
A n. ioSx . quittes de leur ferment. Lui de fon côté s’appliqua
de plus en plus à les gagner par menaces & par pro-
meiTés. Depuis fept ans que duroit cette diviiion entre
le pape Grégoire 8c le roi Henri, il reftoit dans fes états
peu d’évêques fideles au pape,encore étoient-ils la plupart
chaifez de leurs fieges, 8c réduits à fe cacher dans
des monafteres.
BerM i«84. . Alexis empereur de C. P. voulant arrêter Robert
Guifchard en Ita lie , avoir écrit au roi Henri pour
l’exciter à lui faire la guerre , & lui avoir envoie
Anna comnMb* 144000, fous d 'o r , ôc cent pièces d’écarlate. Mais
Henri fe fervit de cet argent pour gagner le peuple
de Rome -, 8c par fon iecours il entra dans le palais de
iiïpiM.np.'iïî'. Latran , avec l’antipape Guibert le jeudi fête de faint
c,‘^viriU-f- Benoift vingt-unième de Mars 1084. Les nobles R o mains
demeurèrent la plupart fideles au pape , qui
ASa. Grea.ap. fe retirà au château faint-Anee. Le dimanche fuia
o lL c .^ .n . 14. / O
v an t, qui croit le dimanche des Rameaux , Henri fit
intronifer Guibert fous le nom de Clemènt III. par
les évêques de Bologne , de Modene 8c de Cervia : au
lieu que fuivant l’apcienne coutume , l’ordination du
pape appartenoit atfx évêques d’O it ie , d’Albane Ôc de
Porto. Le jour de Pâques dernier de Mars , l’antipape
donna au roi Henri Ja couronne impériale : ils de-
meuroient l’un 8c l’autre au palais de Latran, 8c ceux
qui tenoient encore pour Grégoire ne leur permet-
toient pas d’aller à faint Pierre : l’empereur les attaqua
dans la femaine, même de Pâques, mais il y perdit
environ quarante hommes , & pas un nq fut tué
du côté du pape Grégoire. Enfuite l’empereur commença
à aiïîeger le château faint Ange. Auffi-tôr il
donna part de fon entrée à Rome 8c de fon couron-
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e’m e . 437
nement à Thierri évêque de Verdun un des plus zelez
pour fon p a r ti, lui ordonnant de la part du pape C lé ment
8c delà fi en ne > de facrerinceflamment Egilbert
archevêque de T reves ¡ ce que Thierri exécuta peu de
tems après, avec des eveques d autres provinces. Mais
quand Egilbert voulut faire une ordination, on luire-
prefenta qu’il ne le pouvoir,n aiant pas reçu le pallium,
il l’envoia donc demander al antipape Clement, qui le
lui accorda avec plaifir. Egilbert occupa le fiege de
Trêves vingt-deux ans.
Dès que les feigneurs Lombards de la Poüille v irent
le roi Henri devant Rome , ils efpererenc qu a-
près qu’il l’auroit prife, ils pourroient chaffcr lesNor-
tnans. Ceux-ci de leur cote alarmez de cette confpi-
ration 8c de l’abfence de Robert Guifchard, reiolurent
de traiter avec le roi ; 8c la confiance qu ils avoient en
Didier abbé du Mont-Caiïin fit qu ils le prièrent de
venir avec eux trouver ce prince i difant qu outre leur
feureté ils cherchoient à procurer la paix entre lui &
le pape Grégoire. Le roi Henri de fon cote manda .plufieurs
fois l’abbé Didier , qui refufa de l’aller trouver ;
mais enfin craignant la deftruélion de fon monaftere,
il y alla avec les Normans 8c le prince de Capouë , fe
gardant toutefois en ce voiage de communiquer avec
les excommuniez. Ainfi quoiqu il rencontrât plufieurs
évêques 8c plufieurs personnes confiderables, même
de íes amis, entre autres le chancelier du roi : il ne
leur donna point de baifer, ne pria 8c ne mangea point
avec eux.
Etant arrivé à Albane , il n alla point trouver le
r o i , ne lui envoia perfonne , 8c fouffrit pendant toute
une femaine les menaces que le roi lui faifoit faire ,
I i i iij
n i fi. Trevir• to.
il*
Spicil.p. i l *
I XVII.
L’abbc Didier
devant Henri.
Chr.Cafi. lib,
in.tr. fol