
A n 1077.
X L IX .
Affaires de
France.
llb. v . ep. S.
358 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tes fes forces à foùtenir le pape Grégoire, il la quitta
au mois de Mai pour retourner a R om e , ne voïant
plus d’apparence de pouvoir paffer en Allemagne :
mais il fejourna en divers lieux a fon retour , comme
il parole par les dattes de fes lettres, & il n’arriva à
Rome qu’au mois de Septembre Le peuple vint au
devant de lui , ôc le reçut avec grande joïe , principalement
à caufe de la donation de Mathilde.
Il écrivit depuis fon retour une lettre adrefféeaRi-
cher archevêque de oens, à Richard de Bourges & à
leurs fuffragans , où il die : Vous favez combien Rai-
nier évêque d’Orleans s’eft montré défobeiffant contre
le faint hege , &c vous n’ignorez pas les excès dont
on l’accufe : car on dit qu’il a envahi cette égliie fans
élection valable du clergé & du peuple , quoiqu’il
n’eût pas l’àge legicime , &c qu’il a vendu les archidia-
conez & les abbaïes. Nous l ’avons appellé jufques à
trois fois pour s’en juftifier , fans qu’il ait feulement
daigné envoler perfonne pourpropofer cesexcufes; &
après que nous l ’avons fufpendu & excommunié , il
n’a pas laide de faire les fondions épifcopales. Il a
même permis à fes gens de tenir long-temà prifonnier
celui qui portoit nos lettres. C ’eft pourquoi nous vous
enjoignons de vous aifembler au lieu que vous jugerez
le plus convenable ,011 vous l’appellerez, pour répondre
fur ces chefs. Que fi dans quarante jours il n y
vient pas , ou ne fe purge pas canoniquement ; nous
le déclarons dépofé faris efperance de reftitution.
Vous publierez cette fentence , & mettrez à la place
de Rainier, Sanfon dont vous m’avez écrit. C ’étoitun
ecclefiaftique que leclërgé & le peuple d’Orleans , au
moins une partie , avoit élu pour êvêque Le pape écri-
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vit une lettre conforme à Rainier lui-même ; Si par An. 1078.
deux lettres de l’année précédente, il paroît qu’il avoit v. ep. •>.
déjà été accufé devant Alexandre 11. Toutefois l’élec- «”.*¿.¿¿¿1,-.
tionde Sanfon n’eut pas d’effet, & Rainier étoit en-'*’’
core évêque d’Orleans en 1082.
Le concile de Poitiers indiqué pour le quinzième
de Janvier 107S. fe tint en effet, & le légat Hugues
évêque de Die en rendit auffi compte au pape. Nous
avons effuié plufieurs périls en allant à ce concile, &c
plufieurs oppofitions dans le concile même. Le roi de
France m’avoit d’abord écrit des lettres, par lefquelles
il témoignoit un grand defir d honorer & d’appuier
notre légation: mais enfuite il écrivit au comte de
Poit iers, lui défendant par la fidélité qu’il lui devoit,
de fouffrir que nous tinfîions un concile dans fes états,
& aux évêques de fa dépendance de s’y trouver : prétendant
que nous voulions tenir le luilre de fa couronne
& des feigneurs de fon royaume. Cette conduite
du roi encouragea les ennemis de la vérité à nous
infulter, & détourna de nous ceux qui étoient bien dif-
pofez. Car l’archevêque de T o u r s , la pefte &c l’opprobre
de l’églife, & l’évêque de Rennes avec lui ,
s’étoient prefque rendus maîtres de tout le concile. Il
marque enfuite les reproches qu’il y avoit contre ces
deux prélats, particulièrement contre l’archevêque
accufé de fimonie ; puis il ajoute : Ils avoient prefque
attiré l’archevêque de Lion à leur parti ; & .comme
il parloit pour eux , leurs ferviteurs aïant rompu à
coups de haches les portes de l’égli fe, entrèrent à
main armée, & troublèrent le concile. Notre frere
Teuzon penfa être tué dansce tumulte, nous demeurâmes
en petit nombre honteufement abandonnez,
s