêque
G u i, 8c par fon crédit, avoit acheté du roi cet
archevêché, & avoit été facré par les évêques de
Lombardie. La nouvelle en étant venue à Rome,
Godefroi y fut excommunié en plein concile ; & cette
année même 1073. il fut obligé à s’enfuir de Milan ,
8c s’enfermer dans fon château de Caftillon : où il fut
aificgé par un chevalier de Milan nommé Herlam-
baud C o t ta , qui fe déclara chef du parti catholique ,
contre les fimoniaques. C ’eft ce qui paroît par les lettres
du pape Grégoire. Il écrit à tous les fidelles -de
faint Pierre demeurant en Lombardie, c’eft-à-dire à
tous ceux en qui il avoit confiance , de ne favorifer en
Tome X l l l . K k
A n . X073.
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epifl. t .
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Schiihie à M ilan.
Ita l. Sacra. tût
4 - p. 1$6,
ep. ïy .