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An. 1087. nous fûmes avec lui auMont-Caihn, nous comprîmes
par fes difcours , combien nous avions offenfé Dieu en
le choifilfant. il l’accufe enfuite d’avoir dit, qu il avoit
promis d’aider le roi Henri à obtenir la couronne impériale
, 6c qu’il l’avoit exhorté à venir à Rome envahir
les terres de faint Pierre ; 6c d’avoir blâmé les décrets
du pape Grégoire.
Maintenant, ajoûte-t-il,lorfquenouspenfiorisfaire
à la fin une élection libre, il a convoqué fous ce prétexte
un concile à Capoué, comme vicaire apoftolique de
ces quartiers J’y fuis venu de Salerneavec l’abbe de
Marfeille 6c l’archevêque d’Aix; &i comme nous voulions
traiter l’affaire ; l’abbé Didier feignant toujours
de refufer , a commencé par des geftes affeétez, à exciter
le prince de Capouë à le contraindre. Nous, con-
noiifant fon artifice tînmesconfeil avec le v êq u ed ’Of-
tie & le moine GuitmondjSt défapprouvant falegereté,
nous déclarâmes devant tout le monde , que nous ne
confentirions point qu’il reprît les marques du pontificat
, s’il n’écoic auparavant examiné canoniquement
fur quelques cas contraires à fa réputation & à la dignité
du laint fiege, qui étoient venus à nôtre connoiifance
depuis fon éleétion. Il en fut indigné, 6c déclara publiquement
qu’il ne fubiroit point d’examen , &c n’accep-
teroit jamais l’éleétion ; & s’éloigna de nous fecoüant
les bras. Nous nous retirâmes auffi, parce que la nuit
approchoit : mais le Duc Roger demeura avec lui ,
aïant retenu l’évêque d’O ft ie , les autres évêques R o mains
6c les cardinaux.
Le duc preifa long-tems l’abbé Didier , de facrer
évêque de Salerne un certain Alfane : mais l’évêque
d’Oflie s’y oppofoit, 6c Didier n’ofoit y confentir,
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parce qu’Alfane étoit convaincu debrigue manifefte: A n .1087.
ainii le duc le quitta fort en colere. Mais Didier , qui
defefperoit de parvenir au pontificat fans le fecours de
ce prince , lui envoia un meffage bien avant dans la
nuit: ils fe v iren t, 6c convinrent que .Didier feroit
pape , 6c Alfane évêque. Il fut en effet facré le lendemain
dimanche des Rameaux ; 6c le même jour après
le dîné 6c le fommeil de la me-ridienne, l’abbé foutenu
de l’autorité du d u c , prit lui-même la Chape fans la
participation de l’évêque d’Oftie ni la notre. Alors
cet évêque , qui jufques-lâ avoit marche de bon pied
avec nous, voïant que l’abbé al'oit a Rome fe faire
facrer par le pouvoir du prince Jourdain, &c craignant
de perdre fa dignité fi un autre faifoit le facre , manqua
de coeur dans l’occafion ; Ai oubliant la promeife
qu’il avoit faite , il fit honteufement fa paix avec 1 abbé
, & lui rendit en tout le refpeét comme à un pape.
Vous apprendrez mieux du porteur comment il fe préparé
pour aller à Rome. Telle eff la lettre de Hugues
archevêque de Lion à la comteife Mathilde.
Cette princeiTe arriva à Rome peu de tems après que I1!-
le papeViélor en fut p a rti, 6c envoia le prier inftam-
ment, qu’elle pût avoir laconfolation de fe voir 6c 1 entretenir.
Quoique la mauvaife fanté du pape 1 obligeât
â demeurer en place, il ne laiffapas de partir ,croïant
que l'utilité de l’églife le demandoit, 6c vint par mer.
Etant arrivé à Rome, il fut reçu par la comteflè 6c fon
armée , 6c partous les Catholiques avec une grande
dévotion : il demeura huit jours a faint Pierre, 6c y célébra
la meffe folemnellement le jour de faint Barnabe.
Lë même jour il entra dans Rome par le fecours de la
comteife. Il étoit maître de toute lapartie d au-defr du
O o o ij