
A n ro ¡6 ^CS a envo^ es en Efpagne à des orfevres Juifs. Il a
enlevé les livres, les chappes, les dalmatiques & les
autres ornemens -, &c diffipé le clergé, en forte qu’il
n’y relie que des miferables réduits à la mendicité.
Enfin ce qui eft de plus honteux , il s’eft mis fous
la prote&ion de la comteife d’U rg e l, prêtant ferment
entre fes mains : ce qui l’a rendu très-odieux,
non feulement à m o i, mais à tous les nobles du
païs.
Berenger continue fa plainte accufant l’archevêque
d avoir violé la trêve de Dieu , après l ’avoir
jurée , & d’avoir transféré fon fiege dans un village :
au préjudice de la ville métropolitaine, où toutefois
il étoit revenu depuis. Il l’accufe encore de retenir
les droits de fa femme, foeur de l’archevêque : puis
il continue. J’ai voulu m’en rapporter au jugement
des évêques de fa province & de l’archevêque d’Arles
: ce qu’il a refufé. J’ai propofé le jugement du légat
apoftolique & de ce concile : il l’a encore mépri-
fé. Enfin j’ai appellé à faint Pierre & au pape , promettant
d’aller foûtenir mon droit devant lui. Il n’en
a tenu compte, mais il m’a excommunié avec ma femm
e , mes enfans & toute nôtre terre, fi cruellement,
qu’il a défendu d’y donner le baptême , la commun
io n , & la fépulture. Si ce n’étoit la crainte de Dieu
nous ferions peu de cas de l’excommunication d’un
homme que nous connoiiTons chargé de tant de crimes
& anathematifé par le pape V i& o r , avec fix-
vingt évêques. On croit que c e to it dans le concile
de Florence tenu l’année précédente. Berenger continue
: Nous favons que c’cft un fimoniaque , qui a
tendu tous les ordres qu’il a conférés : particulierement
les confécrations d’évêques , qu’il a fait païer ^ jo ~
jufques à la derniere obole. Si vous ne le croïez pas,
demandez à l’évêque de Lodeve & à 1evêque d’Elne ;
& il n’a point voulu confacrer les églifes de ma terre ,
qu'il n’en eût reçu le falaire ; c’eft pourquoi je fais cette
plainte à vous & à Dieu , & vous demande jufticc.
Si je ne l’obtiens je ne tiendrai compte de fon excommunication
, & je ne garderai point de trêve dans ma
terre. Je prie le pape au nom de Dieu & de faint Pierre
de m’abfoudre de cette excommunication & de me faire
juftice de mon évêque : je ne refufe point d’aller ju f ques
à Rome , pour lui il n’ira jamais que lié. On ne
içait point l’effet de cette plainte du vicomte de Nar-
bonne.
L’empereur Henri avoit invité le pape à le venir x x n .
trouver en Saxe, & le reçût à Goflar , où il célébra 1 & reur Henri 111.
fête de la nativité de la Vierge, le huitième de-Septem-
bre io jîj. & la plûpart des feigneurs de fon roïaume Contin. Hcrw*
s’y trouvèrent. L’empereur paffa enfuite à Bothfeld M ^ u n / s c Î i .
où il tomba malade d’affliôfcion des calamitez publi- .
ques. Il demanda pardon à ceux qu’il avoit offenfez ,
pardonna à ceux qui avoient mérité fon indignation,
rendit les terres qu’il avoit ufurpées -, &c fit confirmer
par le pape , par les évêques & les feigneurs prefens
l’éledtion de fon fils Henri reconnu r o i , &c couronné
à Aix-la-Chapelle le vingt-uniéme de Juin 1054.
Enfin il mourut après fept jours de maladie, le cinquième
d’Oôtobre âgé de trente-huit ans, dont il avoit
régné dix-fept comme roi & quatorze comme empereur.
Il fembloit avoir appellé ce qu’il y avoit de plus
grand dans l’empire pour affilier à fa mort : car outre
le pape , le patriarche d’Aquilée y étoit prefent, l’é