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An. 1080. labre 8c de Sicile, le pape entraen conférence avec lui,
vm.efiji.T avec Jourdain prince de Capoüe 6c les autres principaux
feigneurs Normans qu’il avoit fi fouvent excommuniez
; Sc il les reçut en grâce moïennant la promeiTe
qu’ils lui firent de leurs fecours. Nous avons les aétes
ijù. ’ ’ faits avec le duc Rob e r t, par où l’on peut juger des
autres. Le premier eft le ferment de fidélité à l’églife
Romaine Sc au pape Grégoire , avec promeiTe de la
défendre contre tous, Sc de procurer quand le cas ar-
riveroit, Téleùtion canonique des papes Tes TucceiTeurs.
La date eft du vingt-neuvième de Juin 1080. jour de
faint Pierre. Enfuite eft Pinveftiture que le pape Grégoire
lui donne de la terre qui lui avoit été accordée
par les papes Nicolas 8c Alexandre : biffant en fur-
léance ce qui regardoit Salerne, Amalfi Sc une partie
delà marche de Fermo, que Robert poftedoit injufte-
ment, à ce que prétendoit le pape. Cet article fait
voir combien il étoit prefle de s’accorder avec Robert.
Le troifiéme aéf.e eft la conftitution de douze deniers
de cens, que Robert promet au pape pour chaque paire
de boeufs de Ton domaine, païables à Pâques tous
les ans.
Mais quand le pape eût appris ce qui s’étoit paifé en
»ni. tpif. Allemagne Sc Téleétion de l’antipape, il envoïa des
légats en Poüille Sc en Calabre, avec une lettre aux
évêques de ces provinces ,o ù il parle ainfi del’entre-
prife des fchifmatiques : Ils ie font efforcez de renou-
veller leur ancienne confpiration , 8c d’établir fur eux
fiour antechrift Sc pour herefiarque un homme facri-
ege , parjure à l’églife romaine , Sc noté pour fes crimes
abominables par tout le monde chrétien, fçavoir
Guibert, qui a ravagé l’églife de Ravenne. Cette
affemblée de fatan a été compofée de gens dont la A n . i o 8 o .
vie eft déteftable 8c l’ordination heretique ; 8c ce qui
les a pouilez à cette fureur, c’eft le defelpoir d’obtenir
de nous par prières ou par promefles le pardon de leurs
crimes, fans fe foumettre à un jugement ecclefiafti-
que. Nous les méprifons d’autant plus, qu’ils croient
être montez plus haut, 8c nous efperons voir leur ruine
prochaine 8c la tranquillité de l'égliie qui les aura
vaincus Sc confondus. La lettre eft du vingt-uniéme
de Juillet 1080.
Peu de jours après il écrivit aux mêmes évêques
au fujet de Michel empereur de C. P. dépofé deux ans
auparavant, que Ton diioit être arrivé en Italie. Les 2nna!cfmm
auteurs Grecs d ifen t, que c’étoic une impofture, Sc lii-!•?•**•
que ce prétendu empereur étoit un moine nommé
Reétor; Sc Thiftorien des princes Normans convient,
, . ] / ■ « » > , / • i> . . • It&iijv t Maint, qu il etoit au moins douteux li c etoit 1 empereur Mi- ub. }.n.
ch e l, mais que Robert Guifchard le crut ou feignit
de le croire,pour avoir un prétexte de faire la guerre
à Tempereur Alexis. Le pape exhorte donc les évêques
à encourager les troupes qui doivent paiTer en Grece à
cette occafion, & leur donne pouvoir de les abfoudre
de leurs péchez.
il efperoit d’ailleurs, avec le fecours des Normans
Sc des feigneurs de Tofcane vaflaux de la princeife
Mathilde, aller attaquer Guibert jufques dans Ravenne.
C ’eft ce qui paroît par une letrre adreiTée à
tous les fideles de faint Pierre, où il dit : Après le premier
de Septembre, quand le tems commencera à fe
rafraichir, voulant délivrer l’églife de Ravenne de la
main des impies, nous irons, Dieu aidant , en ces
quartiers-là à main armée. C ’eft pourquoi nous vous
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