
A n i o 6 n a^ eres> fi en trou v a les bâtimens trop grands & trop
beaux ; & aïant appelle R o d o lp h e q u i en é to it a b b é , il
lui d it d ’un v ifa g e très-ferein : V o u s a v e z ici bâti des
palais à v ô tre gré , & y a v e z em p lo ie des fommes
qui au ra ien t fe rv i à fou lage r un grand n ombre de
pauvres. Puis fe tou rnant vers un pe tit ruiifeau qui
c o u lo it a u p r è s , il d i t : D ieu t o u t - p u i i f a n t , v an gez -
m o i prom p tem en t par ce ruiifeau de cet énorme éd ifice.
I l s’en a l la , & au ffi-tô t le ruiiTeau com m en ça a
s e n f le r , & tom b an t de la m on ta gn e a v e c im p e tu o fi-
t e , il entraîna des roches & des arbres q u i ruinèrent
», le b âtiment de fo n d en c om b le . L ’abbé ép o u v an té
v o u lo i t changer le monaftere de pla ce ; mais le fa in t
h om m e l ’en empêcha , & l ’aflura que ce ruiifeau ne
leur fe r a it plus de m a l , ce qui arriva. U n e autre fo is
a ian t a p p r is , que dans u n de fes monafteres on a vo it
reçû un h omme qui y a v o it donné to u t fo n bien au
préjudice de fes héritiers ; il y alla a u f f i - t ô t , & d e mand
a à l ’abb é l’aéte de la d o n a t io n . L ’aïan t pris il
le m it en pièces , & dit a v e c beaucoup d ’ém o tio n r
D ie u to u t -p u i i fa n t , & vous fa int Pierre pr inc e des
a p ô t r e s , v an g e z -m o i de ce monaftere. A u f f i - tô t il fe
retira en colere. I l n ’é to it pas lo in quand le feu p r it
au monaftere , & en brûla la plus grande partie : mais
le faint h om m e ne daigna pas même le retourner
pour le regarder. O n raconte de lui plufieurs autres
miracles ; mais c e u x - c i m ’o n t paru les plus édifians.
' i6- U n clerc qui é to it fo r t riche v e n d it to u t io n b ie n , &
apporta au fa int abb é une grande partie de l’a rgent -T
mais il lui d i. : T a n t que vou s en gardere z un d en ie r ,
vous ne p o u v e z être de mes amis. L e c le rc diftribua
tou t aux pauvres & r e v in t trou v e r l’a b b é , qui le reçu t.
L i v r e s o i x a n t e-u n i e me . 133
Comme il étoit à' VaUombreufe, le pape Eftiennc A n E&jÉ|
IX . paffant là auprès, l’envoïa prier de le venir trou- ’ 10 3‘
ver. J e a n q u i étoit confiderablement malade s’en ex- i-+î"
cufa ; & le pape renvoïa lui dire , que s’il ne pouvoit
venir autrement, il fe fît apporter fur fon lit. Le faint
homme entra dans l’églife, & pria Dieu de lui donner
quelque expédient pour éviter fans fcaridale d’aller
trouver le pape. Comme il fe faifoit porter fur fon
l it , il vint un grand orage de vent &c de pluie. Ce
que voïant les envôïez du pape, ils le firent retourner
au monaftere, & le pape l’aïant appris, dit : C ’eft
un fa in t, je ne veux plus qu’il vienne, qu’il dçmeure
dans fon monaftere -, & qu’il prie Dieu pour moi &
pour l’églife. L’archidiacre Hildebrand voulant un
jour lui faire des reproches, oublia ce qu’il avoit préparé
pour lui dire ; & depuis ce jour ils furent amis
intimes. Tel étoit faint Jean Gualbert fondateur de la
congrégation de VaUombreufe, qui fubfifte encore en
Italie.
Ses difciples allèrent donc à Rome accufer Pierre I
. f - « « . T Concile de Ro- eveque de Florence , dans le concile qui s y tint en me. |
1063. par le pape Alexandre II. & plus de cent évê- »»■ s- eme. p.
r 1/ i V 1, / \ 117j.
ques. Les moines y denoncerent publiquement le v e - GuM
que comme fimoniaque & heretique , déclarant qu’ils c.6z.
étoient prêts à entrer dans un feu pour le prouver :
mais le pape ne voulut ni dépofer l’évêque , ni accorder
aux moines l’épreuve du feu. Car la plus grande
partie des évêques favorifoit celui de Florence : mais
l’archidiacre Hildebrand prenoit le parti des moines.
Ce fut peut-être à cette occafion que le pape A ie -
xandre fit une conftitution adreffée au cierge & au juxtà.
peuple de Florence, où il dit : Suivant le concile de
R iij