
A n . 1073 me ’ ma*S Peupfe iufifta fi fortement, que le légat
crut que la volonté de Dieu fe déclaroit en fayeur de
Hugues ; & le contraignit par l’autorité du faint fiege,
a acquiefcer. Ainii il fut élu évêque de Die le dix-neu-
viéme d’Oètobre 1073.
Lancelin l’aïant appris fut confterné -, & craignant
que dans la joïe & le mouvement de cette éledtion ,
le peuple ne vînt l’attaquer en foule , il abandonna la
maifon épifcopale , & fe retira preffé du trouble de
fa confcience. Hugues fut donc intronifé , fans oppo-
fition 8c avec une joïe univerfelle. Mais il trouva ion
églife dans un defordre extrême ; 8c les biens de le -
vêché tellement diffipez, qu’il n’y avoit pas dequoi
faire fubfifter fa maiion un feul jour. Il publia un de-
crct.’ portant défenfe à aucun laïque de garder une
églile , ou de prendre quelque partie des revenus ec-
cleflaftiques. Tous lui obéirent avec plaifir, 8c il ré—,
tablit ainfi le temporel de fon églife, avant même que
d’être facré. Le légat Giraud étant de r e to u ^ R ome
, rendit compte au pape Grégoire de l’éleétion de
Hugues, qui arriva lui-même peu de temps après. Il
n’avoit encore que la tonfure ; car il n’avoit point
voulu fe faire ordonner par des évêques fimoniaques :
mais le pape au mois de Décembre, lui donna tous les
ordres, jufqu a la prêtrife ; le refte fut enfuite différé
, comme j’ai d it , à caufe de l’oppofition du roi
Henri -, 8c la première femaine du carême fuivant
1074. il fut ordonné prêtre Le famedi & le lendemain
dimanche' facré cvêque. Par où l’on voit que
dè%lors on difoit deux meifes, l’une le famedi des
quatre-temps, l’autre le fécond dimancmé de carême.
i.epifi.i?. Le pape renvoïa Hugues, avec une lettre adreffée à
L i v r e s o i x a n t e-d e u x i e ’^ é ; ¡.et
Guillaume comte de D ie , où il lui ordonna de réparer ‘
le tort qu’il avoit fait à.cette églife en l’abfence de l’évêque.
Philippe roi de France étoit extrêmement décrié fur
la fimonie, 8c on avoit rapporté au pape Grégoire ,
qu’il n’y avoit point de prince qui pouffât plus loin
l’abus de vendre les éghfes. Toutefois un chevalier :
I 1 t 1 / N nommé Alberic , chambellan du r o i, étant venu a
Rome cette année 1073. avoit promis au pape de la
parc de fon maître qu’il fe corrigeroit, 8c qu’il dif-
poferoit à l’avenir des églifes, -fuivant le confeil du
pape. L’églife de Mâcon aïant vaqué long-temps,
après la mort de Drogon, arrivée l’année précédente,
Landri archidiacre d’Autun fut élu d’un contentement
unanime du clergé 8c du peuple. Le roi même
y avoit confenti, mais il ne vouloir pas lui accorder
.gratuitement l’inveftiture. Le pape écrivit pour ce
fujet à Roclen évêque de C h â lo n , dont il connoif-
ibit la prudence 8c la familiarité qu’il avoit avec le
roi. Il le chargea donc de faire tous les efforts pour
perfuader au roi de laiffer pourvoir félon les canons
à leglife de Mâcon 8c aux autres. En cette lettre
ces paroles font remarquables : ou' le roi renoncera à
la fimonie, bu les François frappez d’un anathême
général refuferont de lui obéïr , s’ils n’aiment mieux
renoncer au chriftianifme. Nqijs n’avons point encore
vû , que je fâche , de telles menaces contre un
fouverain. Le papô écrivit en même-temps à Humbert
archevêque de L io n , de facrer Landri pour l’évêché
de Mâcon : quand même’ le roi perfifteroit à s’y oppo-
f e r ,& que Landri lui-même le refuferoit : autrement
que s’il vient à R om e , le pape l’ordonnera. Ces deux
K k iij
A n. 1073.
IV.
Landri évêque
de Mâcon.
Greg. epifl. 35.
G ail. Chr. to.
p. 680.
epifl. Jf.
epifi. ; i .