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.'An . 1071
t.
S. Annon rentre
en faveur.
Lambert*
1 3 1 H i s t o i r e Ë 0 c l e s i a s t i q j ç t e ?
roi en I’cmbrafTant, effuia fes larmes', & lui ordonna
d’aller reprendre Ton habit roïal. Après lui avoir im-
pofe la penitence, il fit avancer le clergé pour le recevoir
en chantant, & l’amena jufques à l’autel, où il
continua la meiTe. Le peuple témoigna fa joïe par de
grands applaudiflemens.
Le troifiéme jour après'le roi vint encore à l’égliio
en habit roïal, & pendant la meife il monta a la tribune
, & aiant fait faire filence par un héraut, il confeifa
publiquement la grandeur de fa faute & du fcandale
q u ila v o it donné.’ Il loiia l’indulgence de l’évêque ; 8c
déclara que pour réparation du crime commis par fon
o rdre, il donnoit a l’eglife moitié de la province de
Steffen. Depuis ce temps, le roi honora & aima l’évê-
que de plus en plu s, 8c ils vécurent toujours dans une
parfaite union.
Apres la mort d’Adalbert archevêque de Brème,1
faint Annon archevêque de C o lo gn e , reprit en Allemagne
la principale autorité. Car le roi Henri étant
venu a Utrech celebrer la Pâque, qui étoit le huitième
d’Avril en 1071. y reçut de grandes plaintes des
injuftices qui fe commettoient par tout fon roïaume ,
de l’opprclnon des innocens & des foibles , 8c du pillage
deséglifes & des monalteres. Touché de ces de-
fordres, ou fatigué des clameurs du peuple , il pria
l’archevêque de Cologne de prendre fous lui le foin
de l’etat. Tous les feigneurs joignirent leurs inftan-
ces a celle du roi : mais l’archevêque refifta longtemps.
Il fe fouvenoit des mauvais traitemens qu’il
avoit reçu ; & d’ailleurs étant tout occupé de D ieu ,
il avoit peine à s’embarraffer d’aifaires temporelles : il
céda toutefois au bien p u b lic , 8c au defir unanime
du
f t
L i v r é s 0 i x a n t E-trn r e m ë . 2.33
du roi 8c des feigneurs. On s’apperçut bien-tôt de ce ^ n . 1071.'
changement: la violence fut réprimée, la juftice reprit
le deifus, & le fiiint archevêque parut n’être pas moins
digne de la roïauté que du facerdoce.
Le pape Alexandre avoit renvoie.au concile d’An- ' Con“ - d,An_.
gleterre la connoiffançe du différend entre les deux gfeterre.
archevêques de Cantorberi 8c d’Yorc ; ce qui fut ainfi Sut-
exécuté. A Pâques de cette année 1071. le roi Güil- ¿ ‘¡"{l'.Znc'.f.
laume tint fa cour à Vincheftre où fe trouvèrent quin- '“ i-11“ -.
ze évêques , pluiieurs abbez 8c plufieurs feigneurs
avec Hubert leébeur de Téglife Romaine & légat du
pape. Ils s’aifemblerent en concile dans la chapelle
du r o i, qui étoit prefent, 8c qui les conjura par la
foi qu’ils lui avoient jurée , d ecouter cette affaire
avec une grande application, & de la juger fans fii-
vorifer les parties. Ils promirent l’un 8c l’autre. On
apporta l’hiftoire eccléualfique de Bede, & on en lut
des p adages par lefquels il parût , que depuis faint
Auguftin premier évêque de Cantorberi jufques à la S“P- ^
fin de la vie de Bede, qui eft un efpace d’environ cent
quarante ans, les archevêques de Cantorberi avoient eu
la primatie fur toute la grande Bretagne & l’Irlande :
qu’ils avoient fouvent célébré des ordinations d’évê-
ques: 8c des conciles dans la ville même d’Yorc &
dans les lieux voifins où il leur avoit plû ; qu’ils
avoient appellé les archevêques d’Yorc à ces conciles,
& quand il avoit été befoin , les avoient obligez à
rendre compte de leurs aétions. Quant aux évêques
de Dunelme & de Licefelde, que l’archevêque d’Yorc
prétendoit n’être point fournis à celui de Cantorberi,
il fut prouvé que pendant ces cent quarante ans , ils
^voient été façrez & appeliez aux conciles par les ar-,
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