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Thierri abbé de
S. Evroul.
Elog.f&c. 6. A f t .
Btn. par. i . pag.
117. e x . Orderte.
Itb. 3 . & c .
41 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
en fut tiré pbur être ordonné archevêque de Roüen
en lo y j. &c la même année il célébra dans fa cathédrale
le concile dont j’ai parlé avec tous fes fuffragans, en
prefence du duc Guillaume : pour reparer la difcipli-
ne il déchue fous fes trois prédeceffeurs Hugues, R o bert
& Mauger. Maurille tint le fiege de Roüen douze
ans.
L’année fuivante 1056. il alla à Pabbaïe de faint
Evroul , pour y mettre la paix entre l’abbé Thierri &c
le prieur Robert. Ce monaftere après avoir été ruiné
& long-temps abandonné, venoit d’être rétabli par
deux gentilshommes du païs, Hugues de Grentemaif-
nil & Robert fon frerc, qui y mirent pour premier abbé
Thierri moine de Jumieges natif du pais de Caux.
Hugues évêque de Lifieux lui donna la benediétion
abbatiale l’an io jo . & dès qu’il y fut é tab li, il s’appliqua
à réparer les bâtimens, & faire garder au dedans
unè obfervance exaèle -, en forte que ce monaftere devint
une école célébré pour les moeurs & pour la doctrine.
L’abbé Thierri s’occupoit pour travail des
mains, à tranferire des livres , &c y occupoit fes moines
, & il enrichit fa maifon d’une bibliothèque confî-
derable pour le temps.
Cette application ■ à l’interieur , faifoit murmurer
quelques-uns de fes moines. De quoi vivront , di-
ioient-ils, ceux qui prient, fi perfonne ne travaille au
dehors ? Un homme ne mérité pas d’être abbé quand
il ne fonge qu’à lire ou écrire dans le cloître , au lieu
de procurer aux freres de quoi vivre. Celui qui s’éleva
fe plus contre lui fut le prieur du monaftere jf R o bert
un des fondateurs, frerc de Hugues de Grente-
maifnil. C ’étoit un jeune homme d’ailleurs de bonnes
L i v r e s o 1 x à n t 1 e ’ m e . ' 4 5
moeurs, mais fier de fanobleffe & des biens qu’il avoit ''
donnés au monaftere, v i f & prompt, facile à mettre en N‘ 10 *
colere,plus difpofé à commander qua obéir, toûjours
prêt à recevoir & à donner.
L’abbé Thierri après avoir long-temps fouffert fes
murmures & fes reproches , voïant qu’il ne gagnoit
rien par la patience, & que le fcandale augmentoit
au préjudice de la communauté : alla trouver Guillaume
duc de Normandie, &c lui voulut remettre fa
croife, pour marque qu’il renonçoit à l’abbaïe. Mais
le duc ufant d’un fage con fe il, renvoïa le jugement
de cette affaire à l’archevêque Maurille : qui fe rendit
à faint Evroul avec le faVant Fulbert fon confeiller,
Hugues évêque de Lifieux, diocefain de l ’abbaîe, Anf-
frid abbé deJPreaux, Lanfranc prieur du Bec, & plufieurs
autres hommes de grande capacité. Ils y celebre-
rent la fête de faint Pierre & faint Paul en ioj-6. puis
aïant foigneufement examiné les caufcs de la divifion,
ils ordonnèrent à l’abbé Thierri de continuer à gouverner
le monaftere , comme il avoit fait jufqu’alors,
& exhortèrent le prieur Robert à lui être entièrement
fournis.
Le monaftere de faint Evroul demeura quelque
temps en paix : mais comme Robert étoit d’un efprit
inquiet, il recommença à le troubler en forte que
l ’abbé Thierri réfolut abfolument de quitter. Il af-
fembla donc en chapitre les moines de faint Evroul,
leur déclara qu’il alloit en pelerinage à Jenifalem &
leur donna la beneditbion. Puis il alla à Lifieux
trouver Hugues fon évêque , à qui il remit le foin
de leurs ames, & partit laiffant tous fes amis très-
affligez. Mais il n’alla que jufques en l’ifle de Chi-
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