
A n . 109 j . ionne s : on m e t à raort les prêtres & les diacres darts
le fa n & u a ir e , on y co rrom p t les femme s ôc les v ic r -
g es.
V o u s d on c , mes chers en fa n s , a rmez-vous du z é lé
de D ieu : m a rch e z aux fecours de nos frere s , ôc le
S e ign eu r fera a v e c vou s. T o u rn e z contre l’ennemi du
n om C h r é t ie n les armes q u e vou s em p lo ïe z in ju s tem
ent les uns contre les autres. R a c h e te z par ce fer-
v i c e a g ré ab le à D ie u les p illag es , les in c e n d ie s , les
h om ic id e s , ôc les autres crimes q u i e x c lu en t de fon
ro ïaum e : afin d ’en o b ten ir p rom tem en t le pa rdon.
N o u s v o u s exho rtons ôc vous e n jo ig n o n s , pour la re-
m iffio n de v o s p é c h e z , de com p a tir à l’am ié tion de
nos freres q u i fon t à J e ru falem Ôc aux en viron s -, ôc de
repr im e r l’in io len c e des in f id è le s , q u i v e u len t fe Soum
e t t r e les roïaumes ôc les em p ire s , ôc fe prop ofent d ’éte
in d re le n om C h r é t ien . A u t r em e n t i l eft a c ra in d re
q u e b ie n - tô t la fo i n e p e r iife en ces q u a r tie r s -là . P lu -
iieurs d ’entre vo u s Savent qu e lle pe rfe cu tio n y r e g n e ,
pour l’a v o ir v û ë d e leurs y eu x j ôc nous l’apprenons par
c e tte le t t r e q u e le v e n e ra b le P ie rre ic i p r é len t nous a
appo rté e.
P ou r n o u s , a ïan t confian ce en la m ife r ico rd e d e
D ie u ôc en l ’a u to r ité d e fa in t P ie rre , nous remettons
à c eu x q u i p ren d ro n t les armes con tre les infidèles ,
les p en iten c e s immen fes q u ’ils m é r iten t pour leurs
p é ch e z . Et c eu x q u i y mou r ront en v r a ie p en iten c e ,
ne d q iv e n t p o in t doute r , qu’ils ne r e ç o iv e n t le pa rdon
de leurs p é ch e z ôc la ré com p en fe é tern elle. C e p
en d an t nous prenons fous la p ro te& io n d e l’é g life
Ôç des apqtres fa in t P ie r re ôc fa in t P a u l , cemç q u i
s’ en g a g e ro n t à c e tte fa in te entreprife ; ôc nous o rd on nons
L i v r e S o i x a n t e -Q _ u a t r i e ’m e. ¿ 1 9 ------------
n o n s que leurs perfonnes ôc leurs biens foient dans une An. 1096.
entiere fureté. Que fi quelqu’un eft allez hardi pour
les inquiéter, il fera excommunié par l’évêque du lieu,
jufques à la fatisfa&ion convenable. Et les évêques ou
les prêtres qui ne lui refifteront pas vigoureufement,
feront fufpendus de leurs fondions, juiques à ce qu’ils
obtiennent grâce du faint fiege.
J’ai rapporté ce difeours fuivant le récit de Guil-L
laume de T ir auteur grave ôc judicieux : d’autres auteurs
le rapportent autrement, Soit que chacun falTe
parler le pape , fuivant ce qu’il trouvoit le plus vrai-
l’emblable , Soit que pendant la tenue du concile il ait
fait plufieurs dilcours fur ce fujet , Remi moine de
faint Remi de Reims qui étoit prefent au concile
dit qu’après que le pape eût parlé , tous les affilians
furent fi touchez de Ion difeours, qu’ils s’écrièrent :
Dieu le v e u t , Dieu le veut. Alors le pape levant les
yeux au c ie l , ôc failant Signe de la main pour leur
impofer filence, continua ainfi : Mes freres , vous
voïez aujourd’hui l’accompliiTement de cette parole
de nôtre Seigneur , qu’il fe trouve au milieu de ceux M4tb.xyui.
qui font affemblez en fon nom. Car vous n’auriez 10-
pas ainfi crié tout d’une voix , s’il ne vou, l’avouinf-
piré. Ce fera donc vôtre cris de guerre. Au relie nous
ne précendons pas que le vieillards ou les invalides
ÔC ceux qui ne font pas propres aiix armes, entreprennent
ce voïage , ni les femmes fans leurs maris,
leurs freres, ou d’autres hommes qui en répondent.
Toutes ces perfonnes donnent plus d’embarras que de
fecours. Les riches aideront les pauvres, ôc mèneront
avec eux des gens de fervice à leurs dépens. Les
prêtres ôc les clercs n’iront point fans la -permiffion
Tome X ll l. H h h h