
A n 1086.
f . 7 7 S - C .
Can, 5* Sup.
Liv. XII• n. i i .
XXX.
Mort de S. An-
felme de Lu-
ques.
4 6 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
faut qu’il y ait des clercs à la fuite de la cour, pour faire
le fervice divin aux princes : comme s’il n'étoit pas
plus raifonnable, que l’évêque dans lediocéfe duquel
îe prince fe trouve , lui envoïât des clercs vertueux
pour faire l’office , St leur en fit fucceder d’autres félon
la longueur du fejour. C ’eft pour remedier à ces.
abus, que Grégoire VII. a défendu les inveftitures dans
un concile de cinquante évêques.
Anfelme prétend enfuite prouver , qu’il n’y a chez
les iimoniaques ni vrai facerdoce, ni vrai facrifice,,
ce qui pris à la rigueur feroit une erreur : mais il faut
entendre qu’ils ne peuvent exercer licitement leurs
fonétions. Il rapporte le canon du concile d’Antioehe,,
qui d i t , que les fchifmatiques qui troublent l’églife,
doivent être reprimez par la puiffance feculiere, comme
feditieux : d’où il conclut que les iimoniaques qui
font encore pires que les fchifmatiques, s’ils ne fe
convertifTent. pas après avoir été avertis, doivent être
reprimez par le bras feculier. Mais il faut remarquer
que ce cinquième canon d’Antioche ne parle que
d’un prêtre qui fait fchifme avec fon évêque , 5e qui
paife jufques à exciter une fedition dansla ville : cequi
met 1 églife dansda neceffité d’avoir recours au rnagi-
ftrat : d’où il ne s’enfuit pas qu’elle foit en droit d’em-
ptoïer l’autorité temporelle contre toutes fortes de
pécheurs ,[beaucoup moins d’exciter des guerres & des
révoltés. Ce fécond difcours de faint Anfelme eû fui-
v i d’un recueil de paifages, pour montrer que les
biens ecclefiafliques ne font point à ladifpofiition des
princes.
Ce faint évêque vivoit dans une grande abftinen-
ce , ne buvant point de v in , & fe privant fous divers
L i v r e S o i x à n t e - T r o i s i e ’m e . 4 6 7 ------------•
prétextes des viandes délicates, quand il fe trouvoit à An. 1081?.
quelque table bien fervie. Il dormoit très-peu Se ne fe
mettoit prefque jamais au lit. Il fondoit en larmes en WUf
difant la meife , quoiqu’il la dît tous les jours ; Se de
quelques affaires qu’il fût occupé, il ne perdoit point
de vue les chofes celefles. Dans tous les états de la com-
tefTe Mathilde, il établit la régularité chez les moines
8c les chanoines, difant : qu’il eût mieux aimé que l’é-
glife n’eût eù ni clercs ni moines, que d’en avoir de
déréglez. Il avoit grand foin que la pfalmodie fe fît
avec la gravité convenable, Se ne fouffroit point qu’on
lût dans l’églife des livres apocryphes , mais feulement
les écrits des peres. Se voïant près de la m o r t, il re-
commanda à fes difciples, en leur donnant fa berte-
diéfion & pour la remiffion de leurs pechez, de per-
feverer dans la foi &c la doétrine du pape Grégoire
VII- Enfin il mourut à Mantouë le dix-huitiéme de
Mars 1086. qui étoit la treizième année de fon épifcà-
pat, & fut enterré dans la cathédrale. Il avoit fait quelques
miracles de fon v iv a n t , mais il s'en fit beaucoup
à fon tombeau, rapportez par l’auteur de fa vie fon *-7-
prêtre penitencier, qui ne l’avoit point quitté depuis ^ ^ ^
plufieurs années. L’églife honore la mémoire de faint
Anfelme le jour de fa mort.
L’année fuivante 1087. à la mi-Carême on tint un viitorin-papc.
concile à Capouë , où l’abbé Didier fe trouva avec les chr.c4.1n>.
autres cardinaux. Cencius conlul y affiftoit avec pin- 1II•‘:•68•
fieurs nobles Romains. Jourdain prince de Capouë»,
Roger duc de Calabre , & prefque tous les feigneurs
de fa cour. Robert Guifchard étoit mort dès l’année E lM P i
1085.de jour de faint Alexis dix-feptiéme de Juillet.
11 avôit plus de foixante ans 5c en avoit régné vinge-
N n ri ij