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gens, qui par malice ou par erreur, publièrent qu'il
l'avoit defiré, & ne l'avoit refufé que par diffimula-
tion. En forte qu’il fe crut obligé de s’en juitifier , &c
en écrivit ainii aux moines du Bec : Je ne fai com-
ment leur perfuader ce que je fens en ma confcience,
fi ma vie &c ma conduite ne les fatisfait pas. Il y a
trente-trois ans que je porte l’habit monaftique, trois
fans charge, quinze comme prieur , autant comme
abbé. J’ai vécu de telle forte pendant tout ce tems ,
que j ’ai eu l’affedfcion de tous les gens de bien , & plus
de ceux qui m’ont connu le plus intimement ; fans
qu’aucun d’eux m’ait vû rien taire , qui lui perfuadât
que j ’aimois le gouvernement. Que ferai-je donc ?
comment détruirai-je ce faux foupçon , de peur qu’il
ne nuife aux ames de ceux qui m’aimoient pour D ieu ,
en diminuant leur charité , ou de ceux à qui je dois
donner confeil, & qui me croiront pire que je ne fuis :
ou de ceux qui ne me connoiifent pas , & à qui je
dois au moins l’exemple ?
Vous , Seigneur, qui le voïez , foïez-moi témoin ,
que je ne me fens en ma confcience attiré à l’épiico-
pat par l'affeétion d’aucune chofe , que vos fervi-
teurs doivent méprifer ; Sc que fi l’obéiflance & la
charité me le permettoient , j’aimerois mieux être
moine fous la conduite d’un fuperieur, que de com-
mander aux autres &c poifeder des richeiTes tempo-
relies. Seigneur , fi ma confcience me trompe , faites-
moi connoître à m oi-même, & me corrigez. Après cela
, fi quelqu’un veut donner quelque mauvaife im-
preifion de m oi, j ’efpere que Dieu prendra ma dér
fenfe contre lui , & je fuis certain, que fi ce mauvais
foupçon nuit à quelqu'un, le péché en tombera fur
ceux
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ceux qui en font les auteurs. Il finit en recommandant
aux moines du Bec , de faire voir cette lettre à
tous ceux qu’ils pourroient ; principalement aux évêques
& aux abbez fes amis.
Il ne laiifa pas d’écrire fur le même fujet à quelques
uns en particulier, comme à Giilebert évêque
d’Evreux, de qui il avoit reçu la benediétion abbatiale
; &c à Foulques évêque deBeauvais, qui avoit été
moine fous fa conduite. Ces lettres qu’il écrivit depuis
fa démiifion de l’abbaïe avant fon facre, n’avoienc
point de feau , parce qu’il n’étoit plus abbé & n’étoit
pas encore archevêque. Cependant il preifoit les moines
du Bec d’élire un abbé -, &c leur confeilla de prendre
le moine Guillaume , qui avoit été prieur de Pefle,
comme celui qu’il en connoiifoit le plus digne , lui
ordonnant d’accepter. Guillaume étoit fils d eT u r fiin
feigneur deMontfort fur R ifle , allié des plus grands
feigneurs du païs. Il fe rendit moine au Bec à vingt-
cinq ans fous la conduite d’Anfelme, & en fut abbé
pendant trente ans. .
Le tems du facre d’Anfelme étant venu , T h o mas
archevêque d’Yorc & tous les évêques d’Angleterre
fe rendirent à Cantorberi , excepté deux qui
étoient retenus par maladie, St qui envoïerent leur
confentèment. C ’étoit faint Vulftan évêque de Vor-
cheftre qui mourut un an après, &c Oiberne évêque
d’Exceftre. Comme on lifo it, fuivant la coutume,
l ’aète de l’éleètion , l’archevêque d’Yorc trouva mauvais
qu’on y eût qualifié l’églife de Cantorberi métropole
de toute la grand’Bretagne. S’il eft ainfi ,
d i t - il , l’églife d’Yorc n’eit point métropole. On corri^
gea donc le décret, & on donna à l’églife de Can-
TomeXUl. B b b b
epi't. 1 0 , 14'.
epifi. 8.
Chr»Becc»poJ7m
Lanfr.p. 6. vit a
Guill.ibid.p'i, i*