
5>g H i s t o i r e E c c ' l Ï s i a s t i c o t
A'n io 6z PU^S mort PaPe Nicolas, jufques au premier
’ d’Oélobre où celui-ci a fuccedé. Le défenfeur : Vous
me contraignez à dire publiquement, ce que j’avois
réfolu de paiTer fous filence, par rcfpcét pour la cour.
Car vo u s , qui la gouverniez , avez affemblé un concile
avec quelques évêques d’Allemagne , ou. vous
avez condamné le pape & cafté tout ce qu’il avoit
ordonné , & par conséquent le privilège qu’il avoit
accordé au roi. Mais Dieu nous garde de nous prévaloir
de la témérité de qui que ce fo i t , pour faire
perdre fon droit au roi qui en étoit innocent, & que
nous efperons voir élevé à la dignité impériale. Mais
afin de parcourir toute l’hiftoire de nos malheurs,
Eftienne prêtre cardinal, dont le mérité eft fi connu,
étant envoie à la cour avec des lettres apoftoliques,
ceux qui gouvernoient lui refuferent audience , &
il demeura à la porte pendant près de cinq jours au
grand mépris du Paint fiege. Il le fouffrit paifiblement
comme étant un homme grave & patient : mais il ne
put accomplir fa légation ; & rapporta les lettres dont
il étoit chargé toutes fcellées , parce que les courtifans
ne lui avoient pas permis de voir le roi. Nous n’en ac-
cufons ni le roi ni l’imperatrice fa mere : elle eft excu-
fable par la foibleife de fon fexe & lui par fon âge.
Mais enfin pourquoi avez-vous ofé élire un pape à
l ’infçu de Rome J
L ’avocat : Il y avoit long-temps que le comte Gérard
& d’autres Romains, comme l’abbé du mont Scaurus,
nous preifoient de faire cette élection ; nous ne l’avons
donc pas, faites comme vous dites à l’infçu de
Rome. Le défendeur : Vous faites pour moi en déclarant
avoir communiqué avec Gérard. Car pour
ne
L i v r e S o i f f o S N T i ç- m ,e.î j j>7________ _
ne point.pafler cncore.de l’abbé & des autres, Gérard io i i j .1
étoit excommunié prefque par tous les papes qui ont «
été de fon temps. Enfin- il le fu t un peu avant fa m o rt,
à caufc d’un comte & d’un archevêque tous deux An-
g lo is , qu’ilî infulta.&:dépoüifia ftomme iîls.reyenoienjt s«t■ »■ 44.
de R om e , & leur ôta jufques à mille' livres d’argent
monnoïe de Pavie. Pour ce. fujet.il;fu t excommunie
dans un concile plenier où prefidoit le pape Nicolas,
& condamné à un anathême perpétuel avec extinétion
de luminaire. Ün tel homme devoit-il donner un chef
à l’églife Romaine , dont il étoit l’ennemi déclaré, &c
qu’il a toujours cruellement perfecutée î Ne faut-il pas
plutôt reconnaître celui que les cardinaux évêques ont
élû tout d’une voix , fuiyant le defir duj cierge & du
peuple,qüi h’a pas été. tiré' de l’extjremitéde la terre,mais
de Rome même ? Il eft vrai que l’églife aïant plufieur^
bons fujets dans fon clergé, leur a préféré celui-ci,
pour témoigner fon affection envers le roi dont il etoic
comme domeftique. -:
A ce difeours l’avocar dU roi Henri témoigne être
fatisfait 5 maisril faut fe fouyenir, qup ç’eft Pierre Dan
mien qui le fait parler. Il conclut par exhorter les mi-
niftres de la cour & ceux du faint fitg e :, à conlpircr-
enfemble pour l’union du facerdocc & .de l’empire :
afin que .le genre humain;gpu«verné¡perces, deux-fou-
verainës puiffancesyne foit' jamais divifé, &c quelles fç
foûtiennent l’une l’autre :-en forte que le pape,; quand
il fera befoin, reprime, les-c.riminels par-la loi du prin-
ce j & que le roi ordonneuvpe. fes, éy êqucsr ce qui concerne
le falut; des' amesfujvàht les canons* Que le pa-7
pe ,-comme le pere ,.ait- la prééminence! ¿¡que rle r o i ,
comme un fils unique & bieu-aimé, repofe toûjours
Tome X I I I . ' N