
¿6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
la liberté de gouverner par elle-même fes affaires, fans
A n . io jB. ^ue pempereur s’en mêlât ; 8c au lieu que c’étoit lui
auparavant qui établiffoit des économes pour les revenus
, & des gardiens du tréfor de l’églife , il Iaiffa le
tout au patriarche , tant pour le choix des perfonnes
j«s.Grzco-Rom. que pour la difpofition des chofes. Il réduifit auffi à
caCg. Giî/r*rr' l’ancienne coutume les droits des évêques, foit pour les
Gr. p . j7s. ordinations , foit pour les redevances des paroiffes :
favoir pour l’ordination d’un fimple clerc ou d’un
leéteur une piece d’o r , trois pour un diacre, trois pour
un prêtre, raifant fept en tout. Pour une parodie de
trente feux une piece d’o r , deux d’argent, un mouton
8c le relie qui eft fpeeifié : les autres paroiffes à proportion.
On voit ici que chez les Grecs,les ordinations
n’étoient pas gratuites,
xxvi . Le patriarche Michel Cerularius fe fiant à l’amitié
Cerularius. “ ' de l’empereur, qu’il croïoit fans bornes , lui deman-
pa°tr.\c.Î>“'les doit continuellement & d’une maniéré odieufe : juf-
curopai.p.8,o8. ques à ufer de menaces quand il étoit refufé, 8c dire,
qu’il fauroit bien abattre l’édifice qu’il avoit élevé. Il
entreprit même de porter la chauffure deearlate qui
étoit une marque impériale : foûtenant qu'il y avoit
peu ou point de différence entre l’empire 8c le facerdo-
ce. L’empereur aïant appris qu’il tenoit fourdement de
tels difcours, réfolut de le prévenir ; & prit loeca-
iîon de la fête des Arcanges, qui obligeoit le patriarche
à fortir de C . P. pour Palier eelebrer en leur é g life
: j’entends la fête de faint Michel que les Grecs
font le fixiéme de Septembre. L’empereur envoïa des
Barangues , c’eft-à-dire des Anglois de fa garde , qui
enlevèrent honteufement le patriarche de fon trône ,
le mirent fur un mulet & le menèrent avec fes neveux
jufques
L i v r e s o i x .a n t i e’ m e? >7
jufques au bord de la mer, l’embarquerent & le con-
duifirent à Proconefe lieu de fon exil. Enfuite l’empereur
aïant examiné avec quelques métropolitains
la maniéré de le dépofer, lui envoïa’dire qu’il prévînt
par fa renonciation l’affront d’être dépofé dans un
concile. Le patriarche répondit avec tant de fermeté,
que l’empereur defefperoit de le faire dépofer : mais
comme il étoit en cet embarras, le patriarche mourut.
Alors l’empereur fe repentit de l’avoir maltraité , 8c
le fit enterrer honorablement dans ion mpnaftere. Il
fut même touché d’un miracle, qùe l’on prétendoit
être arrivé à la main du patriarche , dont les doigts
étoient demeurez croifez, comme pour donner la be-
nediéHon,
On élut à fa place patriarche de C . P. Conftantin
Lichudes protoveftiaire ou maître de la garderobe ,
qui avoit déjà eu le fuffrage des métropolitains, du
clergé 8c du peuple. C ’étoit un homme qui avoit
beaucoup brille dans les affaires de la cour & de l ’état,
depuis le regne de Conftantin Monomaque, 8c y avoit
acquis beaucoup de gloire. Comme fon éleétion étoit
conteftée, l’empereur voulut profiter de l’occafion pour
' fè rendre maître des élections ; & après que Gonftan-
tin fut ordonné prêtre, il fit;differer fan-fiacre jufques
à ce qu’il fe fût juftifié dans un concile. Mais Conftantin
voïant l’intention de l’empereur , donna les éclair-
ciffemens que l’on defiroit : en forte qu’il n’y eût plus
de prétexte pour différer fon ordination. Il fut fort libéral
8c étendit fes foins, non feulement fur les eçcle-
fiaftiques, mais encore fur tout le peuple.
Le pape Eftienne IX . retournant du Mont-Caffin à
Rome le dixième de Février i o j 8 , emmena avec lui le
Tome X I I I , Fi
A n . i o j S .
xxv i i .
Mort d’Eftie»=
ne IX .
Chr. Cajf. lit*
XI. e. 58.