
Vita» n. 45.
L X
Juftification
d'Ives de Chartres
«
£///?. 6e.
670 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Cependant il n’a point été retenu par cette menace.
Le pape dit : L’accufe-t-il d’autre choie ? Non , reprit
l’envoïé. Et le pape ajouta : Qui a jamais oui parler
de rien de femblable f II a dépoüillé de tout le primat
de fon roïaume , pour cette feule raifon , qu il n a
pas voulu manquer de vifiter la mere commune} 1 e-
glife Romaine. Et vous avez fait un fi grand voiage
pour nous apporter une telle réponfe. Retournez
promtement dire à votre maître, qu’il le rétabliiTe
en tous fes biens, s’il ne veut être excommunié ; Si
qu’il me fafle favoir fon intention avant le concile que
je tiendrai en cette ville la troifiéme femaine d après
Pâques.
L’envoïé demanda au pape une audience fecrette
avant que de partir -, 8c demeura long-tems à Rome ,
où à force de prefens, il attira plufieurs perfonnes
dans les intérêts de fon maître. Ainfi le pape fe relâcha,
Si accorda au roi d’Angleterre , un délai juf-
qu’à la faint Michel de l’année fuivante. Car ceci fe
paifoit à Noël. Anfelme voïant qu’il n’avoit rien R
efperer du prochain concile , réfolut de retourner a
Lion , mais le pape ne lui voulut pas permettre. Il demeura
donc à Rome, étnnt continuellement avec le
pape qui le venoit voir à fon appartement, 6clui fai-
foit fa cour. Dans toutes les alfemblées, les procef-
fions 8c les cérémonies, il avoit la fécondé place après
le pape : tous i’aimoient 8c l’honoroient, même les
fchifmatiques, & il n’en étoit pas moins humble Sc
moins fournis à tout le monde.
Ives de Chartres avoit appris que le pape Urbain
étoit irrité contre lui , Sc n’en voïoit point d’autre oc-
cafion que la lettre qu’il avoit écrite en 1097. àHugues
archevêque de L ion , au fujet de l’éleétion de A n . 1098.
Daïmberc à l’archevêché de Sens. Il écrivit donc au
pape qu’aïant relu cette lettre, loin d’y trouver.nen
concre l’églife Romaine , il y trouvoit plufieurs cho- s"t- " 4*'
fes pour elle. Car , dit-il , je n’ai eu autre intention.
que de remedier aux murmures que j ’entens tous les
jours, en vous faifant avertir par cet archevêque , à
qui vous confiez vos deiTeins , de pefer tellement vos
décrets avec vos légats , que l’églife n’en fût point fur-
chargée : que celui qui les auroit tranfgreifez, fût puni
: de forte que les autres fe corrigeaffent par fon
exemple, 8c que votre réputation demeurât entiere.
Voila ce qui juirifie la lettre. Mais l'archevêque y
aïant trouvé quelques paroles qui n’étoient pas â fon
gré , principalement touchant laprimatie de Lion , a
Voulu vous faire entrer dans fa paifion, fans avoir
égard â mes intentions. Permettez de dire ce qu’on
penfe. Je ne crois pas qu’il y âit perfonne au deçà
des monts , qui ait fouffert autant d’affronts 8c d’inju-
irice que m o i, pour vous avoir été fidele, 6c avoir
foûtenu vos ordres.
Mais puifque ces paroles vous ont irrité, ce n’eit
pas a moi à contefter avec vous ; 6c j ’aime mieux renoncer
à l’épifeopat, que de foûtenir votre indignation
jufte ou injufte. Si cette fatisfaëlion vous plaît,
recevez-la : Si vous en voulez plus, ajoûtez-y. Je ferai
, peut-être , plus utile à l’églife par mon exemple ,
étant particulier, que je ne fuis par ma parole , étant
évêque. Il y a fept ans paifez que je cu lt iv e , félon,
mon pouvoir, la vigne qui m’a été confiée, fans y
trouver de fruit : mettez-moi en liberté la huitième
année. Si je ne le fais par votre permiifion, il faudra
O o o o iij
H