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A j faint Clément touchant celui que l’on fait n’être pas
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1. c>r. x.<. blen avec leveque. Quils apprennent que l Apotre
dit : Etant prêts à punir toute défobéiiTance. Et de qui
1. Cor. V. 11. il dit : Il ne faut pas même manger avec eux. Qu’ils
confiderent pourquoi le pape Zacarie dépofa le roi
de France, & déchargea tous les François du ferment
qu’ils lui avoient fait. Qu’ils apprennent dans le regi-
ni.io.ep.io. ftre de faint Grégoire , qu’en des privilèges donnez à
quelques églifes, il n’excommunie pas feulement les
rois ôc les feigneurs qui.pourroient y contrevenir, mais
il les prive de leur dignité. Qu’ils n’oublient pas que
faint Ambroife, non content d’excommunier Theo-
dofe , lui défendit encore de demeurer à la place des
prêtres dans l’églife ; quoique ce prince fût non feulement
roi , mais véritablement empereur, par fes moeurs
& par fa puiffance. Peut-être veulent-ils d ire , que
jean.xxi.iT quand Dieu dit à faint Pierre : Paillez mes brebis, il
en excepta les rois : mais ne voient-ils pas qu’en lui
donnanç le pouvoir de lier & de délier, il n’en excep-
h. cer.vi. ). ta perfonne. ? Que fî le faint fîege a reçu de Dieu le
pouvoir de juger les chofes fpirituelles , pourquoi ne
jugera-t-il pas auffi les temporelles ? Vous n’ignorez
pas de qui font membres les rois & les princes,
qui préfèrent leur honneur & leur profit temporel à
l ’honneur & à la juftice de Dieu. Car comme ceux qui
mettent la volonté de Dieu avant la leur, & lui obéif-
fent plutôt qu’aux hommes, font membres de Jefus-
Chrift ; srinfi les autres font membres de l’antechrift.
Si donc on juge quand il le faut les hommes fpiri-
tuels, pourquoi les feculiers -ne feront-ils pas encore
plus obligez à rendre compte de leurs mauvaifes actions
?
Mais
L i v r e s o i x a n t e -d e u x i e ’ m e . j h
Mais ils croient peut-être que la dignité roïale eft
au-deffus de l’épifeopale. On en peut voir la différence
par l’origine de l’une & de l’autre. Celle-là a été inventée
par l’orgueil humain, celle-ci inftituée par la bonté
divine : celle-là recherche inceffamment la vaine gloire
, celle-ci afpire toujours à la vie celefte. Auffi faint
Ambroife dit-il dans fon paftoral, que l’épifcopat eft
autant au-deffus de la roïauté , que l’or au-deffus du’
plomb, & l’empereur Conftantin prit la derniere place
entre les évêques.
Le pape dit enfuite, qu’il a donné à quelques évêques
le pouvoir d’abfoudre les feigneurs, qui ont eu
le courage de s’abftenir de la communion du roi : mais
pour le roi lui-même, il s’en réferve l’abfolution, en
connoiffance de caufe. Cette lettre eft du vingt-cin-
quiéme d’Août 1076. On y voit les fondemens de
cette doôtrine inoüie jufques alors, que le pape eût
droit de dépafer les fouverains. Je laiffe aux favans à
juger combien les fondemens font folides : j’obierve
feulement ce qui fuit, en faveur de ceux qui font moins
inftruits. La première autorité eft tirée d’une lettre
apocryphe de faint Clement à faint Jacques, & ne parle
que de l’excommunication , non plus que les deux
paffages de faint Paul. Or la queftion n’étoit pas fi les
rois pou voient être excommuniez, mais fi l’excommunication
les privoit de leur puiffance temporelle.
Quant aux exemples : le pape Zacarie ne dépofa point
le roi Childeric, mais il fut feulement confulté par
les François, qui vouloient le dépofer ; & ce prince
n’étoit ni excommunié ni criminel ; mais feulement
méprifé pour fon incapacité. Le privilège de faint
Grégoire eft celui de l’hôpital d’Autun : où quelques-
Tomc X I I I . S f
A n . 1076.
Edit. CoteîeA
p. 5 4 0 . ». 16..
Sup. liv. X LH ïi
». *.
Sup. liv. xxxvX n. 45*