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A n. 1087. leur crime, difoienc qu'il s’étoit fan&ifié par la pénitence
dans les derniers momens de fa vie. On le compte
pour martyr , parce que le zele de la religion fut la
caufe de fa mort : mais il ne faut pas le confondre avec
le duc Canut fon neveu aufli martyr , qiie l’égliie honore
le feptiéme de Janvier La reine Adele veuve du
roi Canut fe retira en Flandres avec fon fils Charles,
qui en fut depuis comte, &: mis auifi au nombre des
faints.
MoffdlGuM. ^a même année mourut Guillaume roi d’Angleterre,'
ioi a1 Augieter- le plus grand prince qui portât alors couronne. Etant
oderic.iit.11u venu en Normandie pour faire la guerre au roi de Fran-
t ce toucjjanl; le y e x in , il tomba malade à Roiien , &
fut traité entre-autres médecins par Giilebert cvêque
de Lifieux & Gonrard abbé de Jumiege. Il avoir trois
fils , R o b e r t, Guillaume & Henri : Robert s’étoit plu-
fieurs fois révolté contre lui , &c étoit alors auprès du
roi de France, les deux autres étoient avec le roi leur
pere. Se fentant près de fa fin , il les fit venir &c quelques
uns des feigneurs fes confidens, & traita avec eux
de la diipofition de fes états. Il laifla le duché de
Normandie à Robert fon fils aîné , le roïaurtre d’A n gleterre
à Guillaume le Roux fon fécond fils > &c au
troifiéme Henri cinq mille livres d’argent, il donna le
relie de fon trefor aux églifes & aux pauvres, & en régla
lui-même la diftribution.
Il parla long-tems aux aififtans ^ & premièrement
fe reconnut coupable de grands péchez , principalement
du fang répandu en tant de guerres qu’il avoit
foutenues. Il repalfa les principaux évenemens de fa
vie , & àjoûta : J’ai toujours honoré l ’égiife , & n’ai
Mjî.z). jamais vendu les dignitez ecclefiaftiques , déteilant
la iîmonie : au contraire dans le choix des prélats , AN.1087.
j ’ai cherché les perlonnes les plus dignes, autant qu il
m’a été poffible : comme Lanfranc archevêque de
Can torberi, Anfelme abbé du Bec, Gerbert de Fon-
tenelle, Durand de Troarn , & plusieurs autres. Je
les ai attirez auprès de moi , &c me luis fait un plailir
de profiter de leurs fages confeils. 'Mes peres avoient
fondé en Normandie neuf abbaïes de moines & une
de religieufes ; & grâces à Dieu elles fe font augmentées
de mon tèms & par.mes bienfaits. Depuis que je
fuis duc , on a bati dix-fept monafteres de moines Sc
fix de religieufes, où l’on fait tous les jours beaucoup
de fervice & de grandes aumônes. Ce (ont les véritables
fortêrefles de la Normandie. J ai aufli confirme
gratuitement toutes les donations que mes barons ont
faites à l’églife, tant en Normandie qu’en Angleterre,
il exhorta fes enfans â fuivre fon exemple , Si a
prendre toûjours le confeil des hommes doèles Si
pieux.
On le pria de relâcher ceux qu’il tenoit en prifon, ce
qu’il accorda, â la referve d’Eudes évêque de Baïeux
ion frere utérin, qu’il avoit fait arrêter quatre ans auparavant
â cette occafion. Quelques forciers Romains ¡U d.{.<*<;. d .
cherchèrent qui feroit pape après la mort de Grégoire
VII. Si trouvèrent qu’il le nommeroit Eudes. L’évê-
quedeBaïeux l’aïant appris en Angleterre, où il etoit
comme v ic e ro i, envoïa à Rome , y acheta un palais
qu il meubla magnifiquement, Si fit de grands prefens
aux fénateurs, pour gagner leur amitié, ils ’aifura du
comte deChcftre Si d'un grand nombredechevaliers,
à qui il fit de grandes promeiTes ; & ils s’engagèrent
par ferment à le fuivre en Italie. Le roi Guillaume