
A n . 1097 .
Ivo.cp. 58,
e(ijl. s 9.
epifi. 60•
6 4 0 H i s t o i r e E c c l h s i a s t i q u ï .
gé de Sens écrivit à Ives de Chartres , pour le prier
d’ordonner prêtre Daïmbert le jour de la Purification
1097. c a r iln ’étoit que diacre , 8c de le facrer évêque le
dimanche fuivant. Mais Ives leur reprefenta, que fui-
vant les canons .les ordinations ne fe dévoient faire
qu’aux quatre-tems .; ôc qu’il avoit befoin de conférer
avec fes confrères fur cette affaire, 8c avec l’élu même.
Ainfifon ordination fut remife au commencement du
carême. Surquoi Ives de Chartres écrivit à Hugues
de L ion , pour favoir ce qu’ils devoient faire ; 8c
après avoir reçu fa réponfe, il lui écrivit encore
ainfi :
Vos ordres ont é té fuivis, nous nous iommes abftenus
de facrer l’archevêque élu deSens; 5c nous avons envoïé
vos lettres aux évêques de nôtre province , pour
obéir à l’autorité apoftolique. Mais nous vous prions
8c vous confeillons, d’ufer à l’avenir de cette autorité
avec plus de retenue : de peur qu’en nous prefr
crivant des chofes impoftibles, vous ne nous mettiez
dans la neceffité de défobéïr. Quant aux ordres du
faint fiege , qui regardent la confervation de la foi, ou
la correôtion des moeurs: nous fommes refolus-àles
obferver , quoiqu’il nous en coûte. Mais quand vous
nous enjoignez fi expreffément des chofes indifférentes
pour le falut , ou quand vous changez comme il
vous plaît ce qui eft établi par la coutume 8c par l’autorité
des peres : regardez à qui l’on doit plutôt obéir ,.
aux peres , ou à vou s , qui prétendez ne faire que
fuivre leurs traces, il rapporte enfuite plufieurs autori-
tez des papes, qui déclarent qu’ils ne veulent rien innover
contre la tradition ôc l’autorité des canons -, puis
il ajoute :
Les canons aïant donc réglé comment un métropo- An. 1097.
litain doic être ordonné, nous nous étonnons que vous
prétendiez que l’élû deSens vous doive être prefenté
avant fon facre, 8c vous promettre obciffance en vertu
de vôtre primatie : ce qui n’a jamais été obfervé , ni
dans la province de Sens, ni dans aucune autre. D ’où
vient que le pape Nicolas écrivit à Raoul archevêque
de Bourges, que les primats ou les patriarches n’ont aucun
privilège audeffus des autres évêques, qu’autant
que les canons ou la coutume leur en donnent. Au
refte celui dont il s’agit e ft , fuivant ce que nous en
avons oüi dire , d’une naiffance noble 8c fuffifammenc
in ftru it, ceux qui le connoiffent en rendent bon témoignage
; 8c il étoit diacre dans fon ég life , quand il
a été élu gratuitement 8c tout d'une voix. Mais s’il ce-
doit maintenant à ce que vous exigez de lu i, on diroit
qu’il auroit acheté fa confecration par cette complai-
fance.
Quant à ce que vous avez écrit , qu’il a reçu de
la main du roi l’inveftiture de l'évêché , nous n’en
avons point de connoiffance. Mais quand il l ’auroit
f a i t , nous ne voïons pas en quoi cette ceremonie
nuit à la religion , puifqu’elle n’a aucune force de
ferment, 8c qu’il n’y a aucune défenfe aux rois de la
part du faint fiege d’accorder les évêchez , après l’éT
leôbion canonique. Au contraire nous lifons que les
papes ont quelquefois intercédé auprès des rois, pour
les évêques élûs , afin qu’ils leur aeçordaffent les
évêchez; ôc qu’ils ont différé le facre de quelques-uns,
parce qu’ils n’avoient pas encore obtenu la conceffion
des rois. Nous en aurions rapporté les exemples, fi
nous n’ayions craint la longueur. Le pape Urbain