
fftfo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. 109 j . nera à perfonne cet archevêché après m o i, finon , tel
que je l’aurai au jour de ma more » &, que s’il vient
un autre roi de mon v iv a n t , il ne me donnera que
ce donc il me trouvera en poiTeiTion. Ainfi l’églife perdra
ces rerres par ma faute ; parce que le roi en étant
l’avoué ôc moi le gardien , on ne pourra revenir contre
ce que nous aurons fait. J’aime donc mieux ne
ftoint pofleder les terres de l’églile à ce p r ix , & faire
es fondions d’évêque , vivant dans la pauvreté comme
les apôtres, en témoignage de la violence que
je foufîre, que de caufer à mon églife une diminution
irréparable. J’ai encore une autre penfée. Si étant
facré archevêque je pafle toute la première année fans
aller trouver le pape , ni demander le pallium, je mérité
d'être privé de ma dignité. Que fi je ne puis m’a-
dreiTerau pape fans perdre l’archevêché-, il vaut mieux
que l’on me l’ôte par violence , ou plutôt que j ’y renonce
, que de renoncer au pape. C ’eft ce que je veux
fa ire , fi vous ne me mandez des raifons pour m’en détourner.
Le roi Guillaume le Roux fit Ion voïage en N o r mandie
, & revint en Angleterre, fans avoir rien fait.
Alors Anfelme vint le trouver & lui d it, qu’il avoit
deflein d’aller demander au pape fon pallium. A
quel pape? dit le roi. Au pape Urb ain, répondit
Anfelme. Le roi dit : Je ne l’ai pas encore reconnu
pour pape : nous n’avons pas accoutumé , mon pere
& m o i, de fouffrir qu’on reconnoilfe un pape en A n gleterre
fans nôtre permiflion ; & quiconque voudrait
m’ôter ce d ro it, c’elt comme s’il vouloir m’ô-
ter ma couronne. Anfelme fort furpris,reprefentaqu’ait.
«• 9. vant que de confentir à fon éleôtion à Rocheftre , il
L i v r e S o i x a n t e - - Q u a t r u ’ m e . 6 0 1 --------------
dit au ro i, qu’étant abbé du Bec, il avoir reconnu le An 1095.
pape Urbain , & qu’il fle fe retirerait jamais de fon
obédience. Alors le roi pratefta avec emportement,
qu’il ne lui étoit point fidele, s’il demeuroit contre fa
volonté dans l’obédience du pape. Anfelme demanda
un délai pour alfembler les évêques & les;feigneurs,
& par leur avis décider cette queftion : S’il pouvoir
garder la fidélité au ro i, fans préjudice de l’obéilfance
aufaint fiege. Car, d it- il, fi on prouve que je ne puis
garder l’un & l’autre, j ’aime mieux fortir de vôtre
roïaume jufques à ce que vous reconnoiifiez lepap e ,
que de renoncer un moment à fon obéifiance, Le roi
ordonna une alfemblée à Rochingham pour le dimanche
onzième de Mars 1095-.
A.ce jour le roi confulta de fon côté, & l’archevêque Aflimbi’écck
du fien parla aux évêques en préfence d’une grande
multitude de clercs &c de laïques, il leur reptefenta
comme ils l’avoient contraint à accepter l’épifcopat; &c
qu’il n’y avoit çonfenti qu’à cette condition exprelfe,
de demeurer dans l’obéiflance du pape Urbain, il conclut
en demandant aux évêques leur confe.il, pour ne
manquer à ce qu’il devoit ni au pape ni au roi. Us s’ex-
cuferent de lui donner confeil, d ifan t, qu’il étoit affez
fage pour le prendre de lui-même x &ç fe chargèrent
feulement de rapporter fon difcours au roi. Anfelme
leur cita les pairages de l’évangile fur l’autorité de faint
Pierre & des autres apôtres, & fur l’obéilfance due aux
princes ; &c conclut a in fi: Voila à. quoi je m’en veux
tenir : en ce qui regarde^Dieu , je rendrai obéiflance
au vicaire de faint Pierre, & eu ce qui regarde la dignité
temporelle du roi mon feigneur, je lui donnerai
fidellemenc aide & confeil félon ma capacité.